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Concentré d’agressivité et de bêtise sarkozystes

Publié le 30 avril 2012 par Variae

Quand la campagne présidentielle sera terminée, quand les esprits refroidiront et que l’on commencera à regarder en arrière sur ces quelques mois sous adrénaline, on sera sans doute stupéfait du niveau de violence, progressivement devenue banale et ordinaire, des échanges entre les candidats et leurs équipes. Et on sera plus encore – je n’ose dire stupéfait, car ce n’est pas une surprise – consterné par la contribution du camp sarkozyste à ce pugilat boueux.

Concentré d’agressivité et de bêtise sarkozystes

Prenons, au hasard, ce communiqué publié sur le site de la France Forte, un parmi d’autres, contre l’appel du Syndicat de la Magistrature à voter contre Nicolas Sarkozy.

L’appel du Syndicat de la Magistrature à voter contre Nicolas SARKOZY : les derniers masques tombent !

Le titre met déjà dans l’ambiance, quelque peu paranoïaque, de la « France Forte » assiégée par des ennemis qui avancent masqués. Un calvaire, heureusement, qui touche à sa fin (les « derniers masques »).

Après la CGT, voici un autre syndicat, le Syndicat de la Magistrature, qui appelle, aujourd’hui, à voter contre Nicolas SARKOZY.

N’en déplaise à François Fillon qui s’inquiète aujourd’hui des attaques systématiques du président en sursis contre les syndicats, ceux-ci sont bien globalement des ennemis du candidat du peuple : « voici un autre syndicat qui … ». Et encore un, et un autre, et un autre !

Par cet acte partisan inadmissible, le Syndicat de la Magistrature viole ses propres statuts selon lesquels il a « pour objet de veiller à la défense (…) des principes démocratiques ».

Je ne me souviens pas avoir lu de communiqué de la France Forte fustigeant l’esprit partisan inadmissible de Laurence Parisot quand elle louait, il y a peu, le « boulot extraordinaire » effectué par Nicolas Sarkozy. Mon attention a sans doute dû flancher un moment. Plus drôle est le rappel des statuts du syndicat, censé pointer son incohérence : et si cela voulait justement dire que pour ces magistrats, c’est bien Nicolas Sarkozy qui met en danger les « principes démocratiques » ? C’est justement ce que dit le communiqué du syndicat : Sarkozy « n’a fait que bafouer l’indépendance de la justice, mener une politique partisane de nomination des magistrats et délégitimer les contre-pouvoirs ainsi que les institutions en charge de la probité publique ». Oups.

Par cette prise de position politicienne qui vient rejoindre celle des porteurs de drapeaux rouges, le Syndicat de la Magistrature déshonore le syndicalisme français et prend délibérément le risque de jeter le discrédit sur les professions judiciaires.

Les « porteurs de drapeaux rouges » : de même qu’ils n’hésitent plus à piocher dans le vocabulaire pétainiste pour habiller leurs discours (« la fête du vrai travail »), Sarkozy et ses porte-paroles tentent de ressusciter le folklore du couteau entre les dents pour provoquer un réflexe anticommuniste dans l’électorat. C’est ainsi que le président-candidat ponctue chacun de ses discours ou passages médias d’une évocation de François Hollande qui voudrait, le premier mai, « défiler derrière les drapeaux rouges » … alors que le candidat socialiste a annoncé de longue date qu’il commémorerait le décès de Pierre Bérégovoy. Quand le mensonge – habitude désormais systématique du sortant – se joint au manque de respect pour les morts.

Trahissant ainsi la vocation des magistrats de France qui sont, pour leur immense majorité, impartiaux, le SM n’hésite pas à bafouer sans vergogne le principe fondamental d’indépendance de la justice. Mais au-delà de la trahison indigne, ce sont aussi les derniers masques qui tombent.

Après le « déshonneur » et le « discrédit », la « trahison indigne » et les principes « bafoués » : on entend presque le bruit hystérique des doigts sur le clavier du permanent de service qui a commis cette prose. Quant au « principe fondamental d’indépendance de la justice », il est savoureux de le voir être brandi en étendard par le parti qui a voulu supprimer les juges d’instruction indépendants.

Après avoir passé cinq années à s’opposer à chacune des réformes et initiatives voulues par Nicolas SARKOZY pour mieux protéger les Français et après avoir pris systématiquement le parti des voyous contre les policiers et les victimes, le SM montre son véritable visage : celui du laxisme au service d’une idéologie, l’idéologie de l’excuse prônée par François HOLLANDE. Ce n’est donc pas un hasard si le Syndicat de la Magistrature soutient si activement François HOLLANDE : pour eux deux, les droits des criminels et des délinquants seront toujours supérieurs à ceux des victimes.

C’est le feu d’artifice final : Syndicat de la Magistrature = François Hollande = laxisme = « idéologie de l’excuse » = « le parti des voyous », contre les « victimes » et les « policiers ». Ceux à qui Nicolas Sarkozy, suivant Marine Le Pen, propose justement d’accorder la présomption de légitime défense, soit un genre de permis de tuer façon L’Inspecteur Harry. Si on pousse le raisonnement jusqu’au bout, le Syndicat est même co-responsable de la violence et de l’insécurité, puisque non content de protéger les agresseurs, il s’est même opposé aux réformes protectrices du président sortant. Dommage de ne pas l’avoir écrit en toutes lettres !

Le 7 mai au matin, quand la tension retombera et que chacun retrouvera ses esprits, osera-t-on encore se regarder dans un miroir à l’UMP ?

Romain Pigenel


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