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L’économie russe est moins dépendante du cours du pétrole qu’on ne le pense

Publié le 09 mai 2012 par Sylsol

Le fonds East Capital (LUX) Russian investit dans les marchés actions en Russie et dans d’autres pays de l’ex-Union soviétique. La Russie bénéficie d’une faible inflation, de fondamentaux solides, selon Karine Hirn, cofondatrice de East Capital. En outre, la victoire de Vladimir Poutine aux dernières élections devrait amener des réformes.
Le Temps : Pourquoi investir en Russie?
Karine Hirn : Pour profiter en priorité de la croissance interne. Nous avons un intérêt particulier pour la consommation qui remonte aux circonstances de la crise russe à la fin des années 1990. Lorsque la dévaluation brutale du rouble a atteint le pays en 1998, les sociétés étrangères ont quitté le marché russe. Du coup, les producteurs intérieurs ont profité de cette ouverture pour se développer et répondre à la demande des consommateurs russes bien connus pour leur propension à dépenser. De plus, le pouvoir d’achat des consommateurs est élevé, car ils paient très peu d’impôts avec un taux fixe de 13%. La plupart sont propriétaires de leur logement et ont peu de dettes en général.
– L’économie est toujours dominée par le pétrole…
– Bien sûr, le marché des actions russes est dominé par le secteur de l’énergie. Mais l’économie est moins dépendante du cours du pétrole qu’on ne le pense. Le secteur représente seulement 20% du PNB. Certes, il est vrai que les finances publiques affichent de beaux chiffres grâce à la hausse du cours du pétrole. Et lorsque les cours du brut sont élevés, il y a moins de réformes gouvernementales mises en place. Or la Russie est un pays qui a encore besoin d’un certain nombre de réformes. Leur absence ou leur retard sont d’ailleurs certains des risques qui planent sur le pays.
– Faut-il investir dans les sociétés liées à l’énergie?
– Cela dit, les entreprises pétrolières russes ne profitent pas forcément lorsque le prix du pétrole augmente suite aux tensions qui agitent la Syrie et en Iran : l’Etat les récupère à travers la fiscalité. Cette manière de procéder a tendance à éloigner les investisseurs du marché russe, d’autant plus qu’ils considèrent qu’il existe de grands problèmes au niveau de la gouvernance et de la transparence de ces entreprises. Ainsi, les sociétés pétrolières russes sont valorisées à des niveaux très faibles. En termes de valorisation, elles affichent près de 60 à 70% de rabais par rapport aux sociétés pétrolières du reste du monde, comme le Brésil ou la Chine. Cela dit, nous observons depuis peu une amélioration de la gouvernance d’entreprise. Certaines commencent à proposer de payer plus de dividendes. Notre première position du portefeuille Gazprom possède d’ailleurs ces critères.
– Comment avez-vous investi actuellement?
– Nous avons investi dans une gamme très variée de secteurs et d’entreprises. Les deux tiers du portefeuille sont composés de grandes et moyennes entreprises. La consommation est notre thème le plus important, même s’il ne prend que 20% du portefeuille. Cela est dû au fait que le secteur du pétrole et du gaz domine le marché russe. Le secteur énergie constitue ainsi près de la moitié de notre portefeuille. Nous avons aussi investi dans le domaine bancaire et financier (16%), car il nous expose à la croissance interne. Contrairement au marché d’Europe centrale et du Sud-Est dominés par les banques françaises, belges, italiennes ou grecques, le secteur financier russe n’est pas dominé par les banques étrangères, ce qui est positif à l’heure actuelle. Sberbank, la caisse d’épargne numéro un en Russie, est un véritable mastodonte qui affiche des résultats impressionnants, notamment une croissance des prêts de l’ordre de 20% en 2011. VTB, la deuxième plus grosse banque, présente également de beaux résultats de croissance.
– Comment voyez-vous la présidence de Vladimir Poutine?
– La présidence de Vladimir Poutine était prévue. Cependant, Poutine a obtenu nettement moins de voix à Moscou qu’ailleurs dans le pays. Or c’est dans cette ville que réside l’élite ainsi qu’une partie importante de la classe moyenne. Le résultat montre donc qu’il n’a pas le même soutien qu’auparavant et qu’il devrait subir une certaine pression politique. Nous pensons dès lors qu’il va devoir en tenir compte et commencer à mettre en place des réformes, notamment en matière de corruption. Le pays est aussi très en retard en matière d’infrastructures et les Russes s’en rendent bien compte. D’autant plus que le pays a les ressources budgétaires pour ces investissements.
(LeTemps.ch - 07/05/12) 


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