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Sarkozy lâché par ses propres xénophobes ?

Publié le 15 mars 2008 par Omelette Seizeoeufs

Dans un tchat du Monde, Dominique Reynié, professeur à l'IEP de Paris comment ainsi les scores des cantonales au premier tour:

Ce que l'on observe et qui me paraît très important, c'est un mouvement d'effondrement du vote Front national qui ne profite pas à la droite de gouvernement. Donc la droite de gouvernement devient peu à peu minoritaire et n'a plus de réserves électorales.

J'essaie de ne pas être trop optimiste quant à l'avenir électoral (je ne parle pas du scrutin de demain), car je ne suis pas sûr que la popularité du Très Grand Homme (TGH) restera aussi bas pendant tout son mandat. (Julien Tolédano pense que Sarkozy est "fini politiquement".) En ce moment même, la signification de son impopularité n'est pas encore fixée, d'où les tentatives de la droite de cacher leur politique derrière les fautes de goût du Président. L'impopularité est constatée mais pas encore tout à fait interprétée, et c'est cette interprétation qui déterminera bien des choses pour la suite.

La remarque du politicologue sur l'éffondrement du FN est assez intéressante à cet égard, car elle souligne ce qui aurait dû être une évidence : Sarkozy ne pourra pas garder longtemps ses électeurs Front National. Les manoeuvres de campagne qui ont permis à Sarkozy de s'emparer d'une grosse part du vote Front National à l'élection présidentielle avaient en fait deux ressorts : d'une part la xénophobie impénitente désormais symbolisée par l'ignoble Brice Hortefeux, et d'autre part la rhétorique de rupture, plus rien ne sera comme avant, "tout devient possible" (y compris le pire...). C'était essentiel d'avoir ces deux éléments, car le Front National n'est pas seulement un parti raciste, xénophobe et antisémite, mais c'est un parti dont l'un des principaux attraits (pour ses électeurs) est justement son côté contestataire. Pendant des décennies, Jean-Marie Le Pen a su tirer profit de sa diabolisation pour se rendre désirable pour cette frange de la population. Ainsi, pour prendre les voix qui auraient dû aller à Jean-Marie Le Pen, il fallait être xénophobe et promettre la "rupture".

Ensuite, Sarkozy devient président, incarne le pouvoir de l'Etat, et épuise largement son crédit personnel. Quelques gestes xénophobes, fût-ce à Toulon, ou même de Villiers au gouvernement, ne suffiront plus à ramener ces électeurs qui exigent avant tout un programme politique destructeur et vengeur. Et je parierais que pour certains de ces électeurs, la xénophobie n'est que le prétexte pour l'expression d'une haine plus générale et diffuse, une violence envers la société qui ne peut que se focaliser sur l'exercice ostentatoire du pouvoir sarkozyën.


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