Milan, l’investissement est inévitable

Cela ne fait qu’une semaine que la saison de l’AC Milan est terminée mais cela semble déjà durer une éternité. Entre-temps, Milan est déjà passé à l’action, avec de nombreux départs, plusieurs arrivées et quelques situations encore à régler. Jusqu’à présent, Milan s’est uniquement concentré sur des joueurs gratuits mais toute la stratégie de mercato ne peut pas se reposer uniquement là dessus. Les dirigeants le savent, Milan a besoin d’investissement pour rester compétitif et même s’il est impossible de rêver de top players, il y a d’autres solutions…

Le Milan 2012 – 2013 est presque complet. Presque. A commencer par ses fuoriclasse : ils resteront, ils sont blindés, les offres seront toutes refusées. Il ne reste plus que quelques places disponibles et l’AC Milan pense à effectuer un ou deux investissements… Où et comment, me direz-vous? C’est ce qu’on va essayer de comprendre :

Tout d’abord, inutile de rêver de top player, Milan n’en a pas les moyens. Cependant, Galliani pourra compter sur quelques sources d’argent. Tout d’abord, il y a l’argent économisé grâce à la forte diminution de la masse salariale. Même si cela servira avant tout de diminuer les couts, utiliser une petite partie de celle-ci (on va dire 5M sur les 40M économisés) pour réinvestir est une piste à envisager. Ensuite, le club pourra encaisser quelques millions provenant de différentes ventes : quelques éléments qui ne conviennent pas (Taiwo, Mesbah?), la vente définitive ou en copropriétés de jeunes joueurs (et Milan a beaucoup de jeunes un peu partout en Italie). Si on ajoute à cela un petit effort personnel de la part de Berlusconi, le club a de quoi constituer un budget qui permettrait quelques investissements intéressants.

Mais plus que d’argent, les dirigeants ont besoin d’intuition et de courage pour investir sur le futur. Si le club ne peut plus acheter des top players, il faut par conséquent recruter des potentiels top players. Malheureusement ces dernières années, Milan a très peu visé ce type de joueurs, en préférant engager uniquement des joueurs gratuits qui ne présentent aucun risque financier mais aucune garantie de rendement non plus. Les seules exceptions sont El Shaarawy, grand espoir et Boateng ,actuellement le milieu de terrain le plus important de l’équipe : un par saison. Ainsi, en plus des joueurs gratuits, utiles pour compléter l’effectif, Milan devra réfléchir à quelques investissements, pour le présent et le futur de l’équipe. Et le club a déjà commencé :

Le premier investissement concerne Gabriel, gardien de 20 ans qui évolue au Cruzeiro (et dans le Brésil -20 ans). C’est un achat low cost (500 000 euros) mais surtout un investissement intelligent pour un gardien d’avenir prometteur. Braida suivait le joueur depuis plus d’un an et le passeport communautaire de Gabriel en a facilité le transfert. Taille : 1,93 cm. Poids : 84kg. Milan a attendu le bon moment (problèmes entre Gabriel et son club concernant son contrat) pour l’acheter et il restera certainement au club pour s’entrainer et apprendre aux côtés des deux gardiens plus expérimentés. A terme, il pourrait devenir le gardien titulaire de Milan. C’est ce genre d’investissement qu’on attend de la société.

Le second investissement concernera la défense. Il y a en théorie Nesta et Zambrotta à remplacer mais seul le défenseur central sera numériquement remplacé par un nouveau Rossonero. Le remplaçant numérique de Nesta sera très probablement Acerbi (23 ans). C’est un jeune défenseur complet, un des plus intéressants de la Serie A et pourrait devenir à terme, un titulaire à Milan. Actuellement, il est nettement favori par rapport à des solutions beaucoup plus onéreuses comme Silvestre ou encore Ogbonna. Vous l’aurez compris, Milan cherche le meilleur rapport qualité / prix, quitte même à pousser ce concept à l’extrême (voir Nocerino) : investissement minimum pour un rendement énorme.

L’attaque de Milan est complète. En plus de Cassano, Ibrahimovic et El Shaarawy, Galliani a confirmé Pato : « Pato ne partira pas. Milan n’est pas intéressé ni par un prêt ni par un transfert définitif. Il restera avec nous la prochaine saison et on le récupèrera ici. Ca, c’est certain à 100% » Quant à Maxi Lopez, il est considéré comme le sixième attaquant et en cas de départ, il serait remplacé par une solution low cost. Ainsi, un éventuel investissement en attaque dépend exclusivement de la position de Robinho mais actuellement, peu (ou pas) d’acheteurs sont intéressés.

Le troisième investissement, le plus conséquent, serait donc réservé à un milieu de terrain de qualité. En effet, malgré les arrivées de Montolivo et Traoré, il reste au moins une place à combler au milieu. Le budget réservé devrait tourner aux alentours de 15M d’euros, un peu plus ou un peu moins. Les candidats? Quelques noms reviennent souvent : Strootman (Van Bommel et Raiola peuvent aider), Ganso (notamment en jouant la carte Robinho) et la piste sous marine, Verratti (considéré comme le nouveau Pirlo et très courtisé par la Juve). Mais il y a également de nombreuses autres pistes à explorer comme celles qui mènent à Sahin (manque de temps de jeu), Eriksen (prêt pour une grande équipe)… tous des joueurs, qui pour une raison ou une autre, pourraient renforcer Milan. L’avantage du club est de pouvoir réorganiser son milieu à souhait comme par exemple décider de la position de Montolivo ainsi que celle de Boateng. Le club pourra ensuite réfléchir à quel type de joueur et quelles caractéristiques il devra avoir pour compléter au mieux l’équipe. En principe, un seul milieu sera engagé. A première vue, le milieu devra être assez complet mais devra surtout avoir une bonne qualité technique ainsi qu’une vision de jeu élevée. Cette saison, Milan a trop souvent manqué de joueurs capables d’apporter la supériorité numérique en attaque et / ou de servir correctement les attaquants.

Recommencer à investir est fondamental pour le futur de Milan. Avoir vécu la déception de la seconde place après avoir commencé la saison 2011 – 2012 avec optimisme doit faire réfléchir. Beaucoup de choses ont déjà été dites et écrites sur les causes de ce résultat, d’un mercato insuffisant, d’un nombre de blessures inadmissible, de nombreux joueurs décevants, des erreurs d’Allegri etc. Toutefois, ce qui a surtout manqué à Milan est ce qui a fait la force de la Juventus : une unité d’action exemplaire couronnée par la victoire finale.

Avoir misé sur un entraineur charismatique comme Conte, avoir acheté des joueurs selon le projet de l’entraineur et avoir défendu fermement ses choix (comme par exemple considérer Del Piero comme un remplaçant) démontrent comme toute la société Juventus a été unie, soudée et allait dans la même direction, celle du Scudetto. Du plus haut dirigeant jusqu’aux joueurs, il y a eu une cohérence et une énorme volonté de gagner ce titre. La société a tout simplement fait preuve d’une organisation parfaite. Tout le contraire de Milan qui a un président absent qui n’a fait que critiquer le jeu cette saison, un administrateur délégué qui doit tout gérer, un entraineur dépassé par un vestiaire ingérable, avec des caractères trop forts et des sénateurs trop encombrants…

La saison passée, Milan avait montré cette attitude (même si l’entraineur à un rôle moins central que Conte). Les achats de Ibrahimovic et Robinho en toute fin de mercato démontrait que la société avait de l’ambition. Cette saison 2011 – 2012, on a retrouvé le laxisme qui régnait ces dernières années : prolongation de contrats en masse, mercato très très pauvre qui n’a pas réglé deux problèmes aussi connus qu’importants : recruter un milieu de terrain de qualité et un défenseur gauche (Aquilani et Taiwo n’ont pas suffit). Et ce n’est pas un hasard si la motivation et la cohésion ne s’est pas vue sur le terrain non plus. Une qui gagne est un ensemble : dirigeants, staff technique, staff athlétique, staff médical, tout doit fonctionner à merveille et si les premiers signes négatifs arrivent des plus hauts dirigeants, c’est déjà le début de l’échec. C’est aussi pour cette raison que le club doit montrer plus d’enthousiasme sur le mercato car cela se répercute sur l’équipe et les résultats.

L’AC Milan a vécu une saison décevante et a fait face à de nombreux départs. La situation, surtout le pessimisme ambiant, rappelle l’année 2010 : alors qu’on s’attendait à du low cost et que les tifosi commençaient vraiment à gronder, Milan a engagé Boateng pour finir en apothéose avec Ibrahimovic et Robinho! Ce n’est pas un hasard si cela a coïncidé avec la victoire du Scudetto en mai…. Le club a maintenant la mission très délicate de présenter une équipe compétitive tout en gardant le contrôle sur une situation financière à redresser. La seule solution est de recommencer à investir mais d’une manière raisonnable et surtout intelligente car cette saison (plus que les autres) a prouvé que pour gagner il faut pouvoir compter sur un collectif, une vraie équipe, bien préparée, entrainée, huilée et motivée : un top player ne suffit pas, il faut un effectif équilibré et cohérent. Le triomphe passe par l’ambition, l’investissement et la soif de victoires.

Les bases de l’équipe sont déjà présentes. On a des dirigeants sérieux qui ont permis au club d’être au top durant 25 ans, on a un noyau de joueurs intéressants, et surtout, qui sont prêts à tout donner pour Milan et on a une Primavera qui fait partie des meilleures d’Italie. Les bases sont solides. Il faut maintenant les renforcer par des joueurs prêts à tout donner pour aider ce club à retrouver les sommets. L’AC Milan n’a pas la nécessité de vendre pour améliorer les finances (la diminution des couts suffit) mais a par contre, la nécessité de rester compétitif car manquer une saison la qualification en Champions League serait dramatique : deux indices qui poussent à croire que, malgré la tempête des rumeurs (et d’offres), nos fuoriclasse resteront et que l’AC Milan sera compétitif. Cela passe inévitablement par l’investissement car la qualité, ça se paie.