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William Boyd. La vie aux aguets.

Par Mango
William Boyd.  La vie aux aguets.La particularité de ce roman tient à l’alternance des récits: celui de Ruth Gilmartin la  narratrice, qui raconte comment sa vie tranquille de jeune mère célibataire,  heureuse de son sort, a été bouleversée  en 1976 par la révélation de sa mère Sally, en réalité Eva Delectorskaya, une émigrée russe,  qui lui remet un gros document où elle raconte les événements vécus en tant qu’agent secret en Amérique, chargée de participer à l’intervention des Etats-Unis aux côtés de l’Angleterre juste avant que les événements de Pearl Harbour ne changent la donne.
Une belle histoire d’amour se greffe sur tout ça mais Eva, à la fin de sa vie,  se sent à nouveau menacée et veut à tout prix que sa fille lui obtienne un ultime rendez-vous avec celui qui, selon elle, l’a trahie, l’obligeant à fuir et à se cacher durant toute sa vie.

Avec ce livre, je renoue à la fois avec l’auteur et avec un certain intérêt pour les personnages  espions. J’ai toujours cru que je n’aimais pas  les aventures d’espionnage mais «La vie aux aguets» me donne tort puisque le double récit de cette fille et de sa  mère, agent secret dans les années 39/41,  m’a passionnée dès les premières phrases.

Quand, petite, je me montrais grincheuse, contrariante et dans l’ensemble insupportable, ma mère me réprimandait avec des: "Un jour, quelqu’un viendra me tuer et tu le regretteras". Enfant, on ne prend pas au sérieux ce genre de remarque. Aujourd’hui - alors que je repense aux événements de cette interminable canicule de 1976, cet été pendant lequel l’Angleterre tituba, suffoquée, terrassée par une vague de chaleur interminable - je sais ce dont ma mère parlait: je comprends ce sombre courant d’une peur profonde qui circulait sous la calme surface de la vie ordinaire, et qui ne l’a jamais quittée, même après des années d’une existence paisible, sans rien d’exceptionnel. Je m’en rends compte maintenant: elle a toujours redouté qu’on vienne la tuer. Et elle n’avait pas tort. 
Ainsi racontée, l'histoire peut sembler peu intéressante mais à lire, c’est passionnant. C’est tout l’art de l’auteur. Bravo!

William Boyd. La vie aux aguets. Roman. (Éditions du Seuil, 2007, 333 p.) Traduit de l’anglais par Christiane Besse. Titre original: Restless

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