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Mais il n'y a plus de sujet

Publié le 06 mai 2012 par Poch

Au cours de mes pérégrinations de plus en plus rares sur le net, dans mes lectures de la presse, revient le thème de "la Démocratie est-elle ce qu'elle dit être?". Ce sujet a déjà été évoqué dans sur ce même site à l'occasion d'un billet à déterrer.

La question se pose d'autant plus que nous sommes en pleine période électorale qui touche aujourd'hui même à sa fin. Le Peuple s'exprime, met à sa tête l'homme ( ou la femme ne soyons pas - jamais - sexiste ) qui décidera autant qu'il le peut de son avenir.

J'ai déjà émis une objection sur cette notion de Peuple : il n'existe plus. Disons qu'en lieu et place se tient une collection d'individus partageant à peine la même langue et pour certains d'entre-eux un fond de culture s'effrittant avec le temps. Ce sont les citoyens. Certains se réjouissent de cet état de fait, d'autre le déplorent. Certains ont opté pour cette nouvelle religion de l'avenir qu'ils appellent Progrès, d'autres pleurent sur les vestiges du Passé, d'un passé qu'ils regrettent sans l'avoir jamais connu ou si peu ou si mal. De ces deux courants dans leur opposition résulte ce vers quoi tend notre société.

Le Peuple n'existant plus, son gouvernement n'existe plus ( Démos = Peuple ). Une élection présidentielle maintient l'illusion d'une certains cohésion nationale dans un pays ou l'homme ne perçoit sa réalité qu'en fonction de son intérêt propre immédiat. Sans attache aucune à la terre qui l'a vu naître ce dernier l'abandonne sans remord ni scrupule afin de maximiser un intérêt. La délocalisation de l'industrie rend compte de cet état de fait. Aucune volonté de maintenir un tissu économique locale, de participer de la vie d'une contrée, seule reste la volonté de réduire un coup, maximiser un profit.

Il y a toujours quelque chose de déprimant à parcourir nos campagnes sur le réseau routier secondaire : villages peuplés de vieillards livrés à eux-même, voilà en quoi nous avons transformé nos campagnes. Des exceptions existent qui participent d'un renouveau improbable. Avoir livrée l'Agriculture en patûre à l'industrie agro-alimentaire participe de cela également. Il y a quelque chose de ridicule à consommer des produits ayant parcouru par les aires des milliers de kilomètres pour venir alimenter les rayons d'un petit super-marché d'une petite ville de province au déclin déjà consommé. Plus que jamais acheter pour vous nourrir les aliments produits par des hommes et des femmes vivant dans un rayon de 100 km autour de vous. Ce faisant, vous les maintenez dans le pays car leur activité permet de subsister. Acheter le miel de l'apiculteur du coin qui vient vendre sur le marché qui se tient encore, votre pinard, prenez-le chez le caviste et non pas dans une grande enseigne. Accepter de consommer moins mais mieux. Et c'est là que l'effort doit être fait, un niveau de chacun mais surtout ou niveau de ceux qui font des choix capitaux pour la société.

Que la Ville s'ouvre sur la Campagne voilà qui me semble des plus nécessaires. Aujourd'hui le territoire vit sur cette opposition Ville / Campagne. Cela doit cesser. La surconcentration n'est plus à l'ordre du jour. Un réseau routier des plus denses, des moyens de communications ubiquistes rendent cette dichotomie caduque. Ouvrir la Ville sur la Campagne, qu'est-ce donc concrétement? Et bien je n'en sais rien. Peut être des liens étroits sont à tisser entre ces deux mondes. Une partie de la population peut être relocalisée, les centres d'affaire comme celui de la Défense dans les HAuts de Seine peuvent être éclatés au quatre coins du Royaume, les administrations de même doivent être saupoudrées au quatre vents, des petits bus peuvent silloner en tout sens le réseau départemental ( qui paie cela ? ), les gros centres universitaires sont eux aussi atomisés... Bref, on multiplie les noeuds du graphe et les liens entre ces noeuds. De la complexité au sens mathématique du terme voilà ce qu'il faut pour notre territoire.

La ré industrialisation de la France a été évoquée dans presque tous les programmes des candidats à cette élection présidentielle. Par de l'incitatif, ce voeux pieux ne se réalisara jamais. Seul le coercitif aménera aux résultats escomptés - pour peu qu'il est été réellement escompté, ce dont je doute -. En effet, aucun gouvernement ne peut proposer à un industriel des conditions aussi attractives que celles qu'il rencontre dans les pays émergents. Mais la contrainte qui ne va pas dans le sens du Système sous le joug duquel nous sommes volontairement asservi ( et ce d'autant plus que nous lui avons vendu notre âme et échange de condition de vie des plus confortables ) ne passera jamais, l'Etat sous sa forme actuelle veillant au maintien des conditions optimales d'existence du dit Système. Des changements au niveau mondial sont en cours qui pourraient à terme modifier la donne. La Chine souhaite faire émerger un marché intérieur en vue de pallier à une défaillance de l'Europe. Des hausses de salaires ouvriers entrent dans l'équation du profit et déplace les maximums de gains.

Je m'égard. Retour sur la Démocratie. Donc nous avons voté ... ou pas. Et bien cela me semble presqu'un lieu commun d'écrire que l'utilité d'un tel vote est sur estimé. En effet, le cap sera sensiblement le même. Des points de détail donne un coloration plus ou moins droite ou gauche mais le fond est semblable. Le Front de Gauche ainsi que le Front National qui représentent la rupture font des scores conséquents. Cela rend compte d'une réalité occultée par les médias ou mal perçue. Une frange importante de la population le soir devant sa télé parcoure l'onde hypnotique d'un songe révolutionnaire. Grâce à la Démocratie, le moindre pékin croit à un devenir. Il est moteur de l'Histoire, de son histoire, de son destin, il transcende sa médiocrité, s'élève haut très haut par delà bien et mal et jette dans l'urne toute sa frustration qui re-surgie par intermittence, tous les 5 ans. ( Très bien, vous m'avez perçu, je parle de mon cas, à ceci prêt que je ne vote pas pour les Fronts ).

Ces propos décousus doivent prendre fin. Il me faut néanmoins évoquer un autre point important : il doit y avoir réappropriation de l'Imaginaire. Remplacer l'Eglise par la Télévision ne va pas dans le sens d'une amélioration. User de l'Eglise à de telles fins est tolérable. C'est bien sûr problématique dans une société qui se dit laïque. Qu'elle remplace alors le message de la Télé - celle de tous les jours, des programmes les plus visionnés - par le sien propre.

Je me découvre réactionnaire. Je ne cesse de m'étonner.

ps :

Hors sujet - mais il n'y a plus de sujet -, à lire et regarder : "Shakespeare n'a jamais fait ça" - Charles Bukowski. Ce type a une tête incroyable. Je l'aime bien lui.


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