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The Promise (Le Serment)

Publié le 20 avril 2012 par Filipa

Ce soir, Arte nous offre encore un bien beau cadeau : la mini-série Le Serment réalisée par Peter Kosminsky. Cette mini-série de 4 épisodes de 1h30, nous emmène sur les traces de Erin Matthews (Claire Foy, admirable), jeune anglaise, qui part elle-même sur les traces de son grand-père Leonard "Len" Matthews (Dominic Cooke, magistral), ancien soldat britannique ayant servi pendant la Seconde Guerre Mondiale et envoyé ensuite en Palestine, un territoire qui fut sous mandat britannique de 1923 jusqu'au retrait des troupes, en 1948.

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Erin a 18 ans et un seul problème majeur dans la vie : contrôler ses crises d'épilepsies. Ayant décidé de prendre une année sabbatique avant d'entrer à la fac, elle accepte sans hésitation l'offre de son amie Eliza (Perdita Weeks, bien loin de Lydia Bennet) à passer l'été avec elle en Israël - étudiante en Angleterre mais Israelienne d'origine, Eliza doit en effet rentrer au pays pour y suivre une formation militaire (le service militaire pour les garçons et les filles y est obligatoire). Peu avant son départ, Erin aide sa mère à trier et ranger les affaires de son grand-père mourrant, ce grand-père qu'elle connaissait bien peu, voire pas du tout. Aussi, lorsqu'au milieu de tout le reste, elle tombe sur le journal de Len, elle n'hésite pas à l'emporter avec elle, se disant que ça lui fera un peu de lecture pendant le trajet en avion...

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Et quelle lecture.

Au fil des pages, Erin découvre les atrocités auxquelles son grand-père a dû faire face et comprend peu à peu pourquoi ce grand-père était toujours si distant. Erin décide alors de profiter de son séjour sur place pour en apprendre plus sur son grand-père et les personnes dont il parle dans son journal. Et surtout, elle veut l'aider à accomplir la promesse faite à une famille palestienne en 1948. Il n'est jamais trop tard pour accomplir une promesse.

Le Serment est une série bien sûr, mais une série qui emprunte beaucoup au docu-fiction : les deux époques qui se mêle pour être au plus près de la vérité, l'importance donnée aux points de vues de tous les personnages ainsi que son approche réaliste et directe, renforcée d'ailleurs par des références aux faits marquants du conflit (l'attaque de l'hôtel King David, le meurtre de deux soldats britanniques, le massacre de Deir Yassin... ) et par l'utilisation d'images d'archives dans le premier épisode. Ces images d'archives donnent d'ailleurs le ton général : âmes sensibles s'abtenir !

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Cela a beau être une série, les faits sont réels. Et Peter Kosminsky veut justement exposer ces faits sans fioritures et sans parti pris mais sans non plus faire dans la surenchère ni dans le pathos. (Pour ce qui est du parti pris, certains pourront cependant rétorquer que dans le dernier épisode il prend surtout le parti des musulmans, mais on se rend vite compte que là encore, il ne cherche qu'à exposer les faits : les deux peuples partagent les torts, mais le premier qui attaque en a un de plus que l'autre).

La mini-série doit beaucoup de sa force à ses personnages, c'est indéniable. Len tout d'abord, jeune sergent qui suit les ordres autant que son coeur et qui n'hésite pas à transgresser les règles si la cause est juste. Au coeur du conflit, plusieurs fois visé lors d'attentats, utilisé et trahi, Len trouvera cependant la force de continuer à protéger ceux equi doivent l'être sans distinction de nationalité, ni de religion. De son côté, Erin est une fille comme les autres malgré sa maladie, sans responsabilités ni engagements, éloignée de tout conflit, sympathique mais que l'ignorance et l'entêtement peuvent rendre agaçante. Son entêtement lui vaudra de nombreux problèmes, mais ce séjour estival en Israël dans la maison avec piscine de son amie Eliza finira par se transformer en séjour à but iniatique - aussi bien pour elle que pour le spectateur d'ailleurs. (Je trouve par ailleurs l'idée d'un personnage épileptique est absolument brillante. Ca n'apporte rien à l'histoire, mais ça n'en rend le personnage que plus crédible et attachant)

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A travers Eliza, Peter Kosminsky montre le conflit interne entre devoir envers son pays et convictions personnelles : Eliza vit et étudie en Angleterre, mais elle est avant tout Israelienne et en tant que telle, elle doit être prête à servir et protéger son pays, et ce, même si elle est contre de telles violences. Son frère Paul (Itay Tiran) et l'ami de ce dernier Omar Habash (Haaz Sleiman) représentent un espoir de paix. Ils sont la preuve que la paix et l'amitié peuvent exister entre juifs et palestiniens, et qu'avant d'être juifs ou palestiniens, ils sont surtout humains.

Avec Le Serment, Peter Kosminsky a décidé de se pencher sur le conflit israelo-palestinien - conflit dont on entend beaucoup parler sans pour autant réussir à en comprendre tous les enjeux. Le passé de Len et le présent de Erin se mêlent pour nous raconter la naissance de ce conflit au sortir de la Seconde Guerre Mondiale et nous expliquer que 60 ans plus tard, les choses ne vont pas mieux.

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Le Serment est une mini-série forte qui traite d'un sujet sensible. On ressort de ces quatre épisodes aussi éprouvés physiquement et moralement que les personnages. Un des passages qui m'a marquée est le discours du grand-père d'Eliza à la fin de l'épisode 2, et plus particulièrement sa remarque au sujet de la génération d'aujourd'hui. Parce qu'il a tout à fait raison. Mais ce n'est pas une raison pour rester dans l'ignorance de tout...

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Par contre, fausse bonne idée : Arte diffuse deux épisodes à la suite à chaque fois, soit environ 3h... Heureusement, Arte+7 existe :) (Ah et pour info : la VF est de qualité ;) )


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