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Nitrate

Par Deathpoe

Quelque chose avait du céder pendant la nuit. Je me suis réveillé en milieu de matinée. Le soleil était là, et je n'avais pas mal. Même mieux, je n'étais pas angoissé. Avec tout ce que j'avais fumé la veille au soir, ce n'était pas vraiment étonnant mais, c'était le prix à payer, si je peux me permettre. Le premier café du mâtiné était savoureux et mes doigts enlaçaient délicatement ma cigarette. C'est à ce moment que je me suis rappelé ces mots: "J'arrêterai de me battre contre moi-même."
Ne plus éponger le passé et paniquer en cherchant un sens dans l'avenir ne valait vraiment plus le coup. Depuis un an je me battais, avec quelques belles défaites et aucune victoire flagrante. J'étais maintenant capable de m'en tenir à un seul verre si je le décidais et même, il pouvait s'écouler des semaines sans que je ne touche ne serait-ce qu'une bière. Bien sûr, lorsque j'en avais envie, je n'hésitais pas. Le travail m'apportait la plupart du temps à la fois une certaine satisfaction mais aussi et surtout une relative dose d'adrénaline.
Milieux d'après-midi, je descends place Saint-Jacques et me dirige vers la pharmacie. Puisque je jouis de toute la liberté possible, autant le faire avec arrogance. En passant devant un bar-restaurant je me demande si les serveuses qui y travaillent ne sont pas embauchées pour leur cul. Aucune importance, il y a du soleil et je passe entre les gens en restant invisible.
Des couples d'étudiants qui rient bêtement à la bibliothèque universitaire. J'essaie de rester concentré sur mes phrases fragiles, qui d'un coup se découpent beaucoup moins bien que ce que j'avais imaginé quelques minutes auparavant. Dès lors que je n'aie plus que des suppositions concernant mes lendemains, il n'y a plus qu'à essayer de s'empiffrer d'instants présents. En regardant la réalité en face. En trompant la solitude, cette impression de marcher dans des sables mouvants sans pouvoir esquisser un seul soupir. Limitant la souffrance et l'inutile émotion subjuguante des sentiments illusoires. Et en trompant la mort.
Tout ça ne pouvait certainement pas être pire que la routine.


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