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« Titanic » en 3D : de la boite à musique au cœur de l’océan (2/4)

Publié le 11 mai 2012 par Sheumas

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Elle fronce le sourcil. Le visage est ridé, mais l’œil bleu toujours perçant. Périscope des réminiscences, « l’odeur de la peinture fraîche » joue sur sa mémoire comme la madeleine de Proust. Elle cesse de faire effort, les images émergent, affluent, les visages, les sons, les couleurs. Elle n’a que 18 ans, elle embarque sur le Titanic. Promise à un riche héritier, enfermée dans une boite dorée, une boite à musique, elle n’est à l’origine qu’une poupée de porcelaine à qui son fiancé offre « le cœur de l’océan »... Le cœur de l’océan ? Un bijou d’une valeur inestimable. Un diamant mythique, pièce de la couronne que portait Louis XVI (celui que les scientifiques recherchaient avec avidité...) Un symbole de la présomption du riche héritier qui croit qu’il peut tout avec son argent : « Je suis le roi du monde ! »... Tout, sauf empêcher sa promise de se sentir gagnée par des envies d’océan ! Borné, dédaigneux, il ne veut pas admettre que Rose n’appartient pas au même monde... En effet, toute cette société d’aristocrates proustiens, de Guermantes, de Charlus, embarquée dans le vaisseau de la Mémoire, ne pèse pas bien lourd aux yeux de l’énergique jeune fille aux pulsions incontrôlables. Ce n’est pas un hasard si, lorsque Rose cite le docteur Freud au début du film, cela énerve son fiancé qui croit que Freud est un passager du paquebot ! Lecteur du fameux docteur et très intéressé par les refoulements et les fantasmes des femmes de la bonne société guindée, l’écrivain Stefan Zweig aurait bien pu, dans ce contexte, écrire son « 24 heures de la vie d’une femme ».

   Ces 24 heures (ou un peu plus) sont vécues de façon d’autant plus intense que le spectateur sait que les instants sont comptés et que, comme dans une tragédie, la catastrophe est réglée d’avance. Quoi que les personnages fassent, ils ne lui échapperont pas... Rose et Jack Dawson sont séduits l’un par l’autre, enivrés du bonheur d’aimer. Et pour cela, plus rien ne peut les arrêter. Au cours de ces instants précieux, ils bravent les obstacles, se moquent des convenances, rêvent, dansent, boivent, courent à perdre haleine, font l’amour, éclatent de rire... Et puis tout à coup, ils entrent dans l’impasse, ils se cognent à l’iceberg : la Mort est là, toute proche, ils ne disposent plus, comme tous les autres, que de deux heures pour vivre.


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