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La reprise ?

Publié le 13 avril 2012 par Toulouseweb
La reprise ?Une interrogation, et non pas une affirmation…
C’est un éternel recommencement. Une succession de hauts et de bas, erratique, la plupart du temps incompréhensible dans la mesure où les fluctuations du transport aérien semblent échapper à la logique la plus élémentaire, déroutent économistes et analystes, varient dans des proportions très marquées d’une région du monde à l’autre. Même sans tsunami, incidents nucléaires ou cendres volcaniques.
Dernier exemple en date : les statistiques de trafic de l’IATA. Examinées hors contexte, ce qui est évidemment tout à fait théorique, elles pourraient donner l’image d’un transport aérien en bonne forme, qui bénéficie d’une croissance soutenue, qui plus est solide par rapport aux chiffres du début 2011. Tout au plus note-t-on un coefficient moyen d’occupation des avions un peu faible, 75,3% environ, à peine 74,4% sur les lignes internationales. Compte tenu de la médiocrité des recettes unitaires, de tels niveaux ne permettent évidemment pas une rentabilité acceptable.
En revanche, la profession constate avec satisfaction qu’en février, le trafic passagers a progressé de 8,6% et le fret de 5,2%. Ce dernier, source de sérieuses inquiétudes au cours de ces derniers mois, serait donc sur le chemin de la reprise. Mais sans doute serait-il prématuré de le dire tout haut… Comme rien n’est simple, il est aussi indispensable de comparer ces chiffres à la situation qui prévalait en janvier : trafic en hausse de 0,4%, recul du fret de 1,2%. De quoi calmer toute velléité d’optimisme prématuré, le contraste, d’un mois à l’autre, étant pour le moins brutal.
L’IATA ne s’y trompe pas. Mais elle rappelle aussi, à juste titre, que comparaison n’est pas raison. Les statistiques de février 2012 sont encourageantes mais ne devraient en aucun cas être comparées à celles du début 2011. A lui seul, le «printemps arabe» avait fortement perturbé le trafic, le carnaval du Brésil organisé en février et le Nouvel An chinois également. S’il fallait démontrer qu’un arrêt sur image ne permet guère de conclusions crédibles, on ne s’y prendrait pas autrement. De plus, l’IATA ne s’intéresse pas à ce qu’il est convenu d’appeler la confiance des ménages mais plutôt à la notion de confiance dans l’avenir telle que considérée par les milieux économiques. Et, une fois de plus, c’est là que le bât blesse, les perspectives étant une fois de plus qualifiées de fragiles.
Tony Tyler, directeur général de l’IATA, qui a rapidement appris à s’exprimer en termes mesurés, ne fait pas dans l’originalité. Il note, en effet, que l’absence de confiance constitue un handicap pour le trafic d’affaires tandis que de solides préoccupations concernent, encore et toujours, le prix du pétrole. D’où des prévisions inquiètes en termes financiers, la marge bénéficiaire devant atteindre cette année 0,5% seulement du chiffre d’affaires. En langage de tous les jours, on l’a compris, cela signifie que, plus ça change, plus c’est la même chose.
Reste à prendre connaissance des résultats régionaux. On vérifie alors que le meilleur taux de croissance pour janvier-février se trouve au Proche-Orient (+ 18,7%), le plus médiocre en Amérique du Nord (+ 2%). En ne retenant que les données de février, la croissance enregistrée au Moyen-Orient atteint 23,4% ! Tout commentaire serait évidemment inutile. L’Europe, pour sa part, se situe dans un juste milieu, avec de grandes disparités et de sérieux soucis de rentabilité. Dans ces conditions, il vaudrait peut-être mieux de ne regarder les statistiques de trafic que deux fois par an. Pour garder la foi dans l’avenir et ne plus risquer d’y perdre son latin.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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