Terdav Trail World Tour, St Jacques, 5e étape: a travers bois...

Je repars donc de Bourg Argental après un petit déjeuner dévoré avec appétit. Pas tout seul: j'ai le plaisir de retrouver mon ami Mathias Géry, accompagné par ses deux amies à quatre pattes Romie (une épagneule d'expérience) et Gaïa (une malamut beaucoup plus jeune). Nous allons partager un bout de chemin, jusqu'au col du Tracol. Ca monte gentiment, d'abord sur une petite route, puis par un agréable sentier. Nous marchons à un bon rythme et discutons de pleins de choses, comme deux amis qui ne se sont pas vus depuis quelques temps. Mathias, outre un coureur de trail émérite et polyvalent, c'est aussi "monsieur Kikourou", le créateur du site communautaire le plus prisé des coureurs à pied en France. Nous discutons bien entendu de son site, de nos projets mais également des élections, qui l'inquiète fort: en effet, pour un maître de conférence commme lui l'issue du scrutin peut avoir des conséquences très directes sur ses conditions de travail. La France se prépare t elle, par protectionisme et conservatisme, à une fuite de cerveaux bien malheureuse? La suite au prochain... Bon dans un autre genre, Mathias est plus optimiste: ses projets personnels sont aussi tournés vers l'arrivée prochaine d'un nouveau membre dans sa petite famille, du genre qui se déplace d'abords sur quatre pattes, mais ensuite sur deux; Je suis bien content pour lui et nous nous séparons en haut du col dans la bonne humeur. Le décor est forestier, le relief bien bosselé. Je me sens plutôt bien mais ménage ma monture. Les balisages sont moins évident que lors des étapes précédentes et les chemins forestiers s'entrecroisent dans les grands conifères qui peuplent ce massif du Pilat. L'environnement est très sauvage. Je croise très peu d'habitation, à l'exception de quelques hameaux et fermes qui semblent presque figés dans le temps. C'est beau et je me sens parfois presque dans un autre pays. J'ai avalé depuis quelques temps déjà mon dernier carré de chocolat quand je commence, sous les coup de treize heures, à sentir la faim secouer mon estomac. C'est qu'à marcher ainsi, je dépense tout de même pas mal de calories. Mais pas de village suffisamment grands à l'horizon pour m'offrir un espoir de déjeuner. Je commence vraiment à peiner d'autant plus que le profil est tourmenté. Par ailleurs, le balisage est peu visible. Je vérifie sur le Topo (qui n'est pas facile d'accès dans mon sac qui n'offre aucun accés au contenu en marchant...): ça semble être la bonne direction et j'ai tout de même des signes GR devant moi. Le village que j'ai repéré me semble un peu long à atteindre mais comme j'avance à une allure pas terrible, ça ne me surprend pas trop. Je m'arrête un instant dans un hameau pour prendre de l'eau à la source. Un poney me regarde avec intérêt. Je sens qu'il pense la même chose que moi : "Tu n'aurais pas une pomme à me donner?" mais comme nous n'en avons ni l'un, ni l'autre, nous nous séparons l'estomac dans les talons.J'y arrive enfin et me jette sur le premier établissement que je trouve. Il est 15h30 et je pense être à onze kilomètres de Tence, mon lieu d'arrivée aujourd'hui. On me sert aimablement un sandwich succulent et je commande aussi un demi-pêche. Il ne faut pas se laisser abattre! Un groupe de personnes me demandent où je vais ainsi. Je leur raconte un peu mon itinéraire et mon projet et ses gentils hommes semblent bien intéressés. Par contre, je m'aperçois à leur contact que je ne suis pas là où je pensais être, mais dans un autre village! Non pas à Montfaucon en Velay mais à St Bonnet le froid! J'ai suivi le mauvais GR, enfin pas celui que je devais suivre. Je ne sais pas exactement où j'ai mal bifurqué mais je soupçonne les travaux forestiers croisés il y a une dizaine de kilomètres de m'avoir mal aiguillés; une ou deux balises tronçonnées, un panneau tombé et le tour peut être joué. Bon, ces messieurs m'indiquent la route et comme je suis finalement à 13 kilomètres du but, l'erreur n'est tout de même pas trop grave. J'ai du ajouter entre trois et cinq kilomètres à mon programme du jour. Par contre je marche, ou plutôt je cours car revigoré par le sandwich et un peu vexé aussi je retrouve une certaine énergie, sur une route départementale. Après une bonne heure et demie à ce régime, j'atteins tout de même Tence et son hôtel de la Poste où je loge ce soir. Le temps de répondre à un interview téléphonique (vous pourrez le lire bientôt sur le site lepapeinfo.com) et je dîne en solitaire. Pas de table d'hôte conviviale ce soir. Mais comme ça, j'ai un peu plus de temps pour rédiger et bien récupérer. Le Puy est en vue...