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Nicolas Sarkozy : L'improbable course aux électeurs du Front National ?

Publié le 25 avril 2012 par Slovar
Même si le Président candidat a affirmé qu'il n'y aurait aucun accord avec le FN, le score de Marine Le Pen le pousse de plus en plus à utiliser ses arguments, sans pour autant avoir la moindre certitude de conquérir ses électeurs.
Nicolas Sarkozy : L'improbable course aux électeurs du Front National  ?
La malhabile droitisation de la campagne du Président candidat aura eu pour effet de provoquer des réactions indignées dans son propre camp. De Chantal Jouanno en passant par Patrick Devedjian, ils sont de plus en plus nombreux dans l'actuelle majorité présidentielle à considérer que faire campagne avec les valeurs de l'adversaire frontiste, ne peut que mener à un désastre électoral.
Peu importe, puisque du côté du Président candidat et ses conseillers, on doit se repasser en boucle un sondage d'OpinionWay Fiducial pour Les Echos et Radio Classique dans lequel on apprenait que : « 64% des électeurs de Nicolas Sarkozy sont favorables à un accord entre l'UMP et le Front national avant les législatives (...) Pour Bruno Jeanbart, directeur des études politiques et d'opinion d'OpinionWay, ce score s'explique par le désir de l'électorat UMP de voir son candidat gagner quoi qu'il en coûte (...)  »
Sauf que, ajoute Jeanbart : « Les électeurs de Marine Le Pen sont eux 41% à refuser une telle alliance »
Donc, haro sur les 59% restant qui sont censés apprécier par exemple : La fête du « vrai travail » le 1er mai à Paris.
Quant aux éléments de langage, comme on peut le lire dans un édito du Monde :  « (...) il a désormais adopté le langage, la rhétorique et, partant, les idées, ou plutôt les obsessions, de Mme Le Pen. Ainsi de cette façon d'attiser les peurs de la société française plutôt que de tenter de les apaiser. Ainsi de cette stigmatisation des élites, jetées en pâture au peuple. Ainsi de cette dénonciation du système, dont on se demande bien ce qu'il est, sinon la République dont il devrait être le garant (...) »
Témoin, le « show » de Longjumeau, au cours duquel il a déclaré se tourner vers : « les Français qui souffrent » indiquant que le vote FN n'était pas « répréhensible », car : « compatible avec la République » qui n'aura servi à rien dans la mesure où, au Front National on enfonce le couteau dans la plaie. 
Steeve Briois, Secrétaire Général du Front National a publié le 24 avril, un communiqué sur le site du FN indiquant : « Le Front National apprend avec effarement que les appels à voter PS aux législatives se multiplient de la part de hauts dirigeants de l’UMP. Après ces multiplications d’appels à voter en faveur du PS, le Front National constate combien il est malheureux de voir des dirigeants du parti de Nicolas Sarkozy faire ainsi la courte échelle à François Hollande. Cette multiplication d’appels à voter PS aura deux conséquences :
- Ces cadres et dirigeants de l’UMP organisent la victoire de François Hollande, accréditant ainsi l’idée qu’il ne serait finalement pas si mal que cela…
- Ces cadres sont donc prêts à voter pour le PS, donc prêts à voter pour des candidats favorables au droit de vote des étrangers et à la régularisation des clandestins »
Au delà d'un impossible grand écart entre les électeurs centristes et ceux du Front National on est bien obligé de faire le même constat qu'Emmanuel Todd : En usant et abusant des propositions du Front National sur l'identité nationale, l'assistanat, l'immigration : « (...) Le FN a eu comme attaché de presse très actif Nicolas Sarkozy pendant cinq ans (...) »
En effet, qui peut avoir oublié qu'après 2002, Nicolas Sarkozy s'était donné comme principal objectif, de récupérer les voix des électeurs d'extrême droite, en empruntant au FN une partie de son programme : l'immigration, l'identité nationale et l'insécurité. Allant, expliquait Olivier Duhamel : « (...) jusqu'à reprendre à son compte le slogan La France, tu l'aimes ou tu la quittes  (...) »
Il ne faut donc pas s'étonner qu'après avoir pillé l'argumentaire du Front National mais affiché en tant que président, un taux de chômage record, un pouvoir d'achat en baisse et une précarité qui s'accroît, les électeurs du FN soient revenus au bercail.
Dans ces circonstances, les regrets de Chantal Jouanno : « (...)  je regrette que certains membres de l'UMP aient légitimé le parti de Marine Le Pen en tenant parfois les mêmes discours qu'elle, notamment sur la question du halal ou de l'islamisation de la société (...) les solutions radicales proposées par le FN ne sont pas les bonnes réponses (...) Certes, les questions d'immigration, de laïcité, de sécurité sont importantes, mais il ne s'agit pas des seuls fondamentaux de la droite traditionnelle ! Et ce ne sont pas les préoccupations majeures de nos concitoyens. Quand je vais tracter sur les marchés, les Français ne me parlent pas de ces sujets. Je crains que la droitisation ne soit qu'un mirage douloureux. Dans les prochains jours, j'appelle de mes voeux un discours beaucoup plus équilibré dans le choix des thèmes de campagne et dans les mots utilisés (...) » risquent bien de rester lettre morte et l'UMP de connaître à défaut d'éclatement, une longue traversée du désert !
Crédit photo
Europe1

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