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Madame la conseillère et les déserts médicaux. Sa collègue a des souvenirs.

Publié le 27 janvier 2012 par Rolandlabregere

L’actualité ne s’arrête jamais. Elle se déverse, généralement à haut débit, dans le marais de l’information. Une nouvelle est poussée à la trappe par la suivante. Cet écoulement qui ne s’endort jamais laisse la chance de l’oubli à certaines informations pour la plus grande satisfaction de ceux et de celles qui les ont émises. Parfois, ces déclarations plus relâchées que perverses se rappellent à nous. Entre sourire et dérision, elles méritent quand même un petit arrêt sur image. Retour sur deux déclarations d’élues locales qui n’ont pas la langue dans la poche. Deux déclarations à mettre en dialogue pour montrer que les femmes politiques savent avec à-propos être en parité avec leurs coreligionnaires masculins.

La première s’exprimant sur les déserts médicaux des territoires ruraux fait une proposition iconoclaste : « J'ai réfléchi à la problématique dans laquelle nous sommes, notamment en Bourgogne, où il y a des déserts médicaux, et je me suis rendue compte qu'il y avait des vrais médecins dans les territoires, ce sont les vétérinaires, qui peuvent intervenir en urgence… Je pense qu'il y a un champ de travail, mais il faudrait définir une passerelle de formation et cadrer la mission de ces vétérinaires. Surtout, ce ne serait pas à la place du médecin mais en l'attendant ».  (Le Bien Public, 13 décembre 2011). Jadis, les français étaient qualifiés de « veaux ». Sans doute, c’est la raison pour laquelle en cas de complication suite à un froid de canard, votre vétérinaire traitant prescrira un remède de cheval. Mais alors qui ira alors consulter un généraliste ? J’aime trop mon chien pour le confier à un médecin. Je ne veux pas embarrasser non plus mes amis vétérinaires en leur demandant un arrêt de travail pour un chat dans la gorge. Heureusement, il existe malgré tout des praticiens sensés puisque le président du conseil régional de l'ordre des vétérinaires de Bourgogne, a reconnu son incompétence et son désarroi : « C'est totalement irréaliste et dangereux ! On n'est pas du tout compétents pour faire une médecine humaine ». Le bon sens vient à ceux qui ont la fréquentation des bêtes.

Dans son roman politico-poétique, Le manuel des inquisiteurs, l’écrivain portugais Antonio Lobo Antunes fait raconter par le narrateur comment un riche propriétaire agricole convoque un vétérinaire par téléphone pour un vêlage. En réalité, celui-ci découvre qu’il doit  accoucher la servante que le fermier a lui même engrossée. L’accouchement a lieu dans une étable. La fiction rend donc crédible une solution possible pour répondre à la question des déserts médicaux.

La deuxième déclaration est tout aussi sincère et réaliste : « Dès l'instant qu'il ne s'agit pas de cul, il est doux comme un agneau ! Mais, dans le sexe, il a des pulsions incontrôlées. Comme avec moi. Nous étions juste copains et tout d'un coup, hop ! On me saute dessus, on me renverse, on me soulève la jupe et, appelons un chat un chat, pas par le côté habituel. Bon, cette violence ne m'a pas vraiment perturbée. J'ai vécu, j'ai eu trois maris, pas mal d'amants... Je n'ai tout simplement pas eu envie d'y retourner…. » (Yahoo, jeudi 5 janvier 2012). http://www.purepeople.com/article/anne-mansouret-mere-de-tristane-banon-raconte-en-details-son-etreinte-avec-dsk_a94320/1 Cette phrase n’est pas extraite d’un roman présenté sous emballage plastifié, en vente sur un présentoir dans une gare SNCF. Ce texte est extrait d’un livre paru en janvier, Chronique d’une victoire avortée, http://www.amazon.fr/Chronique-dune-victoire-avort%C3%A9e-MANSOURET/dp/2350133141/ref=pd_sxp_f_r  écrit par une élue qui pense donner de la chair à son engagement en faveur de la gauche. On frémit en pensant à la  haute tenue des ébats échangés en séance plénière. L’auteure, vice-présidente d’un Conseil général a, par ailleurs, le goût des formules bien frappées. S’exprimant à la radio pour présenter le livre plus haut mentionné, elle déclare à propos de la candidate écologiste, Eva Joly : "C'est difficile. J'ai envie de dire que, quand on est candidat à la présidence de la République, on est supposé incarner le français moyen, l'élite, l'ensemble du pays, d'une population. Maintenant, peut être qu'on arrive pas à se débarrasser de l'accent norvégien! (...) Je pense que c'est préférable de ne pas avoir d'accent ». http://www.rmc.fr/blogs/lesgrandesgueules.php?post/2012/01/05/Anne-Mansouret-critique-l-accent-d-Eva-Joly-%5BVIDEO%5D. Ce qui est sûr, c’est que ce type de parole porte de graves accents.

Ces interventions aussi inutiles que contre-productives témoignent de la dégradation de la parole des responsables. La peopolisation des acteurs publics est une réalité. Il faut paraître et surtout parler de tout sur le même ton au risque d' une abyssale logorrhée . Devant un micro tendu, il ne doit pas être impossible à des élus de s’exprimer sur des sujets partagés par la population. Des sujets qui interrogent la vie de tous les jours, la dégradation des conditions de vie, l’école, le devenir de la jeunesse, la situation internationale… Pourquoi aller imaginer que les foutaises, les fadaises et les souvenirs d’alcôve soient le pinacle des préoccupations populaires ?

Il serait temps de songer à s’effacer. A laisser la place à d’autres, aux jeunes dont le déficit en termes de représentation est un problème spécifique à la France, à des personnes représentant la diversité du pays dont il faut rappeler la faible visibilité dans les institutions territoriales, à d’autres femmes, toutes et tous déterminés à œuvrer pour le bien commun. Il faut s’en aller vers d’autres références. En un mot, il faut aller se rhabiller. Au risque à la prochaine élection de prendre une veste. Une veste ou une déculottée.

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