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Malouines : Les îles de discorde

Par Simonpelletrecht @SimonRecht

Le 30e anniversaire de la guerre des Malouines, en avril, ravive les tensions entre Anglais et Argentins. Depuis mercredi 18 janvier, les accusations de colonialisme fusent de chaque côté.

Malouines : Les îles de discorde
La guerre des Malouines est un véritable traumatisme pour les deux nations. 649 Argentins et 258 Britanniques y ont perdu la vie. Si ces petites îles de l’Atlantique-Sud appartiennent au Royaume Uni depuis 1833, l’Argentine n’a jamais cessé de réclamer leur rattachement, dénonçant le colonialisme anglais. Les tensions ont augmenté ces dernières années à propos de l’exploration pétrolière autour des Malouines, sans que l’accord d’entente cordiale du 14 juillet 1999 ne soit pour autant remis en cause.

Mercredi 18 janvier, c’est David Cameron, le premier ministre britannique, qui a accusé, devant les députés, l’Argentine d’adopter une “attitude colonialiste” à propos des Malouines. En réponse, le ministre des affaires étrangères argentin, Hector Timerman, a déclaré aujourd’hui à l’agence d’information officielle Telam que la Grande-Bretagne était un pays «synonyme de colonialisme». Il a ajouté que “la Grande-Bretagne, en déclin impérial, décide de réécrire l’histoire». Dans le même temps le ministre de l’intérieur Florencio Randazzo a déclaré que les propos de Cameron étaient “totallement offensifs”.

Malouines : Les îles de discorde
L’Argentine n’est pas sur la défensive. Depuis des mois le gouvernement Kirchner accumule les déclarations pour réclamer des négociations autour des Malouines. Cristina Kirchner, le 21 décembre 2011, a relancé les hostilités en déclarant : ” Le Royaume-Uni est un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et pourtant il ne respecte pas une seule, pas une seule résolution. Nous ne leur demandons pas de venir ici et de reconnaître que les Malouines sont argentines, mais ce que nous réclamons, c’est que le Royaume Uni ce qu’ont demandé les Nations Unies, que les deux parties s’assoient pour dialoguer, dialoguer, dialoguer.” En plein coeur de la tourmente, Héctor Timerman a déclaré aujourd’hui 19 janvier que la seule solution possible est de commencer des négociations bilatérales directes. Dans son intervention du 21 décembre, Cristina Kirchner a aussi accusé le Royaume Uni de “prendre les ressources de l’Argentine”, tant sur les Iles que dans les eaux alentours.

Le même mois, l’Argentine a réussit à convaincre le Brésil, l’Uruguay et Chili de reconnaitre la résolution du Mercosur qui invite à rejeter tout navire battant pavillon des îles Malouines. Le Brésil, qui espère sa part du gâteau du pétrole off-shore, est l’un des alliés de poids de l’Argentine. C’était déjà le cas en Argentine depuis février 2010 et le début des forages de repérage de brut par la société anglaise Desire Petroleum.

Les Anglais se retranchent derrière “l’autodétermination” des habitants des Malouines. Pour Noël, il leur a adressé ses vœux, affirmant qu’il ne les laisserais “jamais” tomber.

Malouines : Les îles de discorde
Les malouiniens, qui comptent parmi les plus riches habitants de la terre grâce aux royalties des compagnies pétrolières, semblent se plaire sous l’étendart anglais. Un membre de l’Assemblée des Iles Malouines, Dick Sawle, a demandé aujourd’hui aux Argentins de les “laisser en paix” : ” L’Argentine doit respecter les souhaits des habitants de l’île, et nous désirons rester rattachés à la souveraineté anglaise”. Les journaux anglais sont divisés à propos de l’attitude de M.Cameron. Alors que The Guardian titre : “Le colonialisme dans les Malouines vient de David Cameron, pas de l’Argentine”, le conservateur Daily Mail écrit : “C’est simplement inconcevable que l’Argentine puisse prendre les Falklands”.

Le duel verbal entre les deux nations ne devrait pas aller jusqu’à l’affrontement. Tout d’abord puisque, à la différence de 1982, l’Argentine est une démocratie : Kirchner a été brillament réélue à l’automne 2011. Mais aussi parce que ce pays, avec plus de 8% de croissance annuelle, n’aurait pas intérêt à entrer en guerre. Reste l’appât du gain (le pétrole), et le nationalisme (surtout chez les péronistes kirchnéristes). L’anniversaire des Malouines s’annonce festif…



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