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Amalgame

Publié le 13 avril 2012 par Malesherbes

Lundi 9 avril, Nicolas Sarkozy était le premier candidat invité au Grand Journal de Canal+.  Au cours de cette émission, faisant référence aux suites des massacres de Toulouse et de Montauban, Michel Denisot demande : « Est-ce qu’il n’y a pas un risque de stigmatisation ? » Le président répond alors : « Y’a un risque, y’avait un risque d’amalgame, la France y a renoncé ».

Il est navrant de constater qu’un homme, avec de si lourdes responsabilités, est incapable de maîtriser son expression, et ce alors même qu’il se livre à un exercice dans lequel il mesure combien ses propos seront analysés et en outre devant des questions auxquelles il devait s’attendre et qu’il avait vraisemblablement considérées avec ses conseils. Stigmatiser et amalgamer, cela n’a pas le même sens. Le risque de stigmatisation évoqué par Michel Denisot est le suivant : étant donné que Mohamed Mérah était musulman, l’opprobre de ses crimes est susceptible de flétrir, de stigmatiser tous les musulmans, même s’il n’est nullement prouvé que quelque autre musulman ait participé à la préparation de ces assassinats et surtout alors que l’ensemble de la communauté musulmane de France n’a rien à voir avec ce fanatique.

L’amalgame, c’est autre chose. Cela consiste à réunir au moins deux éléments différents, à partir d’un trait qui leur est commun, pour inférer qu’ils seraient semblables. C’est la défense favorite, sinon la seule, à laquelle nos gouvernants recourent lorsque leurs adversaires mettent en rapport des faits présentant plus que de simples similitudes. Ils s’écrient alors avec candeur « pas d’amalgame ! » L’utilisation de ce mot par notre président démontre à quel point cette notion d’amalgame est ancrée dans l’esprit de la droite puisque son plus illustre représentant la mobilise spontanément alors qu’il serait bien en peine de nous indiquer un amalgame entre quoi et quoi.

Encore plus grave, que signifie ce « la France y a renoncé » ? Voudrait-il dire que la France, c’est-à-dire en l’occurrence les stratèges de la campagne de notre président-candidat, se serait interrogée sur l’intérêt qu’il pourrait y avoir à tenter, avec l’aide de médias amis, voire frères, du président, une campagne visant à renforcer les confusions déjà nourries entre islamistes et musulmans, comme précédemment entre gens du voyage et immigrés ? Bonne nouvelle : la France y a renoncé ! Mais, ne nous réjouissons pas, pas par éthique, pas au nom des principes de notre République. Non, sans doute du fait d’un doute sur l’efficacité de cette manœuvre, parce que l’on a estimé que, plutôt que d’amener à Nicolas Sarkozy des électeurs du Front national, on risquait d’apporter à Marine Le Pen de nouveaux adeptes.

Et c’est ce président, si soucieux de ne pas diviser les Français, qui, ayant changé, vient solliciter nos suffrages avec de telles paroles ? Ne lui donnons pas l’occasion de récidiver !


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