Mangatomique

Les réacteurs 3 et 4 de la centrale Fukushima font désormais partie de l’histoire de l’humanité. Et pour longtemps. Ce n’est pas qu’ils soient plus mauvais que d’autres mais ils affichent la particularité d’avoir été posés là où il ne fallait pas. Il est inutile de rappeler les nombreuses voix qui depuis des décennies soulignent les risques liés à la multiplication des centrales nucléaires en particulier dans les zones à risques sismiques. Des passéistes, des rabat-joie, des bas de la casquette qui ne comprennent rien aux lumineux progrès apportés par l'implantation irraisonnée des centrales nucléaires. Des utopistes sans atomes crochus avec l’idée de bonheur.

La communication publique évolue. Pas question aujourd’hui de reprendre les techniques de persuasion et d’enfumage utilisées lors de l’accident de Tchernobyl. L’opinion sait aujourd’hui ce qu’elle risque. Aujourd’hui et pour son avenir. L’Internet clarifie et donne des informations qui, naguère, seraient restées confidentielles. Il est maintenant avéré qu’aucune source d’information ne pourra expliquer que tel nuage radioactif s’est arrêté, poliment et civiquement, à la frontière.

Des milliers de morts, l’environnement dégradé pour des centaines de siècles, des risques immenses non déterminés : cela préfigure une nouvelle approche de la responsabilité des décideurs, industriels, politiques, experts. Un droit nouveau international pourrait être à l’ordre du jour. La mondialisation du risque et la massification des victimes appellent à une redéfinition de la dénomination de crime contre l’Humanité. Ces crimes ne sont pas prescriptibles.

De cette catastrophe, nous retenons empiriquement deux faits. Faire des sceptiques ou des opposants au nucléaires les tenants d’un passé où la bougie était reine, c’est être assuré que les cierges ont beaucoup d’avenir. De plus, les sociologues de la famille doivent recomposer leurs théories : la famille est désormais durablement nucléaire.