INTERVIEW Rokhaya Diallo: “A Nous La France”…

Un an après la sortie de son premier livre “Racisme, Mode d’Emploi” (Larousse), la chroniqueuse et militante associative Rokhaya Diallo vient de publier “A Nous la France” aux éditions Michel Lafon. Elle nous parle de ce nouvel ouvrage qu’elle qualifie de « point de vue personnel et argumenté sur la France d’aujourd’hui » 
- Un an après la publication de ” Racisme Mode d’Emploi “, tu publies ton 2eme livre… Quels ont été les retours pour le 1er ouvrage ?
Les retours ont été vraiment positifs. J’ai surtout apprécié le fait que de nombreuses de personnes m’ont dit que le livre (Racisme Mode d’Emploi, Larousse) les avait fait réfléchir sur leurs propres convictions. Une certaine remise en question des certitudes qu’ils pouvaient eux-mêmes avoir sur la question du racisme. 
- Quels thèmes abordes-tu dans ce nouveau livre ? Et qu’est ce qui a motivé le choix d’un titre aussi évocateur « A Nous La France » ? 
C’est un livre plus libre, à la différence du premier qui se voulait comme un essai plus philosophique et pédagogique sur la question du racisme. Avec « A Nous La France », je donne un point de vue personnel et argumenté sur la France d’aujourd’hui. Je pars du constat suivant : En 1789, les privilèges ont été abolis, et de 223 ans plus tard, le peuple attend toujours le pouvoir, qui est concentré dans les mains d’une minorité : Des hommes blancs riches âgés de plus de 50 ans ! 
-D’où le choix du titre « A Nous la France »…Qui est très évocateur et d’une certaine manière délibérément provocateur? 
Le titre est en soi un «pied de nez », surtout venant d’une femme jeune et noire de surcroit… mais le « Nous » représente le peuple, tous ceux qui n’ont pas accès au pouvoir. Il s’agit d’un « Nous » Féminin, Jeune, Multicolore et issu des quartiers populaires. 
Le livre aborde par ailleurs la position de la France dans le monde, le pays qui fut une puissance importante est aujourd’hui en perte de vitesse, ce qui devrait nous pousser à avoir de la modestie et se questionner sur la fameuse « identité nationale » ; Surtout lorsqu’on sait que la langue française doit en partie sa survie à la francophonie et aux pays africains, qui participent à perpétuer la langue dans le monde. 
Aussi, le livre parle de l’absence des femmes dans la classe dirigeante, la France est aujourd’hui en 67ème position sur la question de la parité, après des pays comme l’Angola, le Blangladesh, l’Irak et loin derrière le Rwanda qui est le mieux classé au monde. 
Enfin, l’ouvrage propose un gros comparatif de la France avec le modèle Américain, la réussite du multiculturalisme des Etats-Unis, même si tout n’y est pas parfait ! 
- Nombreux sont ceux qui dénoncent un contexte électoral marqué par des propos stigmatisants notamment à l’égard des musulmans de France, des discours xénophobes voire clairement racistes. Quelle est ton analyse de la situation?
Je dirais que ce qui se passe est l’aboutissement d’un processus qui ne date pas d’aujourd’hui, les discours racistes ne sont pas tombés du ciel, il y avait déjà matière à s’alarmer il y a quelques années. Nous nous trouvons dans un contexte de crise propice à la stigmatisation où il faut désigner des coupables, responsables de tous les maux du monde. Nous avons atteint un niveau très explicite mais l’insinuation de ce discours agressif a été initié, il y a plusieurs années. 
Rokhaya Diallo ” A Nous La France”; Editions Michel Lafon
© Image: Brigitte Sombié/Voltajazz