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Jack Johnson, le champion qui divisa l'Amérique

Publié le 12 mai 2012 par Olivier Walmacq

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Genre : Documentaire

Année : 2004

Durée : 1H30

L’histoire : Au début du XXéme siècle, Jack Johnson un boxeur noir fait parler de lui. En effet alors que les afro-américains vivent une époque très dure de discrimination, ce sportif hors du commun remet en cause la domination de l’Amérique blanche sur le ring. Interdit de combattre pour le titre pendant des années il finira par atteindre son but et deviendra le premier champion du monde de couleur dans la catégorie reine des poids lourds. Mais l’Amérique n’est pas prête à tolérer son règne. 

La critique de Vince12 :

Dans la boxe poids lourds, on parle souvent de Mohammed Ali ou de Joe Louis, deux champions de couleur qui sont généralement considérés comme les plus grands poids lourds de tous les temps.
Mais avant eux, il y a eu un autre homme qui a marqué les poids lourds, cet homme c’est Jack Johnson qui n’est autre que le premier champion du monde noir de l’histoire. Mais c’est également la première grande star mondiale du noble art.
Et oui, la première vedette des lourds, ce n’est pas Jack Dempsey comme le voulaient les blancs américains de l’époque. Cela s’explique tout simplement par le fait que Johnson a été haït par l’Amérique blanche.

Attention SPOILERS

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Fin du XIXéme siècle, la boxe est un sport qui fait parler mais qui reste encore interdit dans plusieurs états. B
eaucoup de combat truqués, pas de soigneur et les gants viennent de faire leur apparition. Mais un américain fait parler de lui, John Lawrence Sullivan, le champion du monde des poids lourds. Celui-ci prétend qu’il est prêt à affronter n’importe qui sauf des noirs qui à l’époque sont considérés comme des « non entités ».

En effet si officiellement les noirs ne sont plus des esclaves ils subissent encore une énorme discrimination et un nombre incroyable de lynchage a lieu en cette fin de XIXéme siècle.

Jack Johnson est un noir américain qui a grandi à Galveston au Texas, son père travaille dur pour le bonheur de sa famille.
Jack essaie bien vite de l’imiter mais il veut quitter Galveston et partir à New York. S’essayant à une série de bouleaux (Balayeur chez un barbier, portier, chauffeur, …) il ne parvient pas à percer. C’est alors qu’il découvre la boxe.

Cependant ce sport semble avant tout réservé aux blancs. Johnson parvient cependant à se frayer un chemin en se faisant Sparring Partner.
Il va alors enchaîner des combats qui se solde la plupart du temps par des victoires ce qui lui permet de gagner assez d’argent. Il est aussi passionné de lecture et notamment par le personnage de Napoléon.

Johnson est également le premier boxeur à utiliser un style. Alors qu’à l’époque les combats de boxe ressemblent surtout à des rixes de bar, Johnson utilise un style décontracté et défensif.
Il laisse son adversaire attaquer pour le bloquer et le contrer en puissance. Ses rivaux sont littéralement dépassés par sa vitesse et son style.

Tout cela rend cependant Johnson impopulaire. D’abord l’Amérique ne supporte pas de voir un noir matraquer des blancs.
Ensuite, son style déçoit ceux qui sont venus pour voir une bagarre de rue.

De ce fait la technique de Johnson est décrite par la presse comme de la paresse et de la lâcheté. En revanche, quand James Corbett utilise le même style pour battre Sullivan et s’emparer du titre, on décrit le nouveau champion comme le boxeur le plus rusé au monde.

Johnson veut affronter Corbett mais ce dernier fait de la discrimination et refuse d’affronter un noir pour le titre.

Au début du vingtième siècle, Un nouveau champion du monde des poids lourds fait son apparition, James J Jeffries.
Il devient le symbole d’une Amérique blanche forte. Invaincu, la presse le décrit comme invincible. Johnson veut relever le défi mais Jeffries refuse « d’affronter un nègre pour le titre ».

Mais sur le ring, Jack Johnson alias le géant de Galveston enchaîne les victoires,  si bien que le magazine sportif « Police Gazette » fait pression sur Jeffries pour qu’il rencontre Johnson. Ce dernier va même jusqu'à provoquer le champion dans un bar. Mais Jeffries n’en démord pas, il se retire invaincu pour purger sa retraite dans un ranch.

C’est Marvin hart qui le remplace, pour peu de temps car il est lui-même détrôné par le canadien Tommy Burns. 
A nouveau, Johnson pense saisir sa chance puisque Burns semble faire moins de discrimination que ces prédécesseurs.
Mais toutes les excuses sont bonnes, Burns exige 30  000 dollars pour combattre Johnson ce qui à l’époque est une somme considérable.
Burns est persuadé que personne ne lui proposera cette somme. Il se trompe, un organisateur australien du nom de Hugh McIntosh rassemble les fonds. Le combat aura lieu à Sydney.

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« Je vais battre ce sale négro, aussi vrai que je m’appelle Tommy Burns » déclare le champion mais justement Burns n’est pas son vrai nom il se nomme en réalité Noah Brusso. 

Dans l’arène, la police est prête à intervenir, l’ambiance est électrique. Burns et son équipe envoie des insultes à Johnson.
Mais celui n’en à que faire et domine le combat. Il envoie même Burns faire un voyage au tapis. Alors que le champion est sur le point de s’écrouler, Johnson rancunier l’empêche de tomber pour l’humilier encore plus. La police arrête le combat et ordonne aux caméras de couper afin qu’on ne puisse pas voir la victoire d’un boxeur noir. 

Johnson devient alors champions du monde. Partout des émeutes éclatent en faisant plusieurs morts.

On ne cesse de lui mettre des challengers blancs dans les pattes mais il les détruit tous. Cependant il fait lui aussi de la discrimination, en refusant d’affronter des boxeurs noirs comme par exemple le légendaire Sam Langford.

 Le peuple américain via les journaux fait pression afin que Jeffries sorte de sa retraite pour affronter le nouveau champion, prenant pour slogan « Monsieur Jeffries la race blanche a besoin de vous ».
Jeffries qui pèse désormais 135 kilos accepte le combat. Au cours de son entraînement il perd 45 kilos et semble prêt à vaincre le champion.
Il est baptisé « le grand espoir des blancs ».

« Le combat du siècle », comme on l’appelle, a lieu à Reno. Jeffries tente d’attaquer mais il est contré par Johnson. Le champion noir casse le nez du challenger.
A la quinzième reprise Johnson envoie Jeffries trois fois au tapis, l’équipe de l’ancien champion abandonne. Johnson bat Jeffries et atteint son apogée.
Plus tard, le vaincu déclara « même au meilleur de ma forme je n’aurai jamais battu Johnson ».

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Le champion noir profite de sa gloire, il achète de belles voitures et roule à toute vitesse à travers l’Amérique.  
Mais il a aussi des aventures avec des femmes blanches ce qui est très mal vu. Il se montre particulièrement arrogant et provocateur afin de faire payer son comportement à une Amérique raciste.

Puisque les blancs ne peuvent pas vaincre Johnson sur le ring, il l’attaque sur sa vie privée. La police l’accuse d’avoir enfreint la loi Mann.
Cette loi qui permettait de lutter contre le proxénétisme interdisait d’amener des femmes non consentantes au-delà des frontières de son état.
Pourtant, la femme que Johnson a fait sortir de l’état était sa compagne. Celle-ci affirmera l’avoir suivi de plein gré. 

Mais la police épluche toute la vie de Johnson et finit par trouver une petite amie sur laquelle ils font pression.
Celle-ci porte plainte contre le champion qui est condamné. Cependant Johnson s’enfuit au Canada puis il partira en Europe, et continuera de démolir des adversaires.

La guerre éclate. En 1915 il doit rencontrer Jess Willard un boxeur de deux mètres à la Havane. Johnson sur de lui, prend son entraînement à la légère et il a tort. Certes, Willard n’est pas le meilleur pugiliste qu’on ai vu sur un ring mais il a du courage et de la volonté à revendre. De plus, le champion commence à vieillir.

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Dés le début du combat Johnson attaque afin d’étaler rapidement son adversaire. Mais après 15 rounds Willard reprend le dessus et met Johnson KO au 26éme round.  

Il retourne aux Etats Unis afin de purger une peine de 1 an d’emprisonnement pour avoir été marié à une femme blanche.
A sa sortie, il pense affronter le nouveau champion des lourds, le légendaire Jack Dempsey mais ce dernier refuse d’affronter un boxeur noir.

« Plus jamais de champion noir » déclare l’Amérique Blanche. Cependant Johnson continuera à faire des matches d’exhibition et à enchaîner des victoires. A la fin des années 30, il pense devenir le manager de Joe Louis sans succès, les promoteurs du nouveau champion noir ne veulent pas voir Louis devenir le nouveau Jack Johnson.

En 1946 il meurt d’un accident de voiture. Jack Johnson restera dans la légende comme le premier champion Noir de l’histoire.
Mais également un des plus grands pugilistes de tous les temps. Son comportement provocateur et arrogant  a influencé énormément des champions comme Mohammed Ali.

Il restera l’une des plus grandes icônes du peuple Afro-américain aux côtés notamment de Martin Luther King. Plus qu’un boxeur Jack Johnson a été le premier à défier l’Amérique blanche et les noirs américains lui doivent beaucoup.

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Il en résulte donc un documentaire passionnant fait d’images et des films (entre autres les combats) d’archives mais également d’interviews d’écrivains et d’historiens. Plus que la vie d’un boxeur c’est la vie d’une icône qui est traité ici mais également la chronique d’une Amérique raciste.

Ce documentaire passionnant est disponible sur Youtube et Dailymotion.

Un documentaire qui ne concerne pas que les fans de boxe, il doit être vu par tous.

Note : 17/20

 

Jack Johnson Le champion qui divisa l’Amérique


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