Magazine Humeur

Halte aux privilèges de ces salauds de pauvres !

Publié le 26 avril 2012 par Kamizole

(J + 4) Le 1er mai de Sarkozy consacré au « vrai travail » fait réagir « Coup de Grisou » dans la meilleure veine humoristique qui soit. Amusez-vous bien !

5 heures du mat' un premier Mai 2012. Paris dort, Paris roupille mais des ombres étranges s'animent place de la Concorde. La France qui se lève tôt, cette France si silencieuse (si, si) vient de se donner rendez-vous en "loucedé" à l'appel hystérique de son chef d'escadrille. Nicolas Sarkozy va battre le pavé, pour une fois en tête d'une manif, il ne faut pas rater ça.

Les premiers qui arrivent portant une pancarte "Assez de privilèges pour les travailleurs pauvres, pensez à leurs pauvres patrons" sont les dirigeants du MEDEF, Laurence Parisot, suivie de très près par Ernest Antoine Seillière dans sa chaise à porteurs conduite par deux gentils esclaves.

L'habituel cortège des oubliés de la crise se poste derrière, Bernard Arnault d'abord puis Vincent Bolloré, Martin Bouygues, Alain Minc, François Pinault et pour finir le malchanceux Serge Dassault retenu au Figaro par une panne de son avion de chasse.

Liliane Bettencourt déboule comme une folle, poursuivie par sa fille et accompagnée de ses porteurs de valises bien encombrantes .

Nadine Morano en sueur accourt en hurlant comme une marchande de poissons "alors on démarre quand ?" ce qui attire aussitôt l'ire de François Fillon qui ne supporte pas qu'on dise un mot plus haut que l'autre. 5 ans de silence et de "néantitude" ça vous rend les tympans quelque peu sensibles.

Rachida Dati a sorti pour la circonstance ses habits de travailleuse riche, sa robe de chez Gauthier, son sac Hermès et ses talons aiguilles bien acérées .

Mais impossible de se rappeler les noms et les postes des autres ministres venus pour l'occasion, de Juppé à Pécresse en passant par NKM. Peu importe l'illustre poste qu'ils ont occupé, l'Histoire s'en foutra comme de la première chemise de Borloo.Tous sont là présents et c'est bien l'essentiel ..tiens sauf Jouanno ! Malade sans doute ?

Les pancartes se hissent, les banderoles se déroulent. J'y découvre ébahi une littérature très riche et très instructive.

"Ce sont les chômeurs qui sont responsables du chômage",

 "Les syndicats ouvriers font rien que nous embêter",

"1.000 Euros par mois, quel manque d'ambition",

 "Le prêtre est plus important que l'instituteur",

 "il y a des civilisations supérieures aux autres",

"Un chômeur ça va , c'est quand il y en a plusieurs que ça pose problème",

"la trahison il n'y a que ça",

"un grenelle de l'environnement vaut mieux que deux tu l'auras",

"c'est aux fainéants de payer la crise", etc...

Je n'ai malheureusement pas le temps de toutes les déchiffrer ni non plus de savoir par qui elles sont portées mais vous devinerez aussi bien que moi .

Mais voila que surgit le plus gros du troupeau, tous ces "jeunes pops" bleu blanc rouge hurlant à qui mieux mieux "Nicolas président", c'est émouvant.

"Mais fermez là donc" leur crie l'impassible Fillon qui ne supporte pas plus ce bruit que celui de tout à l'heure "c'est la manifestation pour le VRAI TRAVAIL, on doit donc être derrière notre syndicat" !

Et toc, c'est qu'à l'UMP on ne plaisante pas avec l'éthique, pas de politique dans un défilé syndical. Uniquement des slogans de reven-dication .

Mais voyant qu'ils boudent il leur adresse quand même ces quelques propos "moi aussi à votre âge j'étais impulsif, je voulais que ça change fort", copiant exprès le slogan de Ségolène Royal en 2007, ce qui provoque immédiatement chez eux des hurlements et des moqueries . "Ca y est ils sont à point" déclare-t-il à son ami Guaino !

Enfin une tripotée de cars arrive de toutes les régions de France et de Navarre, vomissant son flot de France silencieuse, endormie par un voyage trop long. Tout droit sortis de leurs maisons de retraite, clopin-clopant ils se traînent péniblement en queue de peloton. Espérons que le cortège n'ira pas trop vite. C'est qu'à plus de 65 ans, au sortir du lit les articulations sont raides comme la justice de Rachida Dati.

Ambiance de poulailler, discussions de bistrot, on n'attend plus que le coq français accompagné de sa smala. Mais voila qu'il se pointe, bien dressé sur ses ergots, costard impeccable, coiffure bien ratissée, accompagné de sa compagne à la guitare ou plutôt accom-pagné à la guitare par sa compagne, je ne sais plus très bien. Car pour Carla c'est la fête à son amoureux, c'est son premier Mai à lui tout seul, tous les autres défilés ne sont que des pâles copies.

Guéant s'approche de ce qui lui sert encore de président "ça y est, j'ai donné des instructions pour envoyer des casseurs dans les autres défilés" .

"J'espère que tu les as pas payés trop chers" réplique celui-ci. Il faut préciser que dans certaines circonstances même le président a le droit d'oublier des "ne " ou des "ni" car l'urgence est plus forte que toutes les règles de bon français.

"Non, non"répond Guéant "comme ça on pourra démontrer à la France entière de quoi sont capables ces gueux".

"Bravo" s'exclame celui qui ne s'embarrasse pas de ces inutilités qu'on appelle hypocritement "scrupules", "Tu seras mon nouveau ministre de l'intérieur".

Et puis sur l'ordre du chef, le cortège s'ébranle... avec lenteur quand même il faut prendre soin des vieux. Le mot d'ordre ou plutôt l'élément de langage soigneusement préparé est repris en choeur par ces milliers de nouveaux "revendicateurs" enthousiastes : "Halte aux privilèges des pauvres ! Ce n'est qu'un début continuons d'exploiter leur misère"

Je ne sais pas si cette manifestation restera dans l'Histoire, mais tout ce que je sais, c'est que ce matin là, des milliers de fenêtres s'ouvrirent, des bouches écumantes hurlèrent "C'est pas bientôt fini ce bordel, vous pouvez pas laisser dormir les honnêtes fainéants que nous sommes ? Attendez le 6 Mai, on vous montrera ce que chômer veut dire !"


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