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François Hollande Président: Maintenant, c’est le changement!

Publié le 07 mai 2012 par Pslys

Impossible de ne pas faire le parallèle. Lorsque le visage de François Hollande s’est inscrit, à 20 heures, sur les écrans de télévision, dimanche 6 mai, c’est bien sûr à celui de François Mitterrand, apparu trente et un ans plus tôt, le soir du 10 mai 1981, que l’on songeait.

Sans cesse, dans la campagne présidentielle, le député de la Corrèze s’est référé à son illustre prédécesseur pour légitimer sa démarche, asseoir sa crédibilité, convaincre les socialistes qu’ils n’étaient pas voués à remporter un à un tous les scrutins locaux, voire les législatives comme en 1997, mais à perdre systématiquement l’élection reine qu’est la présidentielle.

François Hollande a imité les gestes et repris le verbe de François Mitterrand pour faire oublier la défaite de Lionel Jospin, en 1995, face à Jacques Chirac, puis son élimination, devancé par Jean-Marie Le Pen au premier tour de 2002, et encore l’insuccès de Ségolène Royal, en 2007, face à Nicolas Sarkozy.

UNE PARTICIPATION STABLE

Il a si bien réussi à « faire » François Mitterrand qu’il a reproduit, à quelques dixièmes de point près, le score du premier socialiste à avoir réussi à se faire élire président de la République sous la Ve République. Il est devenu le second en obtenant 51,68 % des suffrages exprimés, alors que François Mitterrand en avait totalisé 51,76 %, dans un contexte de participation sensiblement plus élevé : près de 86 % des électeurs inscrits s’étaient déplacés, le 10 mai 1981, pour départager François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing, tandis qu’ils n’ont été que 81,03 % à le faire, dimanche, pour choisir entre M. Hollande et M. Sarkozy.

Si la participation a été un peu plus forte qu’au premier tour, elle n’a pas connu le sursaut de près de 5 points qui avait été enregistré en 1981. Autre fait significatif, les votes blancs ou nuls ont été multipliés par trois d’un tour à l’autre et atteint, avec 5,85 % des votants, un niveau supérieur au record du second tour de 2002. Pour une part au moins, les électeurs qui ont choisi ainsi de ne pas choisir ont répondu à l’appel de Marine Le Pen, qui avait indiqué, le 1er mai, qu’elle agirait ainsi « à titre personnel », après avoir dit tout le mal qu’elle pensait de M. Sarkozy.

Le jeu de mime de M. Hollande aurait été infiniment moins efficace s’il ne s’était pas appuyé sur de réelles similitudes de situation. En 2012 comme en 1981, la crise ou, plutôt, les crises ont dominé le paysage politique, laissant peu de chances aux sortants. Elles ne sont pas de même nature, mais, dans les deux cas, c’est leur répétition qui se révèle mortelle. Sous son septennat, Valéry Giscard d’Estaing avait essuyé deux chocs pétroliers. Au moment où il espérait s’être tiré du premier, à coups de plans de stabilisation forcément impopulaires, le second l’avait rattrapé.

En 1981, au moment de rendre compte aux Français, il s’était retrouvé comme pris au piège.
M. Sarkozy a vécu exactement le même cycle : il a plutôt bien résisté à la crise des subprimes de 2008, démontrant d’indéniables capacités de réaction et d’action, mais il a été pris ensuite par la crise des dettes souveraines, qui a plombé toute la fin de son quinquennat.

LA DURÉE DE LA CRISE EN CAUSE

De quelle cohérence pouvait bien se revendiquer le « président du pouvoir d’achat » alors que le chômage et les impôts ne cessaient d’augmenter ? Nicolas Sarkozy a subi le même sort que les dirigeants du Portugal, de l’Espagne ou de l’Irlande, tous victimes du slogan : « Sortez les sortants ! » En ébranlant les fondements du sarkozysme, c’est-à-dire de cette droite qui pensait enfin, en 2007, avoir « remporté la bataille idéologique », la crise a créé les conditions de l’alternance.

C’est la raison pour laquelle, lorsqu’il était encore entre deux eaux, déjà plus premier secrétaire du PS, mais pas encore candidat à l’élection présidentielle, M. Hollande observait l’évolution de cette crise avec la plus grande attention. Fin 2009, dans Droit d’inventaires, son livre d’entretiens avec le journaliste Pierre Favier (Seuil), il notait : « La crise, au moins dans un premier temps, renforce les exécutifs qui l’affrontent. C’est sa durée qui les affaiblit, voire les étrangle. »

M. Sarkozy partage un autre trait commun avec Valéry Giscard d’Estaing. Il a commencé son mandat en suscitant beaucoup d’espoir et l’a terminé en provoquant un rejet au moins aussi fort. Toutes les promesses de changement et d’ouverture se sont muées, sous l’effet des épreuves, en une accumulation de conflits et de stigmatisations qui ont fait naître, en retour, un besoin d’apaisement. Et, là encore, la logique de l’alternance était à l’œuvre. François Hollande l’a activée en pariant sur un rejet de Nicolas Sarkozy au moins aussi fort que celui dont avait été victime son lointain prédécesseur.


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