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Jospin et Vilvoorde

Publié le 15 avril 2012 par Malesherbes

Toujours au cours de sa prestation lundi 9 avril au Grand Journal de Canal+, Nicolas Sarkozy a jugé spirituel d’ironiser ainsi : «  Moi, j’avais été marqué par la déclaration de Lionel Jospin, au moment de Vilvoorde, qui avait dit ″on n’y peut rien ″, qui faisait écho à une autre déclaration de François Mitterrand qui disait : ″ le chômage, on n’y peut rien, on a tout essayé ″ et moi je pense que, quand on est Premier ministre ou président de la République, on n’a pas le droit de dire : ″ on n’y peut rien ″ parce que les gens disent : ″si on vous a mis là, c’est pour que vous y puissiez quelque chose ″ ».

Comme à son accoutumée, notre président prend quelque liberté avec la vérité historique. Lionel Jospin n’a jamais dit « on n’y peut rien » et surtout pas au moment de la fermeture de l’usine Renault à Vilvoorde en Belgique. Le 27 février 1997, Renault a annoncé la fermeture prochaine de l’usine de Vilvoorde. C’est Alain Juppé qui était premier ministre. L’État  français détenant alors 44,2% du groupe Renault, ses représentants au Conseil d’administration avaient sans doute été consultés avant la prise de cette décision. Nicolas Sarkozy se fera sans doute un plaisir de nous indiquer quelle avait été alors la position prise de nos représentants, qui assurément y pouvaient quelque chose.

Il est toutefois exact que, pendant les campagnes électorales qui ont suivi, Lionel Jospin avait exprimé son «émotion face à la décision brutale et symbolique de Renault » avant d’indiquer le 29 mai que « les représentants de l’État au conseil d’administration exigeraient que d’autres mesures soient envisagées, étudiées et préparées ». Mais le 6 juin, à Malmö, il déclarait : «  J’ai une sensibilité et une opinion en tant que responsable politique, mais je ne peux pas apporter une réponse à une question industrielle » et le 28 juin la décision de fermeture était prise. L’attitude de Lionel Jospin n’était guère glorieuse. Mais qu’avait donc accompli auparavant sur ce dossier Alain Juppé, aux affaires jusqu’au 2 juin ?  

Quand Nicolas Sarkozy se moque en disant : « je ne serai jamais l’homme d’un nouveau Vilvoorde », il ne se rend assurément pas compte qu’il brocarde aussi Alain Juppé. Mais, par contre, lui, il est bien l’homme de Gandrange.


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