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La fête est (presque) finie !

Publié le 27 avril 2012 par Perce-Neige

La fête est (presque) finie !La nouvelle traduction de Gasby le magnifique, par Philippe Jaworski, est une formidable occasion de célébrer le texte de F. Scott Fitzgeral dont, sans aucune malice, bien sûr, je retiens cet extrait : 
La maison de Gatsby était toujours vide lorsque je suis parti; l'herbe de sa pelouse était à présent aussi haute que la mienne. L'un des chauffeurs de taxi du village ne passait jamais avec un client devant la grille de l'entrée principale sans s'arrêter une minute pour montrer du doigt la propriété; peut-être était-ce celui qui avait conduit Daisy et Gatsby à East Egg le soir de l'accident, et peut-être avait-il inventé une version toute personnelle de l'histoire. Je ne voulais pas l'entendre et je l'évitais quand je descendais du train. Je passais mes soirées du samedi à New York, parce que ces fêtes brillantes, éblouissantes s'étaient si puissamment imprimées dans mon esprit que je croyais encore entendre, légers et continus, la musique et les rires dans son jardin, et les voitures qui allaient et venaient dans son allée. Un soir, j'ai entendu une automobile bien réelle là-bas, et j'ai vu des phares s'éteindre devant les marches du perron. Je n'ai pas cherché à savoir. C'était sans doute l'ultime invité, qui revenait d'un voyage à l'autre bout de la terre et ignorait que la fête était finie. Le dernier soir, ma malle faite et ma voiture vendue à l'épicier, je suis allé contempler une fois encore cet énorme et incohérent fiasco: sa maison. Sur les marches blanches, un mot obscène griffonné par un gamin avec un éclat de brique se détachait vivement au clair de lune; je l'ai effacé, frottant la pierre de la semelle de mon soulier. Puis j'ai marché jusqu'à la plage et je me suis étendu sur le sable. La plupart des grandes demeures du bord de mer étaient fermées à présent, et il n'y avait presque plus de lumières, sinon la lueur incertaine et mouvante d'un ferry-boat de l'autre côté du détroit. Et comme la lune montait dans le ciel, les villas contingentes commencèrent à se dissoudre dans l'espace, faisant place, peu à peu, à l'île ancienne qui avait fleuri jadis sous les yeux des marins hollandais - le sein vert et frais du Nouveau Monde. Ses arbres disparus, ceux qu'on avait abattus pour édifier la maison de Gatsby, avaient fait de leurs murmures les entremetteurs du dernier et du plus grand des rêves humains; pendant une fugace minute d'enchantement, l'homme dut retenir son souffle en présence de ce continent, contraint à une contemplation esthétique qu'il ne comprenait ni ne désirait, confronté, pour la dernière fois de son histoire, à un événement proportionné à sa capacité d'émerveillement.

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