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Culte ou messe ?

Publié le 16 mars 2008 par Journaldecharlotte
Aujourd'hui, mon amie Rose était invitée à aller à l'église avec une nouvelle connaissance rencontrée chez le coiffeur. Rose est aussi immigrante et elle n'est pas de religion catholique, comme moi. Nous sommes protestantes, ce qui est rare au Québec francophone, beaucoup plus courant chez les anglophones.
Rose est chrétienne et aimerait trouver un espace pour partager sa foi avec des personnes qui croient dans les mêmes valeurs qu'elle. C'est aussi ce que j'ai fait quand je suis arrivée au Québec.
J'ai alors été invitée à aller assister à plusieurs célébrations dans différentes églises baptistes, qui se rapprochent le plus des protestants. Le côté trop dogmatique pour moi ne m'a cependant pas accrochée.
J'ai fini par me dire que je pourrais aller à la messe. De toute façon, dans le fond, j'aime aller dans les églises pour sentir l'énergie qui s'y trouve, surtout dans les plus vieilles églises. J'aime aussi beaucoup chanter les chants liturgiques. Ça vient me chercher profondément. Logiquement, dans ma tête, je me disais qu'une messe ne devait pas être si différente d'un culte.
Donc, je suis allée à la messe au coin de la rue chez nous. Je voulais juste chanter, dans le fond, et me replonger dans cette énergie si spéciale que j'aime dans les églises. Je n'étais jamais allée à la messe et je n'avais reçu aucune formation à ce niveau-là.
Je suis entrée dans l'église et me suis assise sur un banc, proche du mur pour que le monde ne me voit pas trop. On ne sait jamais, au cas où je ferais une gaffe. J'ai vu un petit livret déposé en face de moi dans le dos du banc d'en avant. Je l'ai pris et l'ai feuilleté. C'était, semble-t-il, les étapes de la messe du jour. «Chouette, je vais pouvoir suivre !» me suis-je dit toute contente.
Le curé est arrivé en chaire et la messe a commencé. Je suis alors restée sidérée, tout au long de la cérémonie : le curé disait quelques mots, les gens se levaient, disaient quelques mots appris par coeur d'un ton monocorde et sans aucune âme, se rasseyaient, le curé disait quelques mots et ça recommençait, Debout, blabla, assis, curé blala, debout, blabla, assis, prière, debout, blabla, petit bout de chant, assis, prière, etc... Mon livret ? Je n'arrivais tout simplement pas à suivre !
Je suis sortie de là complètement sous le choc. Où était l'âme d'une église, d'une assemblée, d'un officiant qui dit de belles choses intelligentes avec son coeur et non par coeur, cette énergie enlevante quand l'orgue démarre et que toute l'assemblée chante ? Rien, niet. Que du «par coeur» répété sans âme aucune.
Je ne me suis pas découragée et suis allée dans une autre église, puis une autre. Toujours pareil. J'ai abandonné... et ne suis plus retournée à l'église qu'à Noël pour faire plaisir à ma tante adoptive pour qui c'est important. Elle sait ce que j'en pense, cependant, et on se respecte l'une l'autre.
J'ai cherché longtemps une église «protestante évangélique libre» au Québec, sans succès. Ou au moins, une église où il y a une âme, une énergie qui vient me chercher. Pas trouvé.
Par contre, j'ai découvert une philosophie qui m'a permise de répondre à mes questions existentielles. Une philosophie spirituelle qui allie spiritualité et psychologie, Le Cours en Miracles. C'était il y a presque 20 ans. Nous nous rencontrions en groupe tous les lundis soirs dans le sous-sol chez quelqu'un et nous partagions ensemble, spontanément, simplement. C'était comme de minis ateliers de thérapie mais axée sur des enseignements spirituels appliqués à la vie courante, à nos émotions, à ce que nous ressentions, aux changements à appliquer à notre façon de penser pour comprendre ce que nous vivons et nous faisons vivre. Là, j'ai trouvé toutes les réponses que je cherchais.
Aujourd'hui, les enseignemens du Cours en Miracles font partie intégrante des valeurs de vie de bien des personnes que je côtoie, qui ne connaissent même pas le Cours. Même des psychologues et psychothérapeutes les emploient et on trouve énormément de textes reflétant cette façon de penser sur internet. Le Cours en lui-même est dépassé mais ces valeurs sont intégrées à la société.
Et puis, aujourd'hui, Rose me parle qu'elle a été invitée à aller à l'église ce matin. Pas n'importe laquelle : les Témoins de Jéhovah. Quand elle m'a dit ça, je suis retournée à l'époque où j'étais au lycée et où je cherchais un espace spirituel qui me corresponde après avoir fermé la Bible. Je n'y trouvais pas les réponses aux questions que je me posais.
J'avais une amie de classe qui était Témoin de Jéhovah. Elle m'a invitée à aller à une célébration. J'ai bien aimé mais ça ne me collait pas.
Cette amie était première de classe et vouée à un bel avenir universitaire. Elle avait toujours l'air calme et sereine et j'admirais cet équilibre qu'elle dégageait, rempli de douceur et de compassion. Elle s'est mariée en sortant du lycée et a tenu maison. C'était ce que sa religion dictait, à l'époque. Je ne sais pas si c'est encore comme ça. Nous avions à peine 19 ans. Après avoir passé trois ans avec elle quotidiennement, nous n'avons plus eu de nouvelles.
Tout ça pour dire que Rose m'a demandé de trouver sur internet une église qui lui colle plus (car elle n'a pas internet à la maison). J'ai donc fait un petit tour sur Google mais n'ai rien trouvé. J'ai fini par écrire à un monsieur d'un site sur l'histoire du protestantisme franco-québécois.
Deux heures plus tard, il m'a répondu par un long courriel rempli d'informations, d'adresses et de numéros de téléphone : effectivement, aucune église «protestante évangélique libre» n'existe au Québec. Il m'a cependant parlé de l'Église Unie, de l'Union Baptiste et de l'Église évangélique libre du Québec en Estrie. D'après ce monsieur, l'Église Unie pourrait ressembler à celle dans laquelle j'ai été élevée, et Rose aussi.
Je vais envoyer toutes ces infos à Rose et j'irai peut-être à un culte avec elle car elle tient à se trouver un espace spirituel, contrairement à moi. En fait, j'aimerais en trouver un mais je crois à des choses qui dépassent la religion, quelle qu'elle soit, et je ne crois pas que Jésus soit mon sauveur, mon seul guide, etc... En plus, en tant que protestante, je ne crois pas aux saints et à toute la smala entourant Dieu que les autres religions ajoutent abondamment pour détourner les brebis et les avilir dans le péché et la culpabillité. Je n'ai pas reçu ces enseignements. Je ne me souviens que d'un enseignement qui a toujours été important autant dans la religion que dans notre famille : le respect, l'amour, la compassion.
Je parlais à ma tante dernièrement et je lui disais que j'ai souvent des réponses à mes demandes.
- A qui tu demandes ? m'a-t-elle demandé.
- En Haut, ai-je répondu.
- Moi, je demande à St-Untel, à la Vierge Marie, à Ste-Unetelle.
- Oh, moi je vais directement en Haut.
- Oh ??? Tu vas au Directeur directement ?
- Ben... oui...
Elle a eu l'air étonnée, comme si ça ne se faisait pas. Il faut dire que j'ai un gros problème avec l'autorité et la hiérarchie alors je demande à qui je veux. Dieu est disponible pour tout le monde et je ne vois pas pourquoi je passerais par d'autres pour y arriver.
Avec les années, j'ai décidé de ne plus chercher aucun groupement qui me permettrait de rencontrer des gens qui pensent et croient aux mêmes choses que moi. Je vais cependant à plusieurs, de temps en temps, chacun différent et ayant un bout de ce que je ressens, mais pas tout. Dans chacun, je vais chercher quelque chose qui me fait du bien et c'est ça qui est important.
La spiritualité, c'est quelque chose de profondément personnel et intérieur. Pour rencontrer du monde dans ce domaine, c'est comme avec les amis : on en trouve un bout à partager avec chacun d'eux, mais pas tout dans un. En tout cas pas moi...


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