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Nicolas Sarkozy, candidat à sa propre succession pour l'UMP.

Publié le 12 avril 2012 par Vindex @BloggActualite
Nicolas Sarkozy, candidat à sa propre succession pour l'UMP.-Nicolas Sarkozy en meeting à Nancy-

Il n'est plus nécessaire de présenter le candidat de la droite parlementaire pour ces prochaines élections présidentielles : Nicolas Sarkozy, le candidat sortant à la Présidence de la République, a déjà été élu en 2007 à la plus haute fonction, après un second tour remporté face à la candidate socialiste de l'époque, Ségolène Royal. La particularité de ce candidat réside donc en premier lieu de sa posture politique actuelle : étant actuellement encore en poste, il lui revient, outre de faire des propositions, de défendre le bilan de son action durant les 5 dernières années, loin d'avoir répondu en tout point aux attentes des français et même de ses électeurs. Il va sans dire que sa légitimité à réformer en profondeur la politique dans son ensemble (régime institutionnel, système économique, …) est quelque peu affectée.

Les grandes réformes et actions de son mandat


Les deux premières années de son mandat furent relativement actives sur le plan des réformes. Le candidat de la « rupture » a engagé des Lois relativement nombreuses la plupart du temps dans l'application de son programme de campagne.On peut noter en vrac la Loi relative aux libertés et responsabilités des universités (leur conférant une marge de manœuvre plus importante en terme d'action et d'organisation interne) celle de la carte judiciaire (supprimant un certain nombre de tribunaux en France), celle sur les peines-planchers applicables aux récidivistes, la Loi TEPA (réformant la fiscalité des heures supplémentaires et des droits de successions), la Révision Générale des Politiques Publiques (dont la finalité est la réduction des dépenses publiques et l'amélioration de l'action publique), la réforme constitutionnelle de 2008 (dont les grands axes sont développés ici) la baisse de la TVA sur le restauration, la suppression de la taxe professionnelle (voir ici) le plan de relance économique de fin 2008 destiné à lutter contre la crise économique, le remplacement du RMI par le RSA, les Lois Grenelles I et II sur la protection de l'environnement.Au niveau international, doivent nécessairement être évoqués le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN, l'adoption par le Parlement du Traité de Lisbonne relatif à l'Union Européenne, ainsi que l'intervention militaire en Libye. Le Président encore en exercice a donc assez largement agit durant ces 5 années, force est de le constater.

Quelques résultats


Le bilan global de l'action de Nicolas Sarkozy reste cependant à tout le moins en demi-teinte.Et l'on ne peut pas décemment penser que la seule crise économique actuelle (qui est d'ailleurs loin d'être terminée) justifie l'ensemble des mauvais résultats constatés (et encore faut-il d'ailleurs s'interroger sur les origines de cette crise, dont les banques commerciales ne sont certainement pas les seules responsables). Au point de vue économique, sans aller dans le détail des chiffres, on peut néanmoins constater que le chômage est en hausse, le PIB en stagnation voire en récession, l'inflation en augmentation, la dette publique s'est considérablement accrue et le déficit public a augmenté d'un point de vue national, et le plan de relance adopté fin 2008 s'est avéré insuffisant pour contrer les premiers effets de la crise économique persistante que nous connaissons. Bien que cette situation se retrouve dans d'autres pays européens, il faut bien reconnaître que les plans de rigueur successivement adoptés et encore à venir seront insuffisants pour résoudre la crise des dettes publiques comme bon nombre de nos articles le démontrent. Le rétablissement de la situation au niveau économique ne se résumera donc pas au non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux (ne prenant d'ailleurs pas en compte les fonctionnaires territoriaux qui sont pourtant très nombreux).

Le programme


Nicolas Sarkozy a récemment proposé 32 mesures qu'il s'engage à mettre en œuvre pour le prochain mandat présidentiel auquel cas il est élu.Il a également adressé une lettre aux français pour présenter son projet.

Économie


Économiquement, Nicolas Sarkozy propose de poursuivre dans l'optique d'une politique relativement rigoriste, visant un amoindrissement des dépenses publiques par des économies budgétaires (estimées à 75 milliards d'€). La logique de la baisse du nombre de fonctionnaires (malgré une promesse de revalorisation de leurs salaires) est donc toujours d'actualité. Cette rigueur se fera aussi aux dépens des collectivités territoriales, qui subiront un gel des dotations étatiques, ainsi que la contribution au budget de l'Union Européenne qui pourrait subir le même sort. Concernant l'organisation administrative de l'État, il s'agit d'un autre levier d'austérité par le biais de la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques, dans l'objectif d'une « bonne gouvernance ») permettant d'économiser semble t-il 6 milliards d'€ entre 2012 et 2016.Certaines hausses d'impôt sont également prévues, bien que le mandat présidentiel ayant déjà eu lieu s'en soit déjà fait le vecteur. Nicolas Sarkozy a aussi fait le souhait de faire voter la règle d'or budgétaire dès l'été 2012, alors que la majorité au Sénat est de gauche et semble compromettre une telle réforme de la constitution. Ce volet économique repose sur des prévisions de croissance de 2% par an. Bien que le but de conservation du triple A est vain, il n'en reste pas moins que cette politique a pour objectif de résoudre le problème de la dette publique et de revenir à un équilibre budgétaire prévu pour 2016 selon le candidat sortant. Il s'agit aussi d'augmenter substantiellement les bas salaires (compris entre 1000 et 1400€ net par mois) de 840€ par an par la prime pour l'emploi. Le Président sortant propose également, en terme de fiscalité, d'élargir les assiettes de certains impôts pour lutter contre l'évasion fiscale (un impôt assis sur la nationalité et un impôt minimal sur les grands groupes reposant sur leur chiffre d'affaire mondial).En matière d'activité économique, le Président propose la création d'une banque des jeunes, sans précision supplémentaire néanmoins, et la reconnaissance d'un « small business act » (permettant de réserver certains aspects des marchés publics aux PME européennes) là encore sans grande précision puisque par certains aspects ce système existe d'ores et déjà.

Institutions Républicaines


Même si Nicolas Sarkozy a déjà initié et fait voter une réforme constitutionnelle durant son premier quinquennat, il lui semble encore nécessaire de procéder à quelques retouches.Il propose ainsi le recours plus fréquent au référendum « pour surmonter les blocages » sans toutefois être précis sur la mesure, et alors même que l'article 11 de la constitution pourrait être mis en œuvre sans trop de soucis. Il souhaite également la baisse du nombre de parlementaires siégeant à l'assemblée nationale et au sénat. Il aspire également à réformer le droit pénal des mineurs, ayant fait l'objet d'un débat il y a quelque mois autour du « code pénal des mineurs ». L'orientation d'une telle réforme irait dans le sens d'une plus grande répression (réparation des actes dès l'âge de 12 ans, augmentation des places en centres éducatifs fermés), pour les majeurs également (suppression des aménagements de peine automatiques, pourtant voté durant le premier mandat de Sarkozy, création de places de prison, interdiction de la libération conditionnelle avant les 2/3 de la peine exécutée).Le candidat de l'UMP veut également instaurer un droit d'appel des victimes dans les cours d'assises, en correctionnelle et lors des remises en liberté. Concernant l'éducation, les propositions sont relativement succinctes : Nicolas Sarkozy propose (tout comme Ségolène Royal l'a fait en 2007) l'augmentation du temps de présence des professeurs au collège, l'accueil des étudiants handicapés amélioré dans les lycées et universités et un « retour aux savoirs fondamentaux » par des politiques d'évaluation et une plus grande autonomie des chefs d'établissements primaires et secondaires (notamment peut-être dans le mode de recrutement des professeurs).Concernant la santé, peu de propositions semblent être faites : on relèvera cependant l'idée de créer un « FBI de lutte contre les fraudes sociales » pour préserver l'aggravation des déficits de la sécurité sociale, ou encore la création de 750 maisons de la Santé pluridisciplinaires.

Europe et politique extérieure


Tout comme en 2007, ressurgit dans le projet de Nicolas Sarkozy la question de l'immigration, qui doit-être réduite de moitié, ce qui serait permis par une plus ferme conditionnalité du regroupement familial (connaissance de la langue française), et un contrôle des frontières plus stricte par l'Union Européenne. Le Président en exercice avait même proposé de revenir sur les accords de Schengen lors de son discours à Villepinte.L'UMP n'en reste pas moins un parti relativement pro-européen : le projet 2012 défend la construction européenne, et propose le principe de réciprocité dans les échanges commerciaux européens, dans une optique de protectionnisme (« l’Europe ne doit autoriser l’accès à ses marchés publics qu’aux entreprises des pays qui, en retour, ouvrent l’accès à leurs propres marchés publics »), par le biais de taxes. Nicolas Sarkozy avaient proposé par ailleurs une taxe carbone européenne, mais les institutions européennes s'y étaient opposées. Il prône également une plus grande intégration économique et politique, pour assurer une véritable gouvernance, par des sommets européens plus réguliers dotés de plus de pouvoirs, et sous le contrôle du parlement européen.Nicolas Sarkozy défend aussi l'idée d'une gouvernance mondiale étendue, proposant par exemple de fusionner le G8 et le G20.

Société et aménagement du territoire


Le candidat à sa propre succession propose un nouveau plan de rénovation urbaine d'un montant de 18 milliards d'€ financé en partie par le biais de partenariats public-privé et répondant à une politique plus globale de la ville, dont les critères d'éligibilité (aux subventions) ne se feraient plus à l'échelle du quartier mais de la ville voire de l'agglomération. Dans l'optique de la création de logements sociaux, le président avait estimé nécessaire la modification à la hausse du coefficient d'occupation des sols pour faciliter la construction.Le candidat UMP s'engage à poursuivre dans la voie du nucléaire en matière énergétique. En matière de société, après avoir été il y a quelques années favorable au droit de vote des étrangers aux élections locales, Nicolas Sarkozy s'est dit opposé à cette mesure proposée par un certain nombre de partis de gauche dont le Parti Socialiste.Il se dit par ailleurs également opposé au mariage gay et à l'adoption d'enfants par les couples homosexuels.

Pour aller plus loin


-D'une promesse l'autre.-Le programme détaillé.-Les 32 propositions.-Le programme chiffré.Rémi Decombe.


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