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Matraquage publicitaire

Publié le 25 avril 2012 par Mari6s @mari6s

L’omniprésence de la publicité nous énerve tous de temps à autre, je crois. Intrusive et envahissante, souvent stupide ou vulgaire (même si je reconnais volontiers que certaines sont des trésors de créativité), voire inquiétante lorsque l’on nous fiche à notre insu, que notre numéro de téléphone pourtant sur liste rouge circule de fichier clients en fichier clients ou que l’on piste nos habitudes sur Internet pour nous transmettre des annonces « personnalisées ». Mais la question que je me pose, c’est : pourquoi ? 

Oui, rassurez-vous, je sais bien pourquoi, ma prof de marketing (à prononcer à moitié à la française : mar-keu-ti-ng, comme on prononce management ma-na-dje-man-t) bien aimée nous l’a expliqué lors de son seul cours où j’avais daigné me déplacer (mais il y a une raison médicale tout à fait sérieuse : une allergie viscérale à son contenu) : la publicité et le mar-keu-ti-ng ont une raison d’être dans des sociétés d’abondance comme la nôtre, où l’offre est plus forte que la demande et où les marchés sont donc saturés. Il s’agit de pousser le consommateur à acheter chez nous plutôt qu’ailleurs quand il en a besoin, et surtout, à acheter plus et plus souvent qu’il n’en a besoin – un exemple au pif : changer de téléphone portable tous les six mois et de cuisine aménagée tous les trois ans.

D’accord. Admettons. Admettons que ce soit viable, durable écologiquement et sain psychologiquement – et croyez-moi, je me retiens très fort pour ne pas dégouliner de vitriol. Aujourd’hui, je veux juste remettre en question la pertinence de la stratégie de ces pousse-à-la-conso, en ne songeant qu’à leur propre intérêt.

Comme je l’ai dit en intro, la pub est omniprésente. On la retrouve dans nos boîtes aux lettres par brassées, à la télévision toutes les demi-heures voire plus, sur tous les sites Internet que l’on visite (parfois de manière bien intempestive et envahissante comme les pop-ups, les vidéos qui se déclenchent automatiquement…), dans la rue, sur les quais du métro… Ça fait déjà beaucoup d’ « information » à traiter pour notre pauvre petit cerveau, et le mien est bien incapable de dire de quel parfum Natalie Portman est l’égérie, ou si c’est le Crédit Agricole ou la Lyonnaise de Banque qui ridiculise le banquier d’en face qui ne fait rien comme il faut – et est incapable de proposer un forfait de téléphone portable à sa maman, quel goujat, cela ne fait-il pourtant pas partie de son cœur de métier ? Oh, zut, chassez le vitriol, il revient au stylo.

Et à cela s’ajoute la répétition, le matraquage. Mon prof de maths au collège avait l’habitude de dire, ne plaisantant qu’à moitié, que l’enseignement, c’est enfoncer des clous – en général, après qu’un élève ait posé une question dont il avait donné la réponse quelques minutes plus tôt. Cela s’applique apparemment a fortiori au mar-keu-ti-ng : comment, sinon, expliquer les cinq affiches identiques côte à côte vantant un site de rencontres extraconjugales à La Motte-Piquet - Grenelle ? La même pub sur un mec à l’haleine d’hyène précédant la moitié des vidéos Youtube pendant une semaine ? Encore que je comprends mieux la présence de pubs sur des sites Internet offrant un service gratuit (ce qui ne veut pas dire qu’ils doivent pousser Mémé dans les orties, au risque de se prendre un coup de canne au popotin) que dans un moyen de transport public et payant.

Je ne sais pas vous, mais ça me met hors de moi, ce harcèlement - n'ayons pas peur des mots. Achetez, consommez, c'est nous les meilleurs et ça va vous changer la vie, vous rendre beau, désirable, heureux, même si vous n'en avez pas besoin et même si vous ne pouvez pas vous le permettre! Plus c’est intrusif et moins ça me donne envie d’acheter le produit vanté. Je retiens même parfois le nom de la marque pour la fuir comme la peste. Je sais bien qu’il paraît que toute publicité est bonne à prendre, mais n’y a-t-il pas un moment où l’énervement du consommateur (qui, avant de l’être, est un citoyen et une personne, quoi qu’en pense ma prof de mar-keu-ti-ng) risque plutôt de le détourner du produit qu’on essaie à tout prix de lui fourguer ? Ou peut-être, dans l’un de mes accès de naïveté utopiste, sous-estimé-je notre proximité génétique avec le mouton. De Panurge, bien sûr.


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