La Compagnie des ballets russes de Serge de Daghilev : une conférence de Doris Vaesken, professeur de danse classique à l’école municipale de musique de Lomme, donnée dans le cadre des cartes blanches de l’Odyssée

En ce début de XX° siècle,la Francedela BelleEpoque, inconsciente du gouffre dans lequel elle va bientôt plonger, se détache de la danse classique et s'entiche des nouveaux rythmes du music hall, comme le french cancan. Pourtant, un homme va renouveler le genre et lui faire redécouvrir les plaisirs de ce spectacle.
Cet homme, c'est Serge de Daghilev. Il est né en 1872 dans une famille de riches amateurs d'activités artistiques. Il touchera un peu à toutes les activités artistiques, dont la musique, pour laquelle il n'a aucun talent. Son professeur lui dira d'ailleurs qu'il peut évoluer dans le monde de la musique, à condition de ne pas en jouer. Le sort en est donc jeté, il sera un mécène qui révolutionnera l'art de la danse classique.
Pour produire ses spectacles, il s'entoure de jeunes danseurs russes qu'il fait se produire en saison d'été à Paris, capitale culturelle du monde. Et pour faire revenir le public, il va en bouleverser les codes. Esthète intégral, il fait des chorégraphies un spectacle total, soignant aussi bien la qualité des décors que celle des costumes. Il demande aux chorégraphes qu'il engage de raccourcir la durée des ballets. Ce sera un triomphe quela PremièreGuerremondiale n'interrompra pas. Les thèmes retenus seront à la fois empreints de modernité et de folklore russe et pour les mettre en scène il fera appel à Nijinski (l'après-midi d'un faune de Debussy, le Sacre du Printemps de Stravinski) dont les mises en scène provocatrices lui vaudront son rempacement par Léonide Massine qui fait appel à des artistes contemporains, comme Jean Cocteau et Pablo Picasso. Suivront encore Bronislava Nijinska et Georges Balanchine.
Cependant ces spectacles sont de véritables gouffres financiers et lorsque Daghilev décèdera en 1929, la compagnie des ballets russes sera dissoute. Mais elle aura eu néanmoins le temps de semer les graines de la modernité de la danse contemporaine, avec notamment la création de l'école prestigieuse de danse – encore aujourd'hui – du New-York City Ballet.