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[critique] Millénium, le film : le polar venu du froid

Publié le 19 avril 2012 par Vance @Great_Wenceslas

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4,1/5

Je viens de m’apercevoir que je n’avais pas rédigé de critique pour Millénium, que ce soit le très bon film de Fincher ou la version originale suédoise, disponible depuis peu en coffret regroupant les versions longues des trois téléfilms, c'est-à-dire 6 épisodes de 90 minutes, adaptés le plus fidèlement possible du triptyque best-seller de Stieg Larsson. Etant donné que je suis en train de visionner cette intégrale (je n’avais vu que le premier volet au cinéma, dans sa version amputée d’une trentaine de minutes), il est opportun de reparler des films.

On ne va pas revenir sur l’histoire, bien construite et prenante, articulée autour de deux personnages forts, d’une ambiance sordide et de secrets inavouables. Elle est d’ailleurs tellement intense que les souvenirs de visionnage qui imprègnent notre mémoire s’avèrent plus sombres : j’ai ainsi été étonné de constater que Lisbeth n’est pas si mutique que cela (elle parle beaucoup moins dans la version de Fincher) et que, si les photos des meurtres sont assez dérangeantes, les séquences les plus fortes ne sont pas aussi insoutenables. Amusant de constater que j’étais persuadé que ce film était plus glauque, plus pervers que son avatar du début d’année, alors que ce n’est pas tout à fait exact. Même la lumière est plus intense que l’impression laissée : si l’atmosphère globale demeure assez étouffante, avec cette suspicion latente entre les membres restants de la famille Vanger, on n’est pas en permanence plongés dans un contexte brumeux ou voilé. Cela dit, la musique est particulièrement réussie et sait à merveille distiller des basses audacieuses pour appuyer une ambiance de polar scandinave différente. Fincher, en stylisant la violence, ne l’avait finalement pas si édulcorée. Reste que Oplev réussit haut la main son pari et délivre un film où l’enquête criminelle prend autant de place que l’exploration de la psyché de Lisbeth et du passé trouble des protagonistes. Noomi Rapace campe une Lisbeth plus vraie que nature, héroïne complexe et protéiforme, à la silhouette sylphide tranchant avec une volonté de fer, dont chaque résolution trahit une vie de souffrances. Michael Nyqvist est excellent en « Super Blomqvist », avec cet air de ne pas y toucher, émouvant par ses hésitations permanentes, ses doutes sur ses propres compétences et ses propres sentiments. Avec le recul et ce second visionnage, on s’aperçoit à quel point la tâche de l’équipe de David Fincher était ardue, tant la barre était haute.

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La version longue permet de mieux appréhender certains développements et de comprendre l’évolution des relations entre les individus, notamment celle entre Lisbeth et Mikael. Curieusement, on n’a pas l’impression que la mise en scène s’attarde ou fasse du remplissage, même sur ces paysages énigmatiques du nord de l’Europe : là encore, telle est la force principale d’un scénario captivant. On saluera la qualité de la restitution en HD, avec une image au piqué saisissant (ce sera une autre chanson pour les épisodes suivants, très médiocres sur ce plan là) et une bande son percutante.


Män som hatar kvinnor

 

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Mise en scène 

Niels Arden Oplev

Genre 

Thriller

Production 

Nordisk Film, distribué en France par UGC

Date de sortie France 

13 mai 2009

Scénario 

Nicolaj Arcel & Rasmus Heisterberg d’après le roman de Stieg Larsson

Distribution 

Michael Nyqvist, Noomi Rapace & Lena Endre

Durée 

180 min

Musique

Jacob Groth

Support 

Blu-ray TF1 vidéo region All (2011)

Image 

1.77 : 1 ; 16/9

Son 

VF DTS 5.1

Synopsis :Mikael Blomkvist est journaliste économique dans le magazine Millennium. Condamné pour diffamation, il décide de prendre de la distance avec sa vie et son métier. Mais Henrik Vanger, grande figure de l'industrie suédoise, fait appel à lui afin d'enquêter sur une disparition non élucidée, celui d'Harriet Vanger, nièce du grand homme et disparue à l'âge de seize ans. Au cours de ses recherches, Blomkvist se rend compte que la famille Vanger semble cacher bien des haines et des secrets. Dans le cadre de son enquête, le journaliste est amené à rencontrer Lisbeth Salander. La jeune femme de vingt-quatre ans possède un don exceptionnel, celui de découvrir des informations introuvables. Tous deux vont être amenés à se croiser dans une enquête qui va révéler beaucoup plus que ce que chacun aurait pu imaginer...


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