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Autant en emporte le vent

Publié le 01 mai 2012 par Auroretaupin
Autant en emporte le vent
J'avais pourtant déjà vu le film mais le livre ne m'en a pas moins conquise. Scarlett O'Hara, figure mythique de mon enfance : il y avait pourtant de quoi être déçue tant les attentes étaient grandes. Prudente, j'ai commencé par n'acheter que le tome I, pour parer à toute déconvenue. Bien mal m'en a prise, je me retrouvais complètement accro dès les 2 premiers chapitres de ce premier tome, en quête désespérée des deux suivants, évidemment introuvables dans les premières librairies que j'essayais. Mon impatience me fit avoir raison de la suite en moins d'une semaine, alors qu'il s'agissait tout de même de deux beaux pavés de 500 pages chacun.
Autant en emporte le vent, pour les chanceux qui n'ont ni vu le film ni lu le livre, c'est l'histoire captivante qu'une jeune fille sudiste à l'heure de la guerre de Sécession. Fille de riches planteurs de coton, elle vit à Tara, la propriété familiale, dans une insouciance et une opulence qui contrasteront bien vite avec les temps durs de la privation et de la pauvreté de la guerre imminente. Le noeud du récit, c'est bien sûr cette histoire d'amour impossible entre notre Scarlett, impétueuse, fougueuse, têtue et Ashley Wilkes, jeune homme cultivé, rêveur et idéaliste, qu'elle ne cessera de poursuivre pendant le récit. Déçue de le voir se marier avec sa promise de toujours, la douce Mélanie au visage en forme de coeur, Scarlett riposte sans demi-mesure, dans un sursaut d'orgueil, en s'unissant au frère de Mélanie, le chétif Charles Hamilton, pour lequel Scarlett n'éprouve au mieux que pitié, au pire du mépris. Le décor est planté, l'histoire peut vraiment commencer. Le temps de lui faire un enfant, et Charles meurt sur le front contre les Yankees, d'une héroïque pneumonie. Scarlett se retrouve donc à cohabiter avec Mélanie, qui attend fébrile des nouvelles de son Ashley lui aussi sur le front. Commence alors leur vie à Atlanta, la solitude de Scarlett qui enfermée dans son rôle de veuve, se morfond de ne ne plus pouvoir se conduire comme la jeune fille insouciante qu'elle était encore il y a peu. Mais la rencontre avec Rhett Butler va tout changer ... Assez pour mettre l'eau à la bouche, n'en disons pas plus.
Autant en emporte le vent emballe par son récit rythmé, ponctué d'événements tragiques qu'on vit comme si on y était - la fuite d'Atlanta en flamme, la déroute du déserteur-pilleur Yankee, l'attaque dans les bois par les affranchis, avec des ellipses qui surviennent toujours au bon moment pour alléger le récit. Il y aussi et surtout ces dialogues fantastiques, ce ping-pong verbal permanent entre Scarlett et Rhett, son alter-ego masculin, qui se chamaillent et se cherchent, se piquent et se séduisent, se trahissent et s'unissent. Scarlett et Rhett, ou la genèse des histoires d'amour modernes faites de fuites et de poursuites. Particulièrement travaillé, le personnage de Scarlett est tout en facettes finement ciselées : la prétentieuse, l'ambitieuse, l'amoureuse, la courageuse, mais aussi la manipulatrice, la peu scrupuleuse, l'envieuse, l'égoïste ... Perpétuellement tiraillée entre sa soif de pouvoir et d'argent et sa fidélité à l'enseignement maternel fait d'humilité et de respect, on la voit hésiter, trébucher, avancer puis reculer sur les différents chemins que lui ouvrent les événements difficiles de l'époque. En plus de Scarlett et du génial Rhett, une multitude de personnages secondaires attachants enrichissent encore le récit : la douce Mélanie donc, mais aussi le pleutre Ashley, la chaleureuse Mama, l'acariâtre Mlle Pitty etc.
Autant en emporte le vent n'est pas qu'une histoire d'amour qui s'inscrit dans un cadre historique, mais c'est aussi le récit en filigrane d'un temps de l'histoire américaine plutôt méconnu de ce côté-ci de l'Atlantique. Qui plus est ainsi conté avec l'oeil sudiste, il propose un point de vue à contre-pied de nos croyances habituelles sur la guerre de Sécession : les Sudistes ne sont pas seulement de méchants esclavagistes et les Yankees de bons abolitionnistes. Le récit de l'après-guerre vaut à lui seul le détour, pour son analyse subtile de la rancoeur des perdants, du triomphalisme des vainqueurs, de cette reconstruction pleine d'humilité qui s'opère petit à petit.
Il n'y en a pas beaucoup des livres de 1500 pages qui vous tiennent captifs d'un bout à l'autre, il serait dommage de louper l'un d'entre eux ...


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