Magazine Cinéma

Laurence Anyways de Xavier Dolan

Par Celine_diane

[AVANT-PREMIERE] 
[Critique] LAURENCE ANYWAYS de Xavier Dolan Depuis le départ, Dolan ne nous parle que d’amours contrariées, passionnelles, impossibles. L’amour-haine d’un fils pour sa mère dans J’ai tué ma mère, l’amour-obsession d’un trio désenchanté dans Les amours imaginaires, l’amour-passion, poison dans ce Laurence Anyways là, troisième tableau d’un triptyque rouge sang où les cœurs saignent de ne point parvenir à s’aimer. Troisième essai et coup de maître pour le cinéaste québécois qui, s’il affiche un penchant pop parfois un peu trop prononcé, impressionne par ses prises de position esthétiques radicales. Son film est fou, fort, fouillis, injecté de cinéma et de fougue, truffé de références. Et ce, dans chacun des plans qui compose cette fresque transgenre de près de 2h40. On pense souvent à Almodovar, même si le jeune réalisateur s’en défend, au cinéma asiatique, voire même aux freaks qui parsèment l’œuvre de Terry Gilliam. L’histoire ? Celle d’un Laurence (Melvil Poupaud) qui se sent femme, prisonnier de son corps d’homme et qui décide de libérer son vrai soi, à l’aube de la crise de la quarantaine. 
A ses côtés: une femme (Suzanne Clément, qui mériterait le Prix d’interprétation cannois). L’amour de sa vie, peut-être. L’amour d’une vie, assurément. Un amour furieux, déchaîné, qui s’étend sur plus de dix ans. Tout commence sur un tournage de film, l’amour qui naît d’une épingle changée en papillon. Un symbole en fil conducteur : le papillon de la liberté, mais surtout, de la métamorphose. Le point de départ également d’une immense comédie : sociale, identitaire, amoureuse. Outre le récit de ce changement de sexe qui débute fin 1989, et offre donc à Dolan la possibilité d’illustrer la plupart des scènes par les tubes pop de l’époque (son goût pour l’imagerie clippesque reste constant sur ses trois films), Laurence Anyways parle surtout et avant tout d’un couple qui doit faire face à mille épreuves : regard des gens, incompréhension de la famille (Nathalie Baye, géniale dans le rôle de la mère) et problématiques sexuelles. Dolan y alterne intimisme et grandiloquence dans une géante réinvention visuelle qui bouscule les attentes. C’est poseur, intello, sûr de soi. Mais aussi profondément humain, débordant d’audace, de couleurs et de sens. Et, assurément, Laurence anyways s’impose comme le meilleur des trois volets de la trilogie-chrysalide d’un artiste passionné, là pour durer. 
[Critique] LAURENCE ANYWAYS de Xavier Dolan
Un Certain Regard – CANNES 2012  Sortie : 18 juillet 2012. 


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