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Rien n’est joué, tout est joué

Publié le 22 avril 2012 par Allo C'Est Fini
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Voilà, les estimations du premier tour sont tombées à 18h, tout Twitter s’est marré pendant deux heures, et puis les politiques sont apparus à la télévision et le grand marchandage a commencé. Enjeu: les voix du FN et de Bayrou.

Les estimations du premier tour de l'élection présidentielle de 2012 sur Le site Lemonde.fr

A part le différentiel des estimations proposées par TF1 et France 2, quels enseignements tirer de ce premier tour?

Le premier tour de 2012 selon TF1

Rien n’est joué

Rien n’est joué.

  • La vague rose n’a pas eu lieu, le candidat du PS n’atteint pas les 30%. Il va devoir ratisser large pour conquérir la majorité absolue. C’est loin d’être gagné sur le papier.
  • Nicolas Sarkozy limite les dégâts. Avec un peu plus d’un quart des votes exprimés, il moins bien qu’en 2007, mais il s’en sort finalement très correctement. Il reste en lice pour le second tour (le 21 avril à l’envers n’a pas eu lieu), et peut encore réaliser un hold-up, en réalisant un bon débat, ou en réussissant une OPA sur les voix FN / Bayrou.
  • Le déluge Mélenchon s’est résumé à une petite poussée de communisme. Jean-Luc Mélenchon fait sans doute les frais de l’appel au réalisme du premier tout. Il prend la posture d’une sorte de Bayrou de gauche, mais en plus lisible, en appelant à voter Hollande dès le début de la soirée. Avec ses voix, la gauche monte à un peu moins de 40%, pas folichon.
  • Marine Le Pen réussit le gros score de la soirée. Il faut l’entendre jubiler. Les voix qu’elle porte représentent plus de 2/3 des voix de chacun des deux premiers candidats. Pour une première tentative, elle hisse le Front National au niveau des deux grands partis sur lesquels fonctionne notre démocratie depuis plus de 50 ans. C’est de mauvais présage pour le second tour: l’UMP va ouvertement jouer la carte de la séduction, renforcer une forme de discours xénophobe feutré, pour transformer le rejet du président sortant en rejet de l’autre. Pari fou, mais pari que va forcément jouer l’UMP.
  • François Bayrou sera lui aussi l’objet de toutes les tentatives de séduction. Mais avec moins de 10%, représente-t-il encore quelque chose? Ses amis ont plus de cartes à jouer à droite qu’à gauche, surtout pendant les législatives.
  • Eva Joly a pleinement joué son rôle d’erreur de casting. Elle démontre à qui en doutait qu’on ne peut pas être parfait dans tous les domaines. Mais elle incarne aussi le plus grand paradoxe de ces derniers mois: comment un parti qui pourrait porter Nicolas Hulot  la présidence peut-il se laisser représenter par une candidate impopulaire?
  • Les autres candidats de seconde zone n’ont pas réussi à se dépatouiller du scrutin majoritaire à deux tours. Ils nous ont bien amusé durant deux semaines, notamment Philippe Poutou. Cela fera quelques belles histories à raconter.

Tout est joué

Les instituts de sondage ne se sont pas trompés, et les estimations du premier tour, qui voyaient François Hollande en tête au premier tour, voient leurs prévisions se réaliser. S’ils ont eu raison au premier tour, pourquoi se tromperaient-ils au second, n’est ce pas? La victoire du candidat PS est assez probable, et confirme que la vraie bataille, c’était celle des primaires, à l’automne dernier. On peut d’ailleurs se demander si l’UMP n’aurait pas dû faire ses propres primaires, pour faire passer ses idées de manière plus démocratique.

Les voix de Marine Le Pen ne sont pas si lisibles que cela. L’appel au rassemblement le premier mai, traditionnel, ne changera rien: le vote FN est protestataire, un point c’est tout. C’est, comem elle le dit, « la France contre ses élites ». Rien n’indique un report évident de l’extrême-droite vers la droite: j’aurais même tendance à croire en une abstention record de ce côté là, un appel à faire massivement le pont du 8 mai.  A l’inverse, celui du Front de gauche sera systématique, sans aucune déperdition. Bref, un second tour 46-54 se profile à l’horizon…

Alors?

A l’issue de ce premier tour, mais aussi au sortir de ce quinquennat, la France est divisée en trois. Un tiers à droite, un tiers à gauche, et un tiers aux extrêmes, de toutes sortes. Le prochain président aura bien du mal à revenir au système bipolaire que nous allait si bien durant les périodes de croissance. Et l’Assemblée Nationale qui sortira des législatives ne portera sans doute pas de majorité claire. A défaut d’une cohabitation, on risque de rentrer dans une période d’instabilité peu agréable.

Rendez-vous le 6 mai pour la finale.


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