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Effraction

Publié le 20 mai 2012 par Malesherbes

Le Monde daté du samedi 19 mai publie un entretien avec Alain Minc, « visiteur du soir » du président de la République. Ce conseiller, sans fonction ni titre officiels, me semble plutôt être de l’espèce des conseilleurs, ceux qui ne sont pas les payeurs. Il déclare notamment : « Celle-ci [La gauche] ne peut gagner que par effraction » et la rédaction du journal a choisi de prendre cette phrase comme titre de cet entretien. Notre économiste et politologue éminent eut dû au préalable consulter un dictionnaire.

Le Grand Robert définit ainsi le mot effraction : « Bris de clôture fait en vue de s'introduire sur une propriété publique ou privée; fracture de serrures à l'intérieur de ce lieu ». Il précise même qu’entrer par effraction signifie entrer avec violence. Quelle est donc l’action violente qu’aurait commise la gauche pour accéder au pouvoir, les rares fois où elle y est parvenue ?

M. Minc persiste et s’enfonce davantage lorsqu’il apporte des exemples à ce qu’il croit être une démonstration : «  Chirac a fait perdre Giscard en 1981 ; la dissolution a fait perdre la droite en 1997 ; aujourd’hui, la gauche a gagné du fait de la crise ». Où donc voit-il un bris, une fracture, une violence réalisée par la gauche dans l’un quelconque de ces événements ? Chirac, dans sa supposée trahison de 81 ou son erreur de 97, aurait-il été manipulé par la gauche ? Et la  crise actuelle, après dix ans de pouvoir d’une droite si expérimentée, aurait-elle été fomentée par la gauche ?

 
Mais ce propos révèle surtout une prétention absolument consternante. On ne peut pénétrer par effraction que dans la propriété d’autrui. Contrairement à ce que la droite s’imaginer, elle n’est pas propriétaire de la France, elle n'en a été, et plus qu’à son tour, que la gérante, tout comme la gauche peut le devenir en juin si elle obtient la majorité au Parlement. 

Notre République est dans sa cinquante-quatrième année d’existence. Si l’on ne prend pas en compte dans cette comparaison les neuf années passées dans trois cohabitations, où les pouvoirs, et les responsabilités, sont partagés, la gauche a gouverné seule pendant dix ans et la droite trente-cinq ans. On peut donc légitimement douter de la capacité de cette dernière à gouverner et elle ferait mieux d'analyser les raisons de son échec plutôt que de se livrer à des pronostics sur la compétence des nouveaux venus. 


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