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François Fillon, vous êtes l’allié des spéculateurs

Publié le 11 avril 2012 par Variae

François Fillon, cher futur-ex-Premier Ministre,

 

François Fillon, vous êtes l’allié des spéculateurs

Vous êtes considéré dans votre famille politique comme un individu sérieux, de ceux dont on dit qu’ils ont la trempe d’un Homme d’Etat. Je me contenterai ici de juger vos actes et vos propos.

Vous avez mardi soir, lors d’un meeting, mis en œuvre devant des soutiens de votre candidat une version post-crise-financière de l’argument des chars russes contre la gauche et François Hollande : « Nous avons réussi à stopper [la] spéculation car nous avons pris les mesures nécessaires [en mettant en place une politique de rigueur] […] Si jamais demain, au lendemain du 6 mai, la France remettait en cause cet engagement, si la France disait ‘non, je prendrai un jour de plus ou je le ferai que s’il y a de la croissance’, à cette minute-là la spéculation contre la monnaie européenne reprendrait de plus belle, sauf qu’il n’y aurait plus personne pour l’empêcher ».

Vous avez, très simplement, posé cette équation qui n’est rien d’autre qu’un chantage, un pistolet financier sur la tempe des électeurs : si les Français exerçant leur liberté de choix démocratique élisent François Hollande, si les Français rompent avec la politique économique de Nicolas Sarkozy, alors l’euro s’effondrera, et la France avec lui.

Vous avez délibérément manié l’arme de la prophétie qui, en matière financière et spéculative, risque toujours d’être auto-réalisatrice. Dire que l’élection de François Hollande entraînera mécaniquement la spéculation, c’est par avance saborder le bateau France que vous vous apprêtez déjà à transmettre en bien triste état à l’opposition ; c’est, déjà, entamer la confiance en la capacité de la France à faire face à la crise. C’est donc jouer sciemment le jeu des spéculateurs.

Est-ce là un acte digne de l’Homme d’Etat que vous passez pour être ?

Est-ce là, surtout, un acte en cohérence avec la position que vous aviez (et le comportement que vous appeliez de vos vœux de la part de l’opposition) dans un lointain passé, il y a … trois mois ?

Souvenez-vous. Alors que la France perdait sa notation « triple A » au sortir de dix ans de pouvoir de la droite, vous refusiez alors à l’opposition tout droit d’inventaire. Que n’avons-nous pas entendu ! Faut-il vous rappeler les propos de Jérôme Chartier, secrétaire général de votre parti : « L’opposition s’est précipitée pour commenter cette information et l’utiliser de manière politicienne et honteuse […]. Il y a une certaine indécence à se réjouir de cette information alors que l’Europe toute entière traverse une crise sans précédent. L’UMP appelle l’opposition à plus de retenue et de responsabilité dans ses commentaires » ? Faut-il vous rappeler vos propre propos, quand en séance à l’Assemblée Nationale, vous appeliez la gauche à ne pas « se jeter avec gourmandise » sur la crise, quand vous marteliez : « Notre pays a [...] besoin d’unité nationale. Nous ne demandons pas à l’opposition d’approuver nos choix et notre bilan, nous lui demandons simplement de ne pas aggraver les difficultés de notre pays » ?

Vous feriez bien, Monsieur Fillon, cher futur-ex-Premier Ministre, de recouvrer votre sang-froid, vos esprits, et de vous appliquer à vous-même vos appels à l’unité nationale. Persister dans le chantage et le sabotage nous apprendra deux choses de vous : que vous êtes l’homme d’un parti, plutôt que de votre pays ; et que vous êtes devenu, concrètement, l’allié objectif des spéculateurs.

Romain Pigenel


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