Et des mains vers le ciel plein de lacs de lumière
S'envolaient quelquefois comme des oiseaux blancs
(Guillaume Apollinaire, L'émigrant de Landor Road)
Et cependant, ces artistes ont fait contre mauvaise fortune bon coeur, et fait preuve jusqu'au bout d'un immense professionnalisme pour ce gala d'adieu qui s'est décliné en 24 numéros extraits des meilleures productions des dernières années: ballets, opéras et comédies musicales. Et ils étaient tous là au meilleur de leurs talents: les directeurs, les chanteurs et les chanteuses, les danseurs et les danseuses, les musiciens et les choristes, le choeur d'enfants, et cinq chefs d'orchestre. Les enchaînements entre les numéros étaient réglés comme du papier à musique et la musique et les voix et les pas de danse semblaient jaillir du coeur même de ces merveilleux artistes qui avaient organisé pour leurs fidèles ce dernier et somptueux feu d'artifices.
La salle était comble, seuls les plus fidèles, les abonnés, avaient été admis au saint des saints pour ce gala d'adieu, et le théâtre a dû refuser de nombreuses demandes, faute de places. A l'entrée, les spectateurs de voyaient remettre une pochette de mouchoirs en papier, sans doute pour sécher les larmes de la séparation. Et le choix des scènes insistait sur la thématique du départ et de la fin, scènes de gares où les artistes valises à la main se dispersent vers leurs nouveaux destins, défilements de trains sur l'écran de fond de scène, ...
Et puis ce fut le final et les applaudissements sans fins, les vivas et les bravos éperdus de reconnaissance et d'amour pour ces artistes qui nous ont tant donné, dont nous avons tant reçu. Alors on se mit à ouvrir les pochettes de mouchoirs, et à agiter les carrés de papier blanc en signe d'adieu, tant dans le public que sur la scène, comme un lâcher de blanches colombes qui ne reviendront jamais.
Resteront les souvenirs, la reconnaissance et la tristesse. C'est les yeux grands ouverts, en toute lucidité et en pleine conscience que nous venons de vivre les derniers moments d'une époque glorieuse.
Adieu et merci.
Attention: la saison n'est pas terminée pour autant. Trois nouvelles productions verront encore le jour d'ici à juillet, elles seront accueillies au Prinzregententheater à partir du 18 mai. Pour renseignements et réservations: cliquer ici.