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L'UMP accepte enfin l'islamophobie

Publié le 21 mai 2012 par Omelette Seizeoeufs
 

Marine Le Pen dit : "je suis la chef de l'opposition au système".

Marine Le Pen dit : "l'immense majorité des électeurs de l'UMP se sentent beaucoup plus proches de nous que de leurs dirigeants qui tendent à gauche."

Il y a seulement quelques mois, devant de tels propos, on aurait conclu à l'hyberbole habituelle de la famille Le Pen. Aujourd'hui, alors que Le Pen fait un score, certes impressionnant, mais seulement un peu mieux que son père en 2002, nous sommes obligés de la prendre un peu plus au sérieux.

La première phrase vise Mélenchon d'abord, l'UMP ensuite. La seconde explique, à propos de l'UMP, que Madame Le Pen est déjà, idéologiquement, à la pointe, à la tête, du sentiment populaire de la droititude. D'accord, ce n'est que Le Pen. Regardez toutefois ce qui se passe à l'UMP.

Lancés sur le terrain depuis deux semaines, les candidats UMP à l'Assemblée nationale n'en reviennent pas : leurs électeurs sont plus à droite qu'eux. Résultat : même les tenants d'une droite modérée ont décidé de remettre à juillet leurs critiques sur la stratégie électorale de Sarkozy et de continuer sur la même voie pour les législatives.

Et ce n'est même pas la faute de Copé ! Ce sont les modérés que l'obligent à rester sur la ligne xénophobe ouverte par Sarkozy :

les ténors du parti restent majoritairement silencieux à l’écoute de ces discours marino-compatibles. Pas un n’ose afficher le moindre embarras, ni même blâmer l’ultra-libéral maire de Meaux. Pourquoi tant d’obéissance ? « Pour une fois, Copé n’y est pour rien, lui voulait faire campagne sur le vieux projet, son projet, adopté par l’UMP il y a huit mois, rapporte un membre du comité stratégique de l’UMP. Mais Juppé et d’autres lui ont tordu le bras devant tout le monde pour l’obliger à reprendre le temps des législatives les thématiques de Sarko ! »

Il y aura beaucoup à dire sur les silences des uns et des autres. Ces fameux "humanistes" de l'UMP n'ont rien dit (ou presque) pendant cinq ans, n'ont rien dit (ou presque) pendant la campagne de Sarkozy, ne disent rien (du tout) pendant la campagne des législatives. Il est difficile de ne pas espérer qu'un jour ils paieront leur absence de courage.

 

Ce jour ne viendra pas, je me commence à me dire. Les digues ont effectivement sauté. Et une nouvelle digue a été construite, en silence. La nouvelle digue, c'est celle qui "protège" Marine Le Pen et le Front National de leur passé antisémite, des origines collaborationistes de l'extrême droite. Hormis quelques mesures symboliques (peine de mort), et l'opposition féroce à l'Europe (sortie de l'euro), et des mesures dignes plutôt de l'extrême gauche, rien ne sépare l'UMP et le FN pour ce qui concerne le Grand Jeu des années : le partage du gâteau islamophobe.

Le "nouveau" Front National n'est pas seulement celui de Jean-Marie auquel Fifille aurait ajouté un discours populaire. On occultant l'antisémitisme, qui était pourtant au coeur du discours frontiste depuis toujours, Marine a en effet éliminé la barrière essentielle avec la droite mainstream. Soudain, comme par magie, le Front National n'est plus l'héritier de Vichy. Le désir de trouver des électeurs est en effet une magie puissante, qui permet d'oublier toute sorte de choses.

La Droite Populaire ne comprend plus pourquoi elle ne peut pas marchander avec le Front National, puisqu'ils ont les mêmes idées, et le reste de l'UMP n'est pas loin derrière. Le vrai conflit qui reste entre les deux partis, c'est la lutte pour s'affirmer propriétaire de ce pactole xénophobe.

 

En bon gauchiste, on se dit que cela ne doit pas être possible. Les "humanistes" vont se rebiffer. Ils vont tous être exposés pour avoir trop fréquenter l'extrême droite. Mais ça, c'était avant, l'époque où tout l'on votait à 80 % pour Chirac contre Le Pen. C'était avant la banalisation de l'islamophobie. Car s'il y a un phénomène qui a permis au Front National de se rendre "fréquentable", c'est que l'islamophobie a pu remplacer complètement l'antisémitisme dans l'arsenal frontiste. Et l'islamophobie n'a pas la même histoire, avec Vichy et le Shoah, pour nous avertir des dangers qu'elle représente. Du coup elle est fréquentable.

Le défi pour la gauche, dans les années à venir, est de trouver de nouvelles raisons, de nouveaux arguments pour contre la nouvelle xénophobie. La mémoire de la guerre 39-45 s'éloigne ; la grille de lecture politique qu'elle offrait sera de moins en moins efficace. Il faut trouver comment "vendre" autrement au plus grand nombre des valeurs comme la tolérance, la (vraie) laïcité, la diversité.


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