Magazine Humeur

« Bal tragique à l’Elysée : un mort »

Publié le 09 mai 2012 par Kamizole

« Bal tragique à l’Elysée : un mort »

Il ne reste plus à Nicolas Sarkozy qu’à se faire « Hara-Kiri » !

Encore faudra-t-il que j’explique ma verve ironique à l’intention des jeunes générations ou de mes lecteurs/trices de l’étranger. Hara-Kiri était un hebdomadaire satyrique créé en 1960 à ‘initiative de Cavana et du professeur Choron. Or, au lendemain de la mort du général de Gaulle le 9 novembre 1969 à Colombey-les-deux-églises, il titra « Bal tragique à Colombey : un mort ». Ce qui valut à Hara-Kiri d’être interdit, aussitôt remplacé par Charlie Hebdo.

Titre incompréhensible aujourd’hui pour qui n’a pas connu cette époque puisqu’il faisait référence à un drame qui venait de se dérouler le 1er novembre 1969 dans une discothèque - le Cinq-sept - de Saint-Laurent du Pont (Isère) : un incendie faisant 146 victimes, toutes âgées de moins de 26 ans.

Les issues de secours étant fermées, les victimes furent coincées par le tourniquet d’entrée qui ne fonctionnait bien évidemment que dans un seul sens : victimes d‘un mécanisme pervers destiné uniquement à produire du fric, comme tous ceux qui subissent le chômage aujourd’hui. Dont précisément une forte proportion de jeunes de 18 à 25 ans qui n’auront pas connu depuis de longues années d’emploi stables et durables.

Nous apprîmes par la suite que le général de Gaulle mourut brusquement - embolie, AVC ou malaise cardiaque lato sensu - dans sa propriété familiale de La Boisserie alors qu’il faisait - selon les sources - une « patience » ou une « réussite », termes synonymes au demeurant.

La « patience » au sens général du terme n’est nullement vertu cardinale de Nicolas Sarkozy, bien au contraire et s’il avait jamais consulté les cartes pour connaître ses chances de l’emporter et que la réponse eût été « oui », voilà bien de quoi se gausser de sa « réussite » ! Et du crédit à accorder au flair si souvent pris en défaut à un chef d’Etat qui aura eu tout faux dans sa calamiteuse campagne - 1er et second tour.

Déjà, l’an dernier il n’avait pas craint de déclarer - quasi un an avant le 1er tour - qu’il le "sentait bien pour 2012" (Le Monde 13 avril 2011)… Un sacré flair, n’est-il pas ? D’autant que précisément dépota sur lui le vendredi 13 avril 2012 une avalanche de mauvaises nouvelles qui ne purent qu’un peu plus plomber définitivement ses chances d’être élu !

Il avait tout misé pour le 1er tour grâce à une campagne éclair - blitzkrieg : attaque massive et effet de surprise. l’on nous promit même « un cheminement de surprises » qui me fit doucement rigoler… Sarkozy jouerait le risque (Le Parisien 10 janv. 2012) en misant sur une stratégie audacieuse : « celle de la cible mouvante qui prend tous les risques en annonçant des propositions chocs ». Lesquelles furent autant de pétards mouillés.

Il devait - impératif quasi catégorique pour espérer l’emporter le 6 mai 2012 - arriver en tête le 22 avril et s’en fit fort, lui ou les cadors de l’UMP. Tout faux ! Nonobstant les affirmations du très facho conseiller en sondages de l’Elysée - Guillaume Peltier - qui vaticina à plusieurs sur la victoire inéluctable de Nicolas Sarkozy… Ainsi, le 16 mars, fort d’une légère mais éphémère embellie dans les sondages il affirma que « la peur de perdre et l’envie de gagner sont en train de changer de camp »  (Le Monde 16 mars 2012) de même qu’il n’hésita aucunement à prédire que "La tendance se renversera le 22 avril" en faveur de Sarkozy (JDD 15 avril 2012)… Cette prévision ayant été démentie par les urnes, il ne s’en démonta point pour autant : se fiant à l’arithmétique électorale des reports de voix (celles de Marine Le Pen, of course) pour affirmer : « jamais la droite n’a été aussi forte en France » - raisonnement que j’avais démonté car la dynamique électorale est loin de n’être qu’une question d’addition des voix.

Comme il perdra cet emploi ainsi que vraisemblablement l’élection législative à Tours où il ambitionne de ravir la place de Jean Germain, député-maire, il ne lui restera qu’à se faire forain pour dire la bonne aventure à travers la France, au gré des foires et fêtes. Venu du FN après un détour chez Philippe de Villiers pour se refaire une (petite) vertu, il pourra toujours rempiler chez Marine.

Guillaume Peltier s’inscrivait bien évidemment dans la stratégie prônée par l’autre facho conseiller de Sarkozy, Patrick Buisson : à droite (extrême) toute : l'UMP mise sur un second tour musclé sur les valeurs  (20 minutes 22 avril 2012). Ainsi, selon Alain Carignon : « La campagne de Nicolas Sarkozy est validée : sécurité, immigra-tion et Schengen » et cette perle d’un conseiller - heureusement pour lui, anonyme ! - « Le risque est que le second tour se transforme en un référendum anti-Sarkozy. Il faut qu’on le transforme en un référendum sur le droit de vote des étrangers. On va matraquer là-dessus pour que les électeurs du FN se tournent vers nous ».

Nicolas Sarkozy a donc joué son va-tout en pariant sur l’électorat FN  (Le Monde 23 avril 2012). Ils en ont à l’évidence récupéré un certain nombre de voix mais cela n’a pas suffi… Car ce qu’ils ont pu gagner de ce côté, il est évident qu’ils l’ont perdu en partie du côté des électeurs du centre-droit… Républicains et modérés, hostiles à la campagne d’extrême droite menée par Nicolas Sarkozy et dont certains furent sans doute sensibles à la prise de position de François Bayrou, annonçant - qu’à titre personnel - il voterait pour François Hollande. Les critiques des ténors de l’UMP furent à la hauteur de leur ignominie mais également de leur connerie en or massif.

Les outrances furent d’ailleurs exactement les mêmes quand un certain nombre d’ex-ministres d’ouverture prirent fait et cause pour François Hollande. Quels cris d’orfraie ! L'UMP "indignée" par les "trahisons" des ministres d'ouverture (Le Monde 18 avril 2012). On a « l’indignation » aussi facile à l’UMP que la vilenie… Là encore, les mots « indigne », « ingratitude » volèrent bas. Je ne saurais augurer de la sincérité ou de l’opportunisme de leur démarche. Mieux encore : s’agissant de Martin Hirsch, Nicolas Sarkozy mit en cause « le moment et le manque d’élégance de sa prise de distance »… Fendard ! Lorsque l’on se souvient comment précisément il dragua sans le moindre scrupule les personnalités de gauche lors de la campagne électorale en 2007.

J’eus assez envie de rigoler en lisant que Dans la majorité, on mise sur "la mort politique" de Bayrou  (Le Monde du 5 avril 2012) me disant in petto que s’il devait y avoir mort politique ce serait plutôt celle de Nicolas Sarkozy, ce en quoi je ne me trompai nullement. La palme de la mauvaise foi et de la stupidité revenant sans nul doute à Gérard Longuet (cf. infra) quand il osa parler de "triste fin" pour Bayrou (Europe 1 le 4 mai 2012).

Christine Boutin - qui frisa le ridicule absolu lorsque Fadela Amara annonça qu'elle voterait pour François Hollande (Europe 1 le 17 avril 2012) en twittant "Fadela, tu me fais honte" - pousse encore le bouchon très loin. L’éphémère candidate à la présidentielle qui, après avoir fort critiqué Nicolas Sarkozy a soutenu sa candidature, ose déclarer « Les masques tombent; Cela fait dix ans qu'il joue l'ambiguïté dans son positionnement. Donner des leçons de morale alors qu'on a fait toute sa carrière sur les valeurs de la droite, c'est indécent »…

Je ne vois pas pourquoi ce serait un « masque ». Encore faudrait-il s’entendre sur ce que sont précisément « les valeurs de la droite »… Si pour elle, ce sont celles que prône le FN - et Nicolas Sarkozy est allée encore plus loin - la messe est dire (cela tombe à pic pour une cul-bénie de sa trempe). Mais qu’elle m’explique comment il se fait que Chantal Jouanno, tout en restant à droite, refuse précisément ce que Boutin appelle des « valeurs de droite » et qui ne constituent de fait qu’une dérive facho

Elle eut en effet le courage de dénoncer la dérive de la campagne de Nicolas Sarkozy, affirmant que sa droitisation" est "un mirage douloureux" (Le Monde 24 avril 2012) et d’annoncer qu’en cas de duel entre PS et FN lors des législatives elle voterait PS (brève du Monde 23 avril 2012) ce qui lui attira les foudres des sarkozystes - Fillon en tête qui dénonça les propos "stupides" et "contre-productifs" de Jouanno (Le Point 24 avril 2012).

Elle vient d’ailleurs vient de récidiver dans un entretien donné à Marianne : « Nous avons perdu en validant les mots du FN » (7 mai 2012) pour le numéro spécial paru hier A contrario j’attends toujours une critique de Nathalie Kosciusko-Morizet qui naguère (lors des élections cantonales de mars 2011) prôna de la même façon le vote républicain en faveur des listes socialistes si le FN paraissait en mesure de l’emporter. Il faut croire que son fonds de commerce anti-FN a méchamment périclité ! Elle est d’ailleurs - tout comme Jean-François Copé à Meaux - en danger de n’être pas réélue à Longjumeau : dans les deux cas, les suffrages en faveur de François Hollande furent majoritaire au 1er tour… Surveillons de près ce qu’ils feront lors des législatives !

Nous ne devons point nous étonner que François Jacob - président du groupe UMP à l’Assemblée nationale - participa avec enthousiasme à la curée contre Chantal Jouanno, comme il fut le premier à s’en prendre à DSK sur sa judéité : il ne serait pas ancré dans un terroir - entre « Juif errant » et « La terre ne ment pas » de Pétain ! Laurent Wauquiez reprenant la même antienne lors de la visite - ou pèlerinage ? - de Nicolas Sarkozy à la basilique du Puy-en-Velay (préfecture de la Haute-Loire) ville dont il est le maire… Je crois qu’il n’est guère plus républicain et démocrate que Nicolas Sarkozy quand bien même chercherait-il à faire "propre sur lui ».

Il s’agissait pour l’UMP selon une dépêche de l’AFP de s’efforcer de serrer les rangs jusqu’au 6 mai en clouant Jouanno au pilori (24 avril 2012)… "Cacher la merde au chat", en quelque sorte !

« Cette question, ça fait 20 ans qu'on vit avec, et ça fait 20 ans que jamais ô grand jamais les forces politiques auxquelles j'appartiens n'ont frayé avec le Front national, jamais », dixit FillonGrand menteur avec cela ! Car si effectivement, il n’y eut jamais d’accord national entre le RPR et le FN, il en est allé tout autrement au niveau local, municipal et régional…

Comme le souligna en effet Paul Laubacher dans le Nouvel Obs Sarkozy dans les pas de Pétain ? (25 avril 2012) « les accords locaux ont été nombreux depuis 30 ans (…) A commencer par les municipales à Dreux (Eure-et-Loir), en 1983, quand le leader FN Jean-Pierre Stirbois rejoint la liste RPR-UDF » ! (…) Il y eut également des accords locaux de désistements aux législatives de 1986 et 1988, des alliances aux municipales de 1989 ainsi qu’aux régionales de 1992 et 1998... ».

Il faudrait avoir la mémoire fort courte pour oublier ces dernières. Pour mémoire - et la mienne ne saurait être prise en défaut sur un tel sujet ! - en Bourgogne, Jean-Pierre Soisson (UDF, qui aura mangé à tous les râteliers) fut élu à la présidence de la Région grâce aux voix du FN ; dans la Région Centre - vous pensez bien que l’ex-Orléanaise en fut plus que choquée ! - Bernard Harang (UDF) fut également élu à la présidence mais démissionna quelques jours plus tard en raison du tollé et Michel Sapin (PS) fut ensuite élu ; en Languedoc-Roussillon Jacques Blanc (UDF) fut également élu grâce au FN ; idem en PicardieCharles Baur (UDF) obtint le renfort du FN et enfin, en Rhône-Alpes, le très droitier pour ne dire plus Charles Million (UDF) également élu avec le renfort du FN… mais cette élection ayant été invalidée, Anne-Marie Comparini (UDF) fut ensuite élue avec le concours de la gauche…

A contrario de ces alliances UDF-FN, en Franche-Comté l’UDF Jean-François Humbert fut élu à la présidence de Région avec le soutien tacite de la gauche… que l’on ne me dise pas que ce fut le fait uniquement de l’UDF car il fallait à l’évidence l’apport des voix du RPR pour donner la majorité en s’associant sans vergogne et toute honte bue au FN.

Quant à l’élection régionale dans le Nord-Pas-de-Calais en 1992, la droite ne pouvait prendre la région que si elle obtenait l’appui du Front National. Fort heureusement, ce fut le ralliement des Verts, emmenés par Marie-Christine Blandin - qui fut élue à la présidence de Région - à l’alliance constituée entre le PS et le PC qui sauva la majorité de gauche.

Nous devrons donc rester fort vigilants et sur nos gardes pour les élections législatives de juin 2012... L’UMP est tout aussi capable aujourd’hui qu’hier de nous faire des enfants dans le dos ! D’autant que nous avons lu dernièrement que 64 % des électeurs de M. Sarkozy souhaitent une alliance avec le FN pour les législatives (Le Monde 24 avril 2012). Que Gérard Longuet semble tout à fait prêt à retourner à ses amours fascistes de jeunesse (Occident) comme en témoignent ses récentes déclarations Dans "Minute", il voit Marine Le Pen en "interlocuteur" possible  (Le Monde 1er mai 2012) suivies d’un lapsus plus que révélateur "Et pour nous au Front national..." (Le Monde 4 mai 2012).

Lorsque nous apprenons de surcroît qu’un élu UMP pose la question du rapprochement avec le FN (Europe 1, le 7 mai 2012)… Vous ne serez sans doute pas surpris d’apprendre qu’il s’agit d’un député du groupe de la Droite populaire - lequel emprunte grand nombre de ses thèmes à Marine Le Pen. En l’occurrence, Jean-Paul Garraud, député de la Gironde et qui, si ma mémoire ne me trahit pas, n’avait pas eu de mots assez forts pour fustiger la réforme de la garde à vue.

Or donc, fidèle aux positions de la Droite populaire, il vient d’écrire dans un texte intitulé « La défaite de Nicolas Sarkozy, analyse d’un scrutin » (rendu public le 7 mai, c’est dire qu’il n’a pas patté en route ou plus sûrement qu’il avait été rédigé à l’avance) que « de nombreuses questions se posent qu’il va falloir trancher rapidement et qui tournent autour de la recomposition de la droite »… Où il souligne « qu’une majorité des électeurs de l’UMP et du FN veulent un rapprochement. Qu’est-ce qui est le plus im-portant pour la France ? Cette question, seule, doit nous guider ». Elle a bon dos la France ! La seule chose qui les préoccupe est de ne pas perdre les postes et privilèges…

Il se demande donc : faut-il devenir "pragmatique" ou rester "dans les blocages idéologiques"… Comme dans les années 30, hein ? Quand ses maîtres à penser n’hésitaient pas à préférer « Hitler plutôt que Blum »… Nous en connaissons le résultat. La France sous la botte nazie de 1940 à 1945 (pour les derniers territoires occupés), la déportation et l’extermination de millions de juifs : soulignons que là encore les autorités françaises allèrent encore plus loin que ce que deman-daient les Allemands

Ce qui l’inquiète suprêmement c’est qu’il considère que « le pays est majoritairement à droite mais qu’il existe un risque majeur de voir cependant tous les pouvoirs entre les mains de la gauche à la faveur de triangulaires mortifères pour la droite lors des prochaines législatives ».

Remarquons qu’il enfourche là le nouveau cheval de bataille - élément de langage d’ailleurs repris mot pour mot par NKM qui a définitivement renoncé à penser par elle-même et "rêve d'un rééquilibrage" de l’UMP (Europe 1, le 7 mai 2012). Copé : "On ne peut pas leur laisser tous les pouvoirs" (Le Monde 7 mai 2012). Il vise à l’évidence le fait que les socialistes ont désormais le pouvoir au Sénat, dans quasi toutes les Régions sont à la tête d’un de nombreux conseils généraux ainsi que de grandes villes. Ce qui ne les gênait nullement lorsque la situation était identique pour eux - sauf les Régions - en 2007 ! Leur objectif est désormais de conserver la majorité à l’Assemblée nationale et soyons persuadés que pour se faire, ils sont prêts à toutes les compromissions.

Nicolas Sarkozy aurait prêché l’unité aux responsables de l’UMP réunis à l’Elysée « Serrez-vous les coudes, ne vous battez pas ! Je vous demande l'unité et la collégialité. Si vous vous divisez, plus personne n'existera ». Nonobstant le fait que la bataille à venir sera encore au moins aussi rude que celle qui a été menée depuis - au moins - l’an dernier et qu’il nous faudra rester tout aussi fort vigilants car les mauvais coups ne manqueront certainement pas, je sens néanmoins que nous n’avons pas fini de nous marrer.

Je constate un nouveau - dernier ? - mensonge : selon un de ses proches collaborateurs, "Sarkozy ne peut pas couper les ponts à la façon de Jospin comme en 2002. L'enjeu, c'est de gagner la bataille des législatives" lis-je sur Le Point Nicolas Sarkozy : et maintenant ?  (7 mai 2012). C'est pourtant exactement ce qu'il a fait, précisant qu'il ne mènerait pas la bataille des législatives ainsi que le rapporte Xavier Bertrand "Je ne serai plus candidat aux mêmes fonctions (...) Cela ne surprendra personne. Je l'ai dit avant. Cela ne créera pas de psychodrame comme avec Jospin". Certes, le retrait de Lionel Jospin "J'arrête la politique" déconcerta les socialistes mais par une de ces petites ironies de l'Histoire qui n'en manque jamais ce fut un certain... François Hollande qui reprit les choses en mains et redressa la barque.

 Je ne saurais dire ce qu’il faut augurer de la prévision du si talentueux Guillaume Peltier intervenant le 6 mai 2012 à la Mutualité « On doit tous être unis. Dans un mois, on peut très bien avoir un premier ministre de droite ! »… Quant à Laurent Wauquiez, il s’est rassuré sur l’ampleur de la détaite : « A 54%-46%, vos idées sont mortes. Ce n’est pas le cas, nous n’avons pas subi une défaite idéologique ». Analyse qui selon Arnaud Leparmentier et Vanessa Schneider « interdit aux plus critiques de revisiter la campagne droitière de Nicolas Sarkozy ». Voire. Après l’échec, l’entente est rarement cordiale !

Jean-François Copé promet de la jouer collectif pour les législa-tives (Europe 1 le 7 mai 2012) - ce qui pour lui serait fort nouveau ! - pour, cela ne s’invente pas « éviter les folies »… Il nous en donne le détail dans une déclaration au Parisien : « notre famille est complètement rassemblée » pour les législatives (7 mai 2012). Selon lui, « il n’y aurait aucune place pour les querelles de personnes »… Hum ! Hum !

Copé a fixé les priorités : « Faire que le plus grand nombre de candidats soient élus à l’Assemblée nationale » pour « empêcher ce qui nous paraît inacceptable » dans le programme socialiste. Qu’il énumère en cinq points:

« le renoncement à la règle d’or budgétaire »,

« le droit de vote pour les étrangers »,

« la perspective du retour de la retraite à 60 ans pour une partie des citoyens ce qui toucherait le pouvoir d’achat et la compétitivité »,

« le matraquage fiscal des classes moyennes »,

« la menace qui pèse sur le nucléaire »…

Il n'y manque que... "Sauver Bettencour"

:)

soit l’essentiel du programme sur la base duquel François Hollande a été élu… Bref, il souhaite rien moins qu’une nouvelle « cohabi-tation » qui lierait pieds et poings le président de la République et paralyserait la volonté de réforme des socialistes…

Egalement plutôt envie de rigoler quand je lis que L'UMP va vers un "comité stratégique de campagne" (Europe 1, le 7 mai 2012) quand on connaît le résultat des multiples structures identiques qui devaient conduire Nicolas Sarkozy à la victoire… Je ne sais si Franck Louvrier, l’indispensable fournisseur d’éléments de langage et artisan lui aussi de la défaite, sera encore de la partie. Ce comité stratégique - 25 à 30 membres - « chargé de mener collégialement la campagne des législatives et d'éviter ainsi toute querelle des chefs avant l'heure » ! C’est sans doute cela sa principale raison d’être, connaissant les profondes inimitiés entre certains… - devrait se réunir chaque semaine.

Grand changement toutefois, à partir du 15 mai 2012 - date de la passation de pouvoir entre Nicolas Sarkozy et François Hollande - il ne pourra plus se réunir à l’Elysée ni disposer des moyens de l’Etat… et devra donc se replier sur le nouveau siège de l’UMP. Parmi les personnalités qui le composent, nulle surprise : Jean-François Copé, François Fillon, les anciens Premiers ministres Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, les anciens secrétaires généraux Xavier Bertrand et Patrick Devedjian et l'équipe dirigeante du parti, dont Michèle Alliot-Marie, Brice Hortefeux, Jean-Claude Gaudin ou encore Bernard Accoyer. Qui ont fait tellement merveille jusqu’à présent !

Mais trêve d’ironie, la partie sera difficile pour nous. Et Michel Sapin a entièrement raison d’affirmer qu’il n’y aura Pas "d'état de grâce" pour Hollande (Europe 1, le 7 mai 2012) car « la situation économique de la France est beaucoup plus difficile » qu’elle ne le fut en 1981 pour François Mitterrand… Par ailleurs, la bataille des législatives est loin d’être gagnée et là aussi nous devrons rester sur le pontJe suis cependant suprêmement agacée de voir la valse des prétendants aux postes ministériels, qu’ils fussent socialistes ou Verts

Rien de nouveau sous le soleil mais bordel de merde ! qu’ils s’occupent avant tout de remettre la France à flot. Peu importe à quelle place. Le plus urgent pour l’instant est de travailler pour les élections de juin - qui auront une influence sur les postes auxquels ils pourront prétendre après les législatives : si l’UMP les remporte grâce au soutien de la Droite populaire alliée au FN, ils n’en n’auraient aucune… Ils auraient l’air drôlement malin, hein ? Cocus de la République. Je veux voir disparaître du paysage politique et surtout médiatique toute cette clique qui depuis 5 ans a tenu le haut du pavé et la dragée haute à nous autres, le vulgum pecus et autres salauds de pauvres, méprisés et qualifiés « d’assistés ». Dehors !

Autant dire que les positions des députés de la Droite populaire m’inspirent le plus profond mépris. Le mot étant encore trop faible tant elles sont contraires à mes convictions humanistes les plus profondes, qu’elles fussent inspirées par l’humanisme chrétien de la JOC, celui des penseurs de la Renaissance.

Quand je lis de surcroît que le fort sulfureux Christian Vanneste - notamment connu pour ses dérapages homophobes, le dernier en date sur les déportés homosexuels qui n’auraient pas été Français mais Alsaciens et enrôlés de force par les nazis ou déportés dans les camps lui ayant valu de perdre l’investiture de l’UMP dans sa circonscription du Nord - demande à être réinvesti par l’UMP (Europe 1, le 7 mai 2007) je me dis qu’il y a vraiment quelque chose de pourri en Sarkozie…

La Droite populaire mobilise ses troupes : elle aura son "label" aux législatives indique Antoine Bayet (Lab Europe 1, le 24 avril) qui donne la liste des 28 parlementaires réunis autour de Thierry Mariani et Lionnel Luca. Selon Mariani, « ce label droite populaire - avec un logo distinctif - sera proposé aux candidats aux législatives investis par l’UMP et uniquement ceux-là », indiquant qu’il n’y aurait « jamais aucun accord avec le FN » mais se gardant bien de donner des consignes dans le cas d’une triangulaire PS-UMP-FN lors même qu’il a déjà indiqué qu’en aucun cas il voterait pour un candidat socialiste.

Je suis également fort curieuse de savoir ce que feront dans le cas de triangulaires les élus du Nouveau Centre emmené par François Sauvadet : "Est-ce qu'on peut voter pour une catastrophe ?" (Le Monde 4 mai 2012) critiquant la prise de position de François Bayrou qu’il explique par son « amertume » - encore un élément de langage ! - plutôt que par son discours résolument politique et fort clair. Et notamment les élus signataires de l’appel La place du Centre est aux côtés de Nicolas Sarkozy (Le Monde 27 avril 2012). Comme l’article donne leur liste complète, il sera possible de vérifier au lendemain du premier tour des législatives.

Nicolas Sarkozy, ses conseillers et les cadors de l’UMP n’ont jamais cessé tout au long de la campagne de se (lui) monter le bourrichon ses chances de l’emporter. Ainsi, il fit beaucoup rigoler en déclarant "La mobilisation est plus forte qu'en 2007. Je sens monter la vague" (France-Tv 7 avril 2012). A la veille du premier tour, Copé rajouta une bonne couche de méthode Coué en affirmant sentir un "engouement inouï" pour Sarkozy (Le Monde 21 avril 2012). Quant à Nicolas Sarkozy, il déclara dans une interview au Parisien dimanche sentir une « mobilisation jamais vue »  (Libération 29 avril 2012) qui bien évidemment devait le conduire à la victoire, nonobstant les sondages défavorables… Il en profita bien évidemment pour tacler les sondeurs. Le taux de participation fut élevé mais ne lui profita qu’à la marge. Las ! La "vague" annoncée par Nicolas Sarkozy ne s'est pas levée (Le Monde 6 mai 2012).

Jusqu’au dernier jour de la campagne du second tour, Nicolas Sarkozy n’en voulut pas démordre : il gagnerait l’élection présiden-tielle, fût-ce d’une courte tête - dans un mouchoir de poche - prédit-il le 2 mai 2012, au lendemain du débat qui l’avait opposé à François Hollande "Jamais une élection n'aura été aussi indécise", estimait-il  (Le Monde 3 mai 2012)… Mouchoir de poche, sans doute mais qui dut lui servir à éponger ses larmes et celles de ses partisans éplorés à la Mutualité le 6 mai au soir !

J’ai suivie distraitement son allocution, nous fêtions la victoire avec mes voisin(e)s mais je ne pus manquer de voir la tronche qu’il tirait. J’avais déjà remarqué combien son visage se crispait au fur et à mesure de l’avancée de la campagne mais ce soir-là, il était totalement fermé. Un bloc de haine. Le gamin dont nous venions de casser le beau joujou !

Quant au débat avec François Hollande, impossible d’oublier que selon un article du Point - mais qui n’est pas en ligne… j’ai perdu pas mal de temps à le rechercher sur Google Actus et dans les articles du Point ! Grrr… - qui fort heureusement avait été tweeté par Charlotte Chaffanjon, une journaliste du Point, ce que m’apprit un article de Paul Larrouturou Nicolas Sarkozy à propos de François Hollande : "Je vais l'exploser" (Le Lab d’Europe 1, 28 mars 2012). Tout à fait conforme à son habituelle agressivité. Il ne peut concevoir de débats apaisés et courtois. C’est dire également la confiance qu’il avait en ses capacités d’écraser son adversaire lors de ce débat pour ensuite remporter l’élection sans coup férir.

Or, nous ne sommes plus en 2007 où il l’avait emporté sur Ségolène Royal dans le même exercice. Il n’a plus ni la baraka ni la niaque et j’oserais même dire le "mana"… tout ce qu’il touche foire lamentablement. Les sondages donnèrent plutôt l’avantage à François Hollande qui ne s’était pas laissé faire, bien au contraire. « Flamby » fut loin d’être "mou du genou" comme le supposait Nicolas Sarkozy qui fit l’erreur de le sous-estimer. Et comme cette déclaration fracassante avait été rendue publique, nul doute que François Hollande s’était mieux préparé que son adversaire.

En n’ayant garde d’oublier le nombre record de votes blancs et nulsPlus de 2 millions (Le Monde 7 mai 2012)… soit 5,80 % des votants. Et, hop ! Une nouvelle polémique : si les votes blancs étaient pris en compte, François Hollande n’aurait obtenu que 48,6% (au lieu de 51,62 % contre 48,38 % à Nicolas Sarkozy). Donc, il l’aurait emporté de toute façon. Il est cependant formidablement curieux de voir l’UMP - qui n’a jamais voulu que l’on prît en compte les bulletins blancs - en faire son nouveau cheval de bataille et lire que Pécresse affirmait le même jour que François Hollande avait été élu avec une « minorité des voix » ce qui prouverait que « les solutions de la gauche face à la crise n’ont pas convaincu les Français »…

Les propositions de Nicolas Sarkozy non plus ! Je m’inscris d’ailleurs complètement en faux contre une affirmation d’Alexandre Léchenet (journaliste du Monde) qui écrit que « La distinction entre bulletins blancs et bulletins nuls n'est pas faite lors de la transmission des résultats, ne permettant pas de savoir, parmi les 2,1 millions, combien ont effectivement voté blanc ».

Etant assesseur dans des bureaux de vote depuis 1995, je peux vous assurer que lors des opérations de dépouillement, il est fait une distinction entre les enveloppes vides ou contenant une feuille blanche (vote blanc stricto sensu) et les bulletins nuls - deux bulletins de candidats différents, un bulletin déchiré, un texte quelconque, etc. - et qu’aussi bien les enveloppes des votes blancs que celles des bulletins nuls sont signées par les 4 scrutateurs ainsi que par le président du bureau et dûment répertoriées selon la catégorie sur le bordereau transmis à la Préfecture. Il serait donc tout à fait loisible pour le ministère de l’Intérieur d'établir le distinguo.

Mais voilà, cette nouvelle offensive s’inscrit parfaitement dans la lignée des arguments tendant à prouver que la France reste majoritairement de droite et qu’elle n’aura aucun scrupule à élire massivement les députés de l’UMP et de la Droite populaire, fût-ce au prix d’une collusion avec le Front national. Les Français désirent-ils conserver à l’Assemblée nationale une majorité de droite qui y sévit depuis 2002 ?

That’s the question… Réponse les 10 et 17 juin 2012 : « Ce n’est qu’un début, continuons le combat ! ».


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