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A peine élu, déjà l’urgence pour François Hollande

Publié le 11 mai 2012 par Delits

De tous les commentaires prononcés au soir de l’élection de François Hollande, dimanche 6 mai, l’évocation de  »l’absence d’un état de grâce » est sans doute celui qui est apparu avec le plus de force. Président de crise avant même d’avoir mis le pied à l’Elysée, le nouveau président élu et ses équipes ont déjà pris la mesure des enjeux qui se dressent face à eux. Alors que les discussions avec les dirigeants européens à l’occasion de l’impasse grecque et des discussions franco-allemands se multiplient,  les Français se montrent déjà impatients de voir si la nouvelle donne politique peut changer les choses.

A quatre semaines des élections législatives, la Gauche et ses alliés sait qu’elle devra engager au plus vite des premiers chantiers visibles afin de donner aux Français les gages de son implication et de sa capacité à redresser le pays. A cet impératif économique se greffe également  la nécessité d’apporter un contre-modèle à la pratique du pouvoir du Président Sarkozy. Aussi, les « 100 jours » de François Hollande ont à peine commencé que déjà les Français l’encouragent à commettre un faux départ, tant le contexte économique semble se contracter.

Le sondage réalisé par l’Institut CSA sur les priorités de François Hollande fait état de ce difficile équilibre à trouver entre des mesures économiquement pertinentes, des annonces socialement indispensables et des propositions politiquement stratégiques.

Se démarquer sur la forme

Le premier constat que l’on fait en observant les actions jugées les plus urgentes à instaurer selon les Français, c’est le poids des mesures liées aux rémunérations. Des mesures surtout destinées à marquer l’opinion et à « rétablir la justice sociale« , un des credo de la campagne de François Hollande.

La première d’entre elles concernerait la diminution de 30% de la rémunération du chef de l’Etat (85% jugent qu’il faut la mettre en place rapidement) alors que le Président Sarkozy avait lui décidé d’une augmentation de 172% de son salaire afin, avait-il indiqué, de « jouer la transparence totale et de mettre au fin au régime de la caisse noire qui était en vigueur auparavant à l’Elysée« . On notera cependant que sur une base 100 : + 172% conjugué à -30% = 190. Restera à savoir si l’on reviendra pour autant aux anciennes pratiques.

Dans la même veine, 58% des Français jugent important de mettre en place rapidement la tranche d’imposition sur le revenu à 75% lorsque celui-ci dépasse 1million d’euros par an. Cette mesure, l’une des rares ouvertures à sa gauche, a été très soutenue lors de la campagne, notamment par les électeurs du FN et du Front de Gauche. Pourtant, l’imposition de 7 000 à 30 000 foyers fiscaux (moins de 1% de la population) ne devrait pas représenter un apport budgétaire massif à en juger par les déclarations de Jérôme Cahuzac, possible futur locataire de Bercy.

Enfin, les Français sont également 55% à penser qu’il est nécessaire de procéder rapidement à la mise en place d’une loi qui limite à un ratio de 1 pour 20 le salaire des grands dirigeants des entreprises publiques (où l’Etat est au moins actionnaire). Un mesure qui caperait donc le salaire des dirigeants de la SNCF ou d’EDF aux alentours de 28 000 euros mensuels ; les excluant ainsi de la nouvelle tranche d’imposition à 75%…

 

… Et sur le fond

Parmi les autres mesures que les Français jugent prioritaires de mettre en place, deux méritent une attention tout particulière. La première c’est le « rétablissement du droit de partir à la retraite à 60 ans pour les personnes ayant commencé à travailler à 18 ans et ayant cotisé 41 annuités« . Mesure phare du quinquennat de Nicolas Sarkozy qui visait à aligner la France sur les pratiques en vigueur en Europe et à corriger l’effet de l’allongement de la durée de la vie, elle apparait comme un impératif aux yeux de 71% des Français. On est donc bien au-delà des seuls électeurs de Gauche.

La seconde mesure (hors rémunérations) qui retient l’attention c’est l’annonce aux alliés de l’OTAN de retirer les troupes françaises d’Afghanistan (61%). Plusieurs éléments semblent en mesure d’expliquer ce désir clairement affiché. Tout d’abord une motivation économique : la crise impose de s’occuper des affaires domestiques en priorité. Une motivation sociale : le souvenir de l’affaire Mérah et les multiples appels à la violence prononcés par Al-Qaïda contre ceux qui demeurent sur le sol afghan. Enfin, une motivation diplomatique : les Français sont conscients du besoin pour le nouveau président de s’imposer sur la scène internationale au travers de prises de position forte, comme les présidents de la Ve République l’ont toujours fait.

A peine élu, pas encore en fonction, François Hollande est déjà plongé dans le tourbillon de l’action politique. Tenu par ses engagements électoraux et par les échéances électorales décisives du mois de juin, il lui faudra désormais faire des choix, arbitrer et décider  de suivre ce que l’opinion attend … ou non. Alors qu’il avait beaucoup repproché au président sortant de gouverner à vue, aiguillé uniquement par ses sondages, l’opinion attend de voir comment le candidat du concensus, désormais élu, saura gérer (toutes) les urgences du pays.


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