C’est le grand jour sur la Croisette! Les marches ainsi que le tapis rouge sont en place, les flashs des photographes sont prêts à crépiter et le plateau du Grand Journal s’est installé devant le Martinez. Tout semble parfait pour que ce 65ème Festival de Cannes se passe sous les meilleurs auspices. Et Dieu sait ce que nous réserve cet énième gigantesque « raout » du cinéma international. E-TV vous raffraichit la mémoire en vous rappelant les moments qui ont fait date à l’évènement le plus glamour de la planète.
1/ 1939: Le premier festival tué dans l’œuf.
Cannes supplante Biarritz et la première édition de ce Festival dédié au cinéma a lieu en 1939 pour concurrencer la Mostra de Venise. Dès la fin août, les vedettes américaines débarquent à Cannes, avec en tête Mae West et Gary Cooper. L’ambiance est à la fête, malgré les tensions politiques qui assombrissent l’horizon de jour en jour. Le 22 août, le Palm Beach s’est paré de tous ses feux pour la grande soirée d’ouverture. C’est Fernandel qui ouvre la soirée, mais à peine a-t-il achevé son premier tour de chant que le ciel s’assombrit et un violent orage éclate. En un instant, le vent et la pluie saccagent tout, la panique s’empare des invités. Au petit matin, le Palm Beach offre un spectacle de désolation…Peut-on y voir un mauvais présage?
La réponse est oui. Le 30 août, c’est la mobilisation générale et, le 3 septembre, la guerre.
Le premier Festival de Cannes est « mort-né ». En quelques jours, Cannes se vide de sa clientèle cosmopolite. Seuls les organisateurs auront pu assister à une projection et découvrir Quasimodo de Charles Laughton. Stars et cinéphiles devront attendre sept ans pour célébrer le cinéma sur la croisette.
2/ L’affaire des cravates.
En 1949, le costard cravate est déjà de rigueur sur la Croisette mais celui-ci complique sérieusement l’improvisation d’un bain de mer, d’une séance de ski-nautique ou d’une petite ballade. En conséquence, le comité instaure alors des séances avec cravate et sans cravate. Une fausse bonne idée… Les invités présents sur la Croisette considèrent que les films choisis pour les projections avec cravates sont ceux de meilleure qualité. Un jugement qui ne tarde pas à blesser les réalisateurs dont les films sont programmés pour les « sans cravates ».
3/ Picasso: « Smoking » or « No Smoking »?
En 1953, Picasso fait savoir à Jean Cocteau, président du jury, que le smoking ne fait pas partie de sa garde-robe ! Le peintre, déjà plus que célèbre, fait également savoir qu’il souhaite, malgré cela, assister à l’ouverture du Festival c’est-à-dire à la projection du film d’Henri George Clouzot »Le Salaire de la peur ». A Cannes, la règle est stricte mais l’artiste, lui, est unique. Le Président du jury tranche finalement assez rapidement et décide d’autoriser Picasso à esquiver la tenue d’apparat. Celui-ci se présentera accompagné de Françoise Gilot en pelisse de mouton. Le couple Picasso, magnifique, franchit le seuil du Palais des Festivals, aux côtés d’Yves Montand, de Clouzot et de sa femme Véra, des amis fidèles.
4/ Un Mariage princier.
En 1954, une jeune actrice américaine, Grace Kelly, vient sur la Côte d’Azur avec Cary Grant pour y tourner sous la direction d’Alfred Hitchcock. Elle participe au Festival de Cannes l’année suivante pour défendre Une fille de province (The Country girl) de George Seaton. Profitant de sa présence sur la Côte d’Azur, le journaliste Pierre Galante lui organise une rencontre avec le Prince Rainier de Monaco. Ils se marièrent le 22 avril 1956, la veille de l’ouverture du Festival de Cannes. La date de la manifestation a été choisie pour que toutes les personnalités présentes à la cérémonie monégasque puissent ensuite se rendre à Cannes.
5/ Mai 68: Festival « cancelled »
En plein coeur des événements de mai 68, le Festival ouvre ses portes. Les cinéastes de la « Nouvelle Vague », Jean-Luc Godard et François Truffaut organisent la rébellion. Rejoints par des membres du jury, ceux-ci manifestent lors d’une projection. Ils auront finalement la peau du Festival 5 jours avant la cérémonie de clôture.
6/ Gérard Philippe: l’enfant du pays.
Talentueux, jeune et séduisant…l’image de Gérard Philipe est à jamais gravée dans le cœur de ses admirateurs. Lors de l’édition de 1972, un hommage est rendu à cet enfant du pays par l’installation d’une plaque commémorative, avenue du Petit-Juas, devant l’immeuble où l’inoubliable Fanfan a passé son enfance. Ses trois participations au concours cannois ont d’ailleurs été couronnées de succès : Prix de la meilleure partition musicale du Festival de 1951 pour « Juliette ou la clef des songes » de Marcel Carné ; Prix de la mise en scène en 1952 pour « Fanfan la Tulipe » de Christian-Jaque et Prix spécial du Jury du FIF 1954 pour « Monsieur Ripois » de René Clément.
7/ La grève des photographes.
En 1975, la star américaine Paul Newman arrive à Cannes exténué. Assailli par les paparazzis, il refuse de poser pour eux. Le soir même, lors de la célèbre montée des marches, tous les journalistes déposent leur appareil à leurs pieds en signe de protestation. Paul Newman avouera plus tard «que c’est la plus grande leçon qu’on lui ait donnée». Isabelle Adjani, en 1983, lors de la projection de « L’Eté meurtrier », fera également face au boycott des photographes.
8/ Tarantino et Pialat: victimes de la profession.
En 1987, Maurice Pialat reçoit la Palme d’Or pour son film « Sous le soleil de Satan » sous les hués de la salle. A la tribune, il déclare: » Si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus ». Quentin Tarantino connaîtra pareille mésaventure avec son long-métrage « Pulp Fiction » lui aussi primé. Le fantasque réalisateur ira lui plus loin en adressant un magnifique « doigt d’honneur » à l’assistance.
9/ Les Hot d’Or expulsés de Cannes.
En 2001, la cérémonie des Hot d’Or quitte Cannes, notamment à cause de plaintes répétées de certains riverains. L’événement, qui avait lieu en marge du Festival de cinéma, sévissait sur la Croisette depuis 1992.
10/ Les films scandales.
La censure a provoqué de nombreux scandales au Festival de Cannes mais son abolition en entraînera autant. Car, dans les années 1970, les auteurs s’attaquent à des thèmes insolites et délicats. D’abord Marco Ferreri avec « La Grande bouffe » (La Grande abbuffata) qui s’en prend à la société de consommation en 1973 ; puis, Thierry Zeno, deux ans plus tard, avec « Vase de noce », film abordant la zoophilie présenté à la Semaine de la Critique. « Irreversible » de Gaspard Noé fera également grand bruit avec la plus longue scène de viol jamais filmée.
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