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Le Marsupilami : Sur la piste d’Alain Chabat

Publié le 09 avril 2012 par Wtfru @romain_wtfru

Le Marsupilami : Sur la piste d’Alain Chabat

Réalisé par Alain Chabat
Écrit par Alain Chabat et Jeremy Doner
Avec Alain Chabat, Jamel Debbouze, Fred Testot, Lambert Wilson, Géraldine Nakache, …
1h45

Résumé :
Dan Geraldo est une journaliste sur la pente descendante. La direction de sa chaîne lui donne une dernière chance pour sauver son émission : repartir en Palombie sur les traces des payas comme il l’avait fait jadis pour son premier reportage. Accompagné par un petit guide débrouillard, Pablito Camaron, il va faire de son mieux pour sauver les meubles, mais leur chemin va être semé d’embuches…


Avis :

The King of Comedy is back !
Bien sûr, puisque nous parlons d’un réalisateur français, il faudrait plutôt dire « Roi de la comédie », mais ça tout le monde l’aura compris !
En tout cas, tel devrait être le surnom d’Alain Chabat tant il apparait que l’artiste ne semble pas avoir d’équivalent dans la comédie française à l’heure actuelle.
Outre ses propres réalisations, presque toutes cultissimes (Didier, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, et RRRrrrr !!!!), le talent de l’ancien Nuls aura été de se poser en pape de l’humour français, et ce dès le début des années 2000.

Il aura été de tous les bons coups fréquentant tour à tour la troupe des Robins des bois (il a réalisé RRRrrrr !!!!, il joue dans Papa, et dans Casablanca Driver), Laurent Baffie (Les clefs de bagnole), Kad et Olivier (Mais qui a tué Pamela Rose ?), Gad Elmaleh (Chouchou), Jamel (Astérix, et quelques apparitions au Jamel Comedy Club), Nicolas et Bruno (La personne aux deux personnes).
Il est même allé jusqu’à voler la vedette à Ben Stiller dans le gentillet La nuit au musée 2, où il tenait le rôle de Napoléon.

Bref, vous l’aurez compris, Alain Chabat, c’est un gage d’humour de qualité made in France, un trublion au CV long comme les bras de Kareem Abdul-Jabbar, un entertainer comme il en existe peu dans l’hexagone.
Et donc forcément, quand il revient derrière la caméra après 8 ans d’absence (Fuzati-Chabat, même combat ?), on a forcément hâte d’y être !

Le Marsupilami est un sujet qui semble lui tenir particulièrement à cœur. Il le trainait avec lui depuis plus de 10 ans sans que jamais il ne puisse voir le jour, mais, grâce à l’évolution constante des techniques d’animation, son rêve a enfin pu devenir réalité.
Mais cette fois-ci, en bon producteur, il ne veut pas reproduire la même erreur que pour Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (qu’il avait d’ailleurs décroché en venant proposer un film sur le Marsupilami à Claude Berri, détenteur des droits des aventures du petit gaulois).

En effet, si ce film est devenu culte en France, il n’en fut pas vraiment de même à l’étranger où l’humour référencé et les nombreux jeux de mots qui y foisonnaient s’avéraient au final intraduisibles pour les pays non francophones (c’est d’ailleurs pourquoi les grands comiques américains ne font pas primer le verbal dans leurs comédies).

Son Marsupilami prend donc bien soin à ne pas gâcher le potentiel d’exportation de son sujet. Le film lorgne clairement (et volontairement) vers un public ciblé (un public très jeune, très familial) et préfère utiliser un comique de situations, un comique burlesque (presque grotesque) plutôt que les joutes et les délires verbaux qui nous régalaient dans son adaptation de Goscinny et Uderzo.
C’est d’ailleurs en cela que son film est un peu décevant, et donc forcément un peu gâché.
A trop vouloir viser le grand public, le consensus familial, il perd une partie des spectateurs et tombe dans le divertissement le plus classique.

Certes son film dispose de moments véritablement drôles, mais la véritable question est de savoir si ce sont ces moments qui font l’unanimité…
Prenons un exemple clair : cette scène dont tout le monde a entendu parler (par la bande-annonce, via les interviews, …) où un chihuahua vient forniquer avec l’oreille du pauvre Pablito.
Qu’on soit choqué ou pas, là n’est pas la question. Le véritable problème est de se demander si c’est cette scène (plutôt mal faite, il faut l’avouer) qui est véritablement drôle, ou bien si ce n’est pas plutôt celle qui suit où Dan Geraldo tente vainement de réconforter par la parole son pauvre compagnon (moment d’ailleurs assez proche d’une scène de La personne aux deux personnes : les aficionados l’auront remarqué).
Cette scène est symptomatique de la scission qui peut se faire entre deux parties du public.

En dehors de cela, reconnaissons tout de même à Alain Chabat son véritable talent pour filmer la nature. Plus que de talent, on pourrait même parler de plaisir tant le bonheur du réalisateur semble contagieux.
C’est en cela que son film est d’ailleurs sauvé : grâce à son atmosphère sympathique, relaxante, et surtout grâce à l’ambiance bonne enfant qui est ici relayée par des comédiens chaleureux et inspirés (dommage que Géraldine Nakache soit un peu effacée à mesure que le film avance).

Enfin, soyons honnêtes encore une fois : si le film est sauvé, c’est aussi grâce à une scène gargantuesque qui, n’en doutons pas, prendra sa place dans l’anthologie des comédies françaises, et qui relève à elle seule tout le reste du film.
Loin l’idée de vous en dévoiler le contenu (cela gâcherait la surprise), mais sachez juste que ce morceau de bravoure de Lambert Wilson se situe dans la dernière demi-heure du film, et qu’elle vous laissera, j’en suis sûr, au bord des larmes !

Grâce à un tel moment de non-sens et d’humour décalé, et à quelques dialogues assez bien vus, Chabat parvient donc à conserver son titre de « Pape de l’humour français », ou plutôt d’entertainer en chef du cinéma hexagonal.
Son Marsupilami a beau être assez éloigné de ses œuvres habituelles, il n’en demeure pas moins un excellent divertissement qui, s’il risque de décevoir certains inconditionnels, possède au moins le mérite de montrer une ambition rare (d’un point de vue technique en tout cas) dans le cinéma français et dans la comédie plus particulièrement.



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