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La pension Eva; Andrea camilleri

Par Sylvielectures
Je n'ai pas réussit à apprécier la langue patoisante sicilienne qui vraisemblablement est savoureuse dans le texte original, mais qui devient franchement un peu lourde et pénible dans la traduction proposée, malgré les efforts très voyants et répétitifs du traducteur...
Mais, ce petit désagrément qui semble tout à fait personnel, n'entache pas vraiment le plaisir que j'ai eu à lire ce roman.
C'est un cadeau que l'auteur nous a fait du haut de ses 80 ans en écrivant ces quelques 130 pages.
Connu pour ses romans policiers, il dit s'être offert une petite récréation littéraire sans prétention, juste pour le plaisir, et il a bien fait!
La narration est toute entière construite autour de la mystérieuse Pension Eva, que nous visitons avec les yeux d'un jeune garçon qui va s'initier au plaisir en la rêvant.
Sa curiosité sexuelle est excitée par l'activité mystérieuse qui se déroule dans cet établissement,et, petit à petit, il va découvrir le fin mot de l'histoire.
Avant de pouvoir y entrer, il aura l'occasion d' éprouver ses premiers émois du corps avec sa cousine,ou sur des illustrations de femmes nues trouvées dans la bibliothèque de son père, puis dans les bras d'une veuve qui aime collectionner les aventures avec de très jeunes garçons.
Enfin introduit dans l'antre des plaisirs tant attendus, ce n'est plus ses expériences érotiques que notre jeune néné nous raconte, mais les histoires pittoresques, coquines, drôles,et quelquefois bouleversantes entendues dans ce bordel aux multiples aventures plus cocasses que sulfureuses. (c'est savoureusement drôle, soit dit en passant.)
Notre jeune héros regarde, écoute, s'émerveille de cette vie cachée et burlesque qui se déroule derrière les portes closes alors que les bombes tombent sur la ville et que la mort rode à tous les coins de rues.
Cette histoire simple qui contient des dizaines de récits un brin rocambolesques se termine à la libération,dans le marasme laissé par les bombardements. Le jeune homme a connu l'effroi en découvrant des cadavres et éprouvé la peur d'avoir perdu les membres de sa famille et ses amis d'enfance.
Il a 18 ans, l'âge où il aurait pu légalement avoir accès à la Pension Eva, mais celle-ci s'est envolée en fumée...
Les saints aussi vont à la pension Eva :
"vous avez vu qu'il est venu à me trouver deux fois pour me mettre à l'épreuve ? Il voulait voir si je maintenais vraiment mon vœu !
La Signura était si émue qu'elle n'aréussissait plus à parler.
-Maintenant, qu'est ce que je dois faire ? demanda à la fin Nadia.
La dame y réfléchit un moment;
-Qu'est ce que tu veux faire ? Rin. Prends-toi l'argent et expédie le à ton frère. Mais maintenant, sors, va à l'église et allume un cierge à San Calo. Un seul, à lui, ça lui suffit largement. Ah, une chose. De c't'affaire, ne dis rien à personne. J'insiste, hein. Est-ce qu'on pourrait raconter aux gens que la nuit, San Calo va trouver une putain au bordel ?",
Et même les anges :
"Il n'y avait pas de lune , mais des centaines et des centaines d'étoiles qui s'allumaient et s'éteignaient sans arrêt et d'autres qui semblaient des étoiles filantes, des comètes
et qui étaient les trajectoires des projectiles, des grenades, des traçantes; elle s'agenouilla, les yeux levés vers le ciel; Puis le halo de lumière farineuse d'un projecteur effaça un instant les ténèbres, disparut. Et elle, en cet instant, le vit. Et même le contempla et l'admira, l'ange. L'ange qui lentement et silencieusement descendait vers la terre, ses grandes ailes déployées sur ses épaules...
... Ambra entendit un grand bruissement et l'ange arriva sur la terrasse, fit une espèce de cabriole, se releva en se libérant en hâte des grandes ailes qu'il enroula...
...Ça c'était un ange qui avait une faim de loup, se dit Ambra. Et non seulement il avait faim, mais il tremblait de froid, nu comme il était. Tiens ! Quelle chose étrange! les anges étaient pareils que les hommes !...
"Les demoiselles d'Avignon à la sauce Camilleri, Gloups, cela laisse dubitatif", nous dit Solaris, sur mille feuilles qui n'a pas du tout aimé, mais alors... pas du tout!
Anne Marie Mercier-Faivre écrit une
très jolie critique sur Sitartmag:" le travail du traducteur est très visible, virtuose et précieux, même s’il ne peut faire oublier le fait qu’on manque certainement ainsi, en ne lisant pas dans la langue originale, quelque chose de très savoureux.",
Papillon nous dit qu'il faut lire ce livre "comme une gourmandise, à la fois sucrée et épicée." Pour
Cathe :"Ce roman d'apprentissage fait l'effet d'un bonbon, tantôt sucré, tantôt piquant, que l'on n'a pas envie de quitter. Les descriptions coquines sont charmantes et les personnages très attachants. Voilà un petit plaisir à s'offrir ou à offrir"
Essel en parle aussi.

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