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261ème semaine de Sarkofrance: alors, c'est la fin. Ou pas?

Publié le 04 mai 2012 par Juan
261ème semaine de Sarkofrance: alors, c'est la fin. Ou pas? Il nous avait promis de « l'exploser » en plein vol et en plein débat. Bien sûr, c'était une confidence en off à quelque journaliste du Figaro. Mais ce fut l'inverse. Son agressivité ne porta pas. Cette semaine, la dernière de sa présidence active, se termina sur François Bayrou rejoignant le référendum anti-Sarkozy.
Désarçonné, le Monarque faisait mine d'attendre, encore fois, une vague, cette fois-ci qualifiée d'immense.
Voici la dernière chronique de la dernière semaine du dernier quinquennat de Nicolas Sarkozy.
J-7: Sarko et les officines
A Dimanche+ sur CANAL+, le Monarque zigzagua une fois de plus, une fois de trop. Il sentait qu'il était aller trop loin contre l'Immigré. Non pas qu'il avait renoncé à convaincre un maximum des électeurs frontistes du premier tour. Mais son propre camp avait fini par être gêné. Et François Bayrou ne s'était pas encore prononcé.
Il se félicita donc de la France accueillante, mais ne put s'empêcher de raviver le cliché d'une immigration profiteuse de notre Sécurité sociale: « Je ne peux pas accepter – dans la situation économique, fiscale, sociale de la France – une immigration qui ne serait motivée que par le seul attrait de prestations sociales parmi les plus généreuses d’Europe. Qu’y a-t-il d’antirépublicain à cela ? » Qui y avait-il de républicain à ne jamais parler des bénéfices, notamment économiques, de l'immigration ?
Ensuite, il fila à Toulouse. Son meeting fut retransmis en direct dans 6 autres villes de France, dans des salles parfois à moitié vides.
A Toulouse, il fit peur avec la Grèce, l'Espagne, le drapeau rouge, et l'immigré. 
Encore.
Nicolas Sarkozy s'était aussi énervé contre la récente révélation de Mediapart, qualifiant le site d'« officine au service de la Gauche ».. Mediapart avait commis l'infâme sacrilège de publier un courrier de l'ancien patron des secrets libyens, daté de 2006, adressé à un autre dignitaire libyen, et confirmant le don de 50 millions d'euros à la campagne de Nicolas Sarkozy de 2007. L'auteur, incarcéré au Royaume Uni, et le destinataire, protégé d'Interpol par les autorités françaises, nièrent avoir écrit/reçu ce courrier. Sarkozy dénonça l'« infamie » et, le lendemain, porta plainte contre Mediapart.
Durant le weekend, Dominique Strauss-Kahn avait été surpris rue Saint-Denis, à l'anniversaire de Julien Dray. Et quelques extraits d'un ouvrage sur DSK avaient été publiés par The Guardian. L'occasion fut trop belle pour le clan sarkozyste. Avec un sens de l'opportunité et du contrefeu médiatique parfait, le Figaro publia quasiment de larges extraits du PV d'audition de DSK devant les magistrats dans l'affaire du Carlton de Lille. Une audition vieille de 5 semaines. Nous nous interrogions: Le Figaro est-il une officine de Nicolas Sarkozy ? Mieux, la DCRI de Bernard Squarcini demanderait-elle les fadettes de la journaliste du Figaro pour identifier l'origine de cette violation du secret de l'instruction ?
La riposte sarkozyste passait aussi par Nathalie Kosciusko-Morizet, la porte-parole du Monarque Celle qui écrivait tout son désaccord à l'encontre du FN il y a 6 mois abusait désormais de tous les excès de langage et amalgames pour fustiger François Hollande, sans trouver rien à redire à la course vers l'extrême droite de son mentor. 
J-6: Sarko élève le débat
« Chaque fois que je m'adresse aux Français, je veux élever le débat.» Nicolas Sarkozy avait toujours de curieuses et schizophrènes formules, comme ce lundi 30 avril, en Avignon. Les observateurs notèrent que Sarkozy semblait cramé, grippé, épuisé. Il faisait trop chaud.
Mais Sarkozy continua dans la surenchère de dernière ligne (d'extrême) droite: « moi, je n'accepterai jamais l'euthanasie ». Sur la dépénalisation du cannabis, « je laisse à Monsieur Hollande et ses amis ces idées-là ».
A Avignon, il fit peur avec la Grèce, l'Espagne, le drapeau rouge, et l'immigré.

Encore.
J-5: Sarkozy chez les Riches 
Pour le 1er mai, Nicolas Sarkozy fit le meeting qu'il souhaitait. Ou presque. C'en était drôle. D'abord le lieu, place du Trocadéro, au coeur du riche XVIème arrondissement. Célébrer « le vrai travail » chez les Rentiers, quelle curieuse idée ! Ensuite la foule. Sarkozy, sur l'estrade, annonça 200.000, soit près du double de son meeting de la Concorde, dans un espace cinq fois plus petit. Au mieux, ses supporteurs étaient 30.000, ce qui était déjà bien. Pourquoi toujours en rajouter ? Il y avait Jean-Christophe Lagarde, Nadine Morano, Alain Juppé et François Fillon. Mais Jean-Louis Borloo, un temps promis sur l'estrade, boudait encore. N'assumait-il plus ? Il restait caché. Il pensait aux législatives.
Deux heures avant, Marine Le Pen avait promis de voter blanc au second tour. Contre Sarkozy. Elle lui disputait le leadership de la droite. Sarkozy avait si bien légitimé la plupart de ses thèses, qu'il ne lui restait plus qu'à dénoncer l'hypocrisie du clan Sarkozy. Soit Sarkozy assumait sa démarche jusqu'au bout, et donc appelait à voter FN en cas de duel FN/PS au second tour des législatives, soit il fallait l'achever.
Contre le « faux travail » et les « vrais assistés », il eut ses habituelles caricatures. Comme celle sur la prétendue injustice «que les aides soient trop souvent réservées à ceux qui n’ont pas travaillé et que ceux qui ont travaillé soient moins aidés.» Il défendit sa TVA sociale, « une TVA pour freiner les délocalisations, pour protéger l’emploi français.» C'était faux, car la baisse de charges sociales bénéficiera marginalement aux secteurs exposés à la concurrence étrangère (notamment l'industrie). Et la hausse de TVA en octobre prochain - +1,6 point - restera trop dure pour le plus grand nombre (après celle de 1,5 point pour la TVA réduite, les déremboursements médicaux, la hausse des taxes sur les mutuelles, etc), et trop faible pour changer quoique ce soit pour le coût du travail.
Il tenta aussi de propager un nouveau concept,« un nouveau modèle français». Il était trop tard, à 5 jours du second tour, de s'inventer des gadgets électoraux.
Au Trocadéro, il fit peur avec la Grèce, l'Espagne, le drapeau rouge, les médias et l'immigré.

Encore.
J-4: Caliméro au Grand Débat
C'était le Grand Débat, le Grand oral. Nicolas Sarkozy attaqua dès ma première minute. François Hollande répliqua dès la dernière minute. Au final, la presse conclut au match nul ou à la victoire du candidat socialiste. Ce qui voulait dire que la victoire avait été sacrément franche. Nicolas Sarkozy avait surpris jusqu'à son camp. Il semblait usé, incapable de sortir du terrain de son adversaire. Il voulut passer pour une victime, énumérant toutes les méchancetés et énormités prononcés contre lui depuis 5 ans. Dans le même paragraphe, il se félicitait d'avoir réussi à rassembler la France. La preuve, aucune violence, aucune émeute. C'était faux, on se souvenait de la bataille de Grenoble.
Il voulait qu'on oublie son bilan, les atteintes aux personnes qui augmentent, l'éducation en berne, le bouclier fiscal, la précarité en hausse, la désindustrialisation, le chômage qui explose, les déficits aggravés avant la crise, etc. Etc. Etc. Fallait-il répéter, une à une, toutes les promesses non tenues ?
Il répéta des pans entiers de ses discours de meetings. Mais ce qui passait devant des supporteurs survoltés fut démonté pièce par pièce par François Hollande. Sarkozy avait commis une immense erreur d'appréciation sur son adversaire. Il avait fini par croire aux mensonges qu'il proférait lui-même.
En fait, nous réalisâmes que pour la première fois depuis 5 ans moins deux jours, Nicolas Sarkozy était face à un contradicteur, contraint de répondre sur son bilan et ses propos. Souvent, il usa de termes violents, tels « mensonge » ou « calomnie ». Souvent, il fut à court d'arguments quand Hollande démontait ses outrances.
J-3: Sarko sent la « vague immense »
Nous étions jeudi. Nicolas Sarkozy semblait apaisé. Ses proches lui avaient dit qu'il avait été génial, immense, fantastique. Ses proches, ce sont son premier problème. Son dernier grand meeting était pour Toulon, en fin d'après-midi. Durant la journée, il confiait sa satisfaction après le débat d'hier. Il était plus calme, il ne regrettait pas la violence, la tension (« une campagne, c'est dur »).
Il ne fallait pas chercher bien loin, pourtant, pour comprendre combien le trouble était manifeste au sein de l'équipe de campagne. Les éléments de langage étaient mal rodés et confus. Nadine Morano expliqua que 3 débats d'une heure (tiens, d'une heure seulement ?) auraient mieux qu'un débat de trois heures. Guillaume Peltier qualifia Hollande d'agressif. Benjamin Lancard l'avait au contraire trouvé pas assez punchy.
Sarkozy voulait se rassurer, et promettait à ses soutiens et son public, « la plus grande surprise de la Vème République » pour dimanche soir. A Toulon, il éructait encore sur une estrade: «Deux jours de mensonges, et des années pour régler la facture, voilà le projet socialiste » ! Il reprit ses accusations habituelles, contre les « tribus » étrangères, contre la presse, contre la « gôche ». Ses discours étaient si agressifs, qu'une vingtaine de supporteurs se crurent autoriser à cracher et crier sur deux journalistes de BFM-TV présents dans l'enceinte du meeting. Le lendemain sur Europe 1, Sarkozy les excusa: « il faut les comprendre ».
La vraie (et seule) nouveauté de cette campagne était celle-là: après le chômeur, le pauvre, l'immigré, le banquier, le trader, Sarkozy s'était trouvé un nouveau bouc-émissaire: le journaliste.
Mais le soir, ce fut le coup dur. François Bayrou annonçait qu'il voterait François Hollande. Le centriste avait franchi le Rubicon. Et non pas par adhésion au programme du candidat socialiste. Mais par rejet de la dérive extrémiste de Nicolas Sarkozy. L'appel au référendum anti-Sarkozy était complet.
Le Monarque avait su rassembler une large coalition arc-en-ciel, mais contre lui. Il fallait le virer, et que notre espace démocratique reprenne son cours normal.
J-2: Sarko ensablé ?
Vendredi matin, sa rage était sourde. Contre Bayrou, étrillé de critiques venant du clan Sarkozy depuis la veille au soir, l'attaque fut directe et sans inspiration: « Bayrou manque de cohérence ». Sarkozy se voulait encore combattif. « Vous verrez dimanche soir, vous verrez une grande surprise ». Il se prenait encore pour la France: « le peuple de France ne s’est jamais senti comme ces dernières semaines, injurié, acculé, manipulé ». Il s'en prit encore aux journalistes, au « monde médiatico-politique » évidemment de gauche, un « monde égocentrique qui se regarde le nombril ». Il se croyait encore candidat du peuple.
Bizarrement, il avait encore un meeting, mais dans une petite salle municipale, aux Sables-d'Olonnes, devant 2.000 militants à peine. « Je sais bien qu'aujourd'hui, le classicisme en politique, c'est de faire peur. Ce n'est pas mon intention. » Et le voici qui enchaînait sur ... l'Espagne. Il se répétait, c'était normal. Il enrageait contre des ennemis imaginaires: « je déteste l'égalitarisme !», mais qui était pour ? «Je pense que la chasse aux Riches est une absurdité ! », mais qui pensait le contraire ?
En coulisses, la cellule Riposte de l'UMP propageait ses dernières boules puantes contre Hollande. Leur campagne s'enfonçait un peu plus dans les égouts. Le candidat socialiste était qualifié de « Malhonnête, mou, parachuté, mauvais gestionnaire, mal entouré » sur un faux site de campagne. Un autre communiqué de presse dénonçait la « tricherie », la « manipulation », ou la « paresse » du rival socialiste.
Ils pouvaient être énervés, à l'UMP. Mediapart avait ouvert son site au public.
J-1: Sarko au repos.
Les dés sont-ils jetés ? Samedi, la campagne est terminée. Chaque camp surveillait l'autre.
Nicolas se reposait avec Carla. Il ferait du vélo, au Chateau de la Lanterne, à Versailles. Ou il regarderait un classique de Dreyer, puisqu'il adore cela. Il était confiant, il ne pouvait pas croire à sa défaite.
Ami sarkozyste, je sais où tu es.
Quitte ton mentor et rejoins-nous.
Il est encore temps. La République mérite mieux. 

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