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Usine Eiffage : Henri Plagnol à la manoeuvre pour la récupération politique…

Publié le 10 avril 2012 par Jflehelloco

Oui, en 2010, comme presque toujours face aux demandes d’implantations polluantes sur le Port Autonome de Bonneuil, la ville de Saint-Maur, sur un rapport présenté par Catherine Juan a donné un avis défavorable à la demande d’autorisation.

Comme nous avons déjà pu le voir, la voix de Saint-Maur n’a malheureusement pas été entendue dans ce dossier et, malgré ce vote des élus de Saint-Maur, le Préfet a donné l’accord à Eiffage d’exploiter cette usine le 27 juin 2011.

Quelques mois plus tard, le 4 Octobre le maire, Henri Plagnol, adressait un simple courrier au Préfet et au directeur du Port de Paris souhaitant (et non exigeant) que soit réalisée une « étude globale sur l’ensemble des effets cumulés des activités du secteur portuaire élargi, notamment concernant les impacts sur l’environnementet la santé humaine des rejets de poussières et dans l’atmosphère et d’effluents en Marne. » Un rendez-vous était également demandé au directeur du Port de Bonneuil.

Le 6 Octobre 2011, Sylvain Berrios a présenté une nouvelle délibération qui prenait acte du fait que les attentes de la ville n’étaient pas respectées et surtout autorisait le Maire à « entamer toutes les démarches utiles pour obtenir satisfaction ». On aurait donc pu s’attendre à une action suite à ce vote… mais juste les courriers du 4 octobre sont partis. Un geste qui relève plus du symbole et permet surtout une communication aux habitants pour dire qu’on avait fait une action (comme cela a été rappelé dans un Saint-Maur info de novembre 2011).

Suite à ces courriers, en février 2012, visiblement satisfait de la réponse pourtant plus administrative qu’une marque d’écoute si j’en crois ceux qui ont pu la lire, le maire annoncait dans le Saint-Maur Infos que « le port autonome de Bonneuil répond aux inquiétudes de la ville ».  La réponse écrite (qui n’a jamais été communiquée par la ville) datée du 12 décembre précise seulement qu’en 2012 (sans dire quand exactement) des « audits annuels environnementaux » seront réalisés et un comité local d’information portuaire ouvert aux collectivités et aux associations de riverains sera créé. Des campagnes  d’évaluation de la qualité de l’air et des nuisances sonores seront régulièrement conduites (il n’est pas précisé si ce ne sont pas simplement les campagnes prévues dans le cadre de l’usine Eiffage dont il est question…). Mais, malgré cela, l’article se termine par « La ville se félicite de cette approche et entend poursuivre le dialogue avec Ports de Paris sur ce dossier afin de préserver le bien-être et la santé des habitants notamment à la Pie et aux Corneilles. La Ville restera vigilante pour mesurer la réalité des actions engagées. »

Donc en février 2012, la Ville était heureuse, des analyses seraient faites (pas de notion d’avant ou après l’usine Eiffage, ni même de mention de l’usine du tout). Dormez bien, le maire « veille ». Un mélange du marchand de sable qui nous endort et du lapin d’Alice au Pays des merveilles qui est toujours en retard d’un combat et qui nous fait croire qu’il avait tout prévu… Pourtant, on voit dans cette affaire que le « poids du député-maire de Saint-Maur » comme aime à le rappeler Henri Plagnol n’a pas pesé bien lourd car Eiffage a son arrêté, l’usine est construite et la ville n’a rien de plus que ce qui est prévu dans l’arrêté et en plus doit se contenter d’une réponse évasive du port de Paris ne citant aucune date pour les actions d’analyse et aucun dispositif devant vraiment nous rassurer AVANT la mise en service de l’usine.

Au même moment, en février, le collectif T’Air-Eau lançait sa pétition… 500 signatures en une semaine ! Sur ce blog, interrogé par un commentaire, j’ai étudié un peu plus en détails cette usine et ses dangers potentiels et j’en ai fait un article qui incitait à la signature de la pétition. Catherine Juan a fait également un article sur son blog (lire l’article) le lendemain et a signé la pétition du collectif. Elle a également prévenu le maire de la situation et que des habitants étaient inquiets… Et là, celui qui n’avait pas senti l’importance du dossier a tout de même réveillé l’animal politique qui sommeille toujours en lui… Un réveil paresseux au départ mais qui prend de l’ampleur avec le temps…

Première étape : dans le Saint-Maur infos de mars, « un point sur le port autonome de Bonneuil » où la ville est désormais « en partie entendue » et « maintient sa position critique à l’égard de l’installation de cette nouvelle usine et exige des garanties sur les activités de la société Eiffage » et la tribune des élus est confiée à Catherine Juan pour parler … du port autonome de Bonneuil… et là « la ville continuera de faire pression pour protéger les habitants des conséquences éventuelles des activités industrielles du Port autonome et surveiller l’activité de l’usine Eiffage ». Surveiller l’activité c’est à dire la laisser fonctionner et rester vigilants, on est encore loin de la démarche actuelle de contester sa mise en service avant analyses et de demander des garanties en amont.

Un vrai changement de communication sur le sujet en un mois. Mois pendant lequel le dossier administratif n’a pourtant pas bougé (il  n’a d’ailleurs toujours pas bougé à ce jour) donc pas de raison d’être plus inquiet qu’en février… la seule donnée diférente c’est le collectif  qui a fait sa pétition et au 21 février il y avait 1500 signatures dont près de 200 Saint-Mauriens… et le 4 mars… 631 Saint-Mauriens sur les 2160 signatures… et les chiffres n’ont cessé de monter… 

Seconde étape : récupérer l’action du collectif. Le mouvement lancé par T’Air Eau ne faiblit pas, le sous-préfet accepte donc de les recevoir en audience. Le collectif, souhaitant une démarche complémentaire avec les communes, accepte la présence d’élus de Saint-Maur qui vont profiter de l’action du collectif pour rencontrer le sous-préfet mais qui vont aussi apporter leur expérience au collectif. J’ai eu l’occasion de faire un article sur cette rencontre (lire l’article). Et sur place pas de problème particulier, nous étions tous en phase sur le besoin d’agir en synergie. Le sujet de l’usine s’est également invité dans les réunions de quartier et dans les réunions organisées en mairie, grâce à l’action du collectif il faut le reconnaitre. Les habitants qui se mobilisent c’est une bonne chose. Mais pour le candidat à la prochaine législative il faut essayer de récupérer des voix de ce mouvement et donc utiliser la force de communication de la ville pour étouffer le collectif et mettre en avant le candidat !

Dans les réunions le discours est désormais rodé : Henri Plagnol, qui n’avais jamais évoqué directement le sujet de l’usine, se présente désormais comme celui ayant toujours été à la pointe des combats écologistes. Il explique qu’il se bat bec et ongles pour éviter les méfaits de cette usine… On distribue la copie des deux délibérations et des courriers et les copies des articles du Saint-Maur infos. Curieusement pas les copies des réponses à ces courriers et surtout, on évite de mettre en avant le collectif pour essayer de faire croire qu’ils n’ont pas eu de résultats. Même sur le site de la ville et dans la communication, on « oublie » de préciser que la réunion avec le Sous-Préfet est à l’origine celle du collectif. On parle uniquement de deux élus présents (ou plutôt qui ont rencontré le préfet sans dire à quelle occasion) en oubliant au passage ma présence… Sur ce point j’avoue que c’est plutot drôle de voir comment avec des photos prises dans le bon angle et bien coupées, par des phrases bien tournées, on arrive à me faire disparaitre. Heureusement que ces élus sont des amis et que notre message était en phase donc je suis toujours content qu’ils aient pu être là, même si le collectif est très fâché et déçu de cette récupération politique qui s’opère au niveau de la ville. Et pour que les réunions de quartier servent bien la nouvelle communication on ajoute désormais des affiches chez les commerçants et partout dans la Varenne et les Mûriers avec le sujet Eiffage inscrit sur les affiches… chose qui n’avait jamais été faite pour des réunions de quartier…

Troisième étape : on passe la vitesse supérieure car c’est le dernier conseil municipal avant les élections législatives avec un nouveau vote pour réaffirmer les mêmes choses que dans celui de 2010… mais avec ainsi un nouvel article dans le prochain Saint-Maur infos et aussi une pétition ! Et tout cela avec un maire-député candidat qui explique qu’il ne peut pas utiliser les mêmes méthodes qu’un collectif (d’ailleurs le mot pétition a été remplacé par « donnez votre avis » (nuance importante n’est ce pas ?) sur le site de la ville et certainement dans le futur Saint-Maur infos d’avril… Comme d’autres élus, de gauche comme de droite, j’ai rappelé lors du conseil municipal que si le dossier était là où il est désormais c’est grâce au collectif. J’ai également dit que plutot que de faire une pétition « bis » qui n’aura pas les 2000 signataires qu’a actuellement le collectif, car aucune pétition lancé par la ville sur les différents sujets n’a jamais eu autant de retour, il fallait que la ville se concentre sur une action « complémentaire » de celle du collectif. La ville a les moyens d’agir en justice (et un vote en octobre 2011 donnait déjà pouvoir au maire « d’entamer TOUTES les démarches utiles pour obtenir satisfaction »). Donc cessons la politique et la polémique et agissons au niveau judiciaire comme la ville a la capacité légale de le faire et faisons en sorte que cette usine ne soit pas ouverte ou pour le moins qu’elle soit ouverte selon nos conditions de protection de l’environnement et des habitants. Une ville peut travailler en synergie avec un collectif, le poids du collectif est une force. Quel sera le poids d’un maire qui réunit moins de signatures qu’un collectif pour appuyer sa proposition ?

C’est triste de voir qu’un tel sujet est utilisé pour une campagne politique et mettre ainsi en scène un maire qui n’avait tout juste pas pris la mesure du problème. Mais c’est désormais une habitude… On a déjà eu cela pour les avions qui n’ont jamais, malgré la communication municipale qui laissait penser le contraire, arrêté de survoler notre ville avant la date prévue initialement  de fin des travaux de l’aéroport d’Orly, ou également pour la gare du grand Paris qui est exactement comme prévue dans les dossiers initiaux (à saint-Maur Créteil et souterraine comme j’avais eu l’occasion de le dire à l’époque), etc…

Le candidat à sa réélection en tant que député devrait plutot prendre conscience avec ces différents dossiers que son « poids politique  » est bien plus léger qu’il ne veut bien nous l’annoncer régulièrement. Alors oui il est efficace pour négocier des investitures, aller s’approcher d’un candidat puis d’un autre pour finir par en soutenir un troisième dans le but de n’avoir pas d’opposant… Mais là on parle de notre santé, de notre quotidien à nous, habitants de Saint-Maur et des villes environnantes. Nous qui vivons à Saint-Maur au quotidien avons manifestement été oubliés dans tous ces calculs politiques…

Un maire impliqué dans la vie quotidienne de sa ville, ou un député actif impliqué dans le quotidien de sa circonscription, vu l’importance d’un tel dossier, auraient certainement fait un peu plus que 2 courriers…


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