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Accès aux soins et DEPASSEMENTS DE TARIFS

Publié le 18 avril 2012 par Santelog @santelog

Alertés de toute part, les candidats à l’élection présidentielle se sont prononcés logiquement contre les dépassements de tarifs.

Dont acte. Pour autant, aucun ne propose de méthode précise pour y parvenir.

Dans le même temps, de nombreuses dépêches mentionnent des montants exorbitants de dépassements, les plus scandaleux ayant cours à l’hôpital où ils peuvent atteindre 5 à 6 fois les tarifs remboursés par la sécurité sociale. Cette indécence a conduit des médecins hospitaliers à demander la suppression du secteur privé à l’hôpital.

L’assurance-maladie responsable dans tous les sens du terme de cette situation n’a pas voulu être en reste et annonce des contrôles. Malgré une grande énergie déployée, elle n’a relevé dans ses filets que peu de médecins et des médecins généralistes de surcroît. Des sanctions sont en cours dans les commissions paritaires. Les syndicats médicaux y siègent sans vraiment s’étonner de cette situation.

Au final, il y a peu de risque à parier que tout ce bruit ne changera rien pour les malades et pour l’accès aux soins.

L’assurance-maladie serait cependant bien venue de veiller à faire respecter la loi CMU qui prévoit un accès aux soins et le respect strict des tarifs remboursables. Les malades bénéficiant de la CMU savent par expérience qu’il n’en est rien.

En parallèle, on lit dans le Journal Officiel l’organisation progressive d’une généralisation des dépassements de tarifs pour les actes techniques des médecins spécialistes (l’essentiel des actes réalisés en ville sont des actes techniques) ainsi que l’obligation de rembourser ces dépassements limités par un plafond par les complémentaires. Des spécialités qui n’étaient pas dans le besoin, comme les radiologues, vont se voir octroyer des augmentations conséquentes alors même que le retard des tarifs de la sécurité sociale frappe surtout le secteur chirurgical.

Cette généralisation des dépassements implique une modification profonde de notre système de santé. La part des complémentaires s’accroît considérablement en médecine de ville et elles ne tarderont pas exiger son pilotage. Ce que nous avions évité en juillet dernier par notre action coordonnée revient ainsi en force.

Les patients qui bénéficient d’une complémentaire penseront ne pas être touchés par ces mesures alors qu’ils financent en réalité tout cela par leurs primes d’assurances. Après les déconvenues de la dette grecque, qui seront financées de fait par les primes, les augmentations promettent d’être conséquentes en fin d’année. Nous comprenons mieux dans ce contexte, la proposition de rendre les complémentaires obligatoires et défiscalisées. Réforme idéale pour justifier des augmentations qui sembleront gratuites car défiscalisées et accroître l’emprise des complémentaires sur la médecine de ville.
Les patients qui n’ont pas de complémentaires n’auront bientôt d’autre alternative que de renoncer aux soins (quand ce n’est déjà fait).

En pleine période électorale, dépassements de tarifs et déserts médicaux sont les deux sujets majeurs sur lesquels les candidats sont attendus pour garantir l’accès aux soins de tous.

Existe-t-il une chance que nous dépassions les seules déclarations de principe pour aller vers des mesures concrètes pour que chacun puisse recevoir les soins dont il a besoin ?

Source : Martial Olivier-Koehret, médecin généraliste – [email protected]



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