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Pôles magnétiques, Anne Révah

Publié le 15 avril 2012 par Antigone

pôlesmagnétiques"Mais il s'était passé quelque chose entre eux. Clarisse n'avait rien remarqué, rien compris, pas décelé la moindre couleur en elle qui soit un signe. Pourtant il s'était passé quelque chose, et ils ne l'identifiaient pas encore. Léonard l'avait peu regardée. Leurs phrases avaient peu compté, elles avaient habillé ce qui se déroulait, une parure, rien d'autre. Mais il lui avait donné un texte qu'il venait d'écrire. Cet acte-là était d'importance, livrant un indice aussi massif qu'aveuglant [...]."

Clarisse est dans cet avion qui file vers l'Arizona. Et elle cherche, comme toujours lorsqu'elle voyage ainsi, de distraire sa crainte par une conversation avec son voisin de voyage. Leonard est ingénieur, peu bavard mais amical. la jeune-femme le regarde peu, pense seulement l'utiliser comme faire-valoir, et l'oublier dès leur débarquement. Cependant, quelque chose est arrivé entre eux. Il lui laisse un des textes qu'il a rédigé - il écrit depuis toujours - et son numéro de téléphone. Elle le rappelera.
Pourtant, il y a Gabriel et son fils, laissés à Paris, et l'amour fusionnel qu'elle éprouve pour eux. Pourtant, ce n'est pas un voyage romantique. Une cousine éloignée avait décidé de tout léguer à son père à sa mort. la jeune-femme le représente courageusement malgré la chaleur suffocante, vient assister à l'enterrement d'une inconnue et récupérer un chèque.

Je connaissais d'Anne Révah son Manhattan qui m'avait plutôt émue en 2009. J'ai donc été enchantée de découvrir son nouveau roman, sorti cette année chez Arléa.
Je suis tombée ici sous le charme des premiers chapitres, intéressée par la rencontre originale que l'on me proposait. Et j'ai bien aimé aussi suivre le personnage de Clarisse dans la situation particulière dans laquelle elle se trouve soudain, bouleversée dans ses sentiments, victime du décalage horaire, l'hôte d'une famille dont la manière de vivre la désarçonne, un peu à côté de ses pompes, loin de chez elle et perdue sans son téléphone portable. Les retranscriptions des écrits de Léonard - que Clarisse lit par à coups - m'ont cependant semblé bien trop longs, de moindre qualité, et ont coupé le fil de ma lecture. Etaient-ils nécessaires ? Ah mais c'est que j'aurais tellement aimé que l'ensemble soit au niveau des réelles belles fulgurances d'écriture que contient ce roman ! Je reste donc partagée mais c'est un roman à découvrir, bien sûr, si vous avez aimé Manhattan (nous avions été nombreuses à le plébisciter à sa sortie).

"On ne lit pas le texte d'un inconnu rencontré dans un avion sans penser à lui, intensément. Chaque phrase est une forme de rébus, entrainant une succession de divagations, dont certaines recèlent de la douceur, d'autres de l'excitation. Biens sûr, on peut lire en se tenant en retrait, mais une tentation naturelle porte vers des fantaisies qui s'égrènent. Il est probable aussi que le décalage horaire, par la faiblesse et le désarroi qu'il suscite, contribue au cortège des fantaisies."

Editions Arléa - 18€ - 12 avril 2012


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