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Un printemps à tous les sirops

Publié le 25 mai 2012 par Wtfru @romain_wtfru
Un printemps à tous les sirops

Nous vous l'avions annoncé la semaine dernière : tout devient printemps. Celui de l'érable, utilisant un leitmotiv rhétorique connu de tous a du goût. Un goût de révolution estudiantine nord américaine qui laisse bien stupéfaits leurs voisins étatsuniens. Voilà de quoi comprendre les bases de cette nouvelle lutte sociale.

A la mi-février, Jean Charest premier ministre québécois, décide avec son gouvernement d'augmenter les frais de scolarité universitaire de 75%. Cette augmentation veut harmoniser les frais de scolarité nord américains. Cette hausse est évidemment vilement contestée par les étudiants qui s'appuient sur les chiffres officiels de l' OCDE qui montrent une différence de frais universitaires conséquente entre les Etats de l' Union Européenne et l' Amérique du Nord.

Les protagonistes de ce conflit sont principalement les parents, leurs progénitures, les professeurs et les syndicats. Derrière ce mouvement populaire se cache surtout un débat de fond plus idéologique, voir philosophique. Il sépare en deux camps bien distincts les défenseurs d'une éducation supérieure gratuite car pour eux il s'agit d'un droit, et les " utilitaristes " qui pensent qu'aller à l'université est un investissement sur le long terme. Faire des longues études augmentera plus tard les chances d'avoir un emploi " bien rémunéré ".

La politique de l'autruche appliquée par le gouvernement québécois a conduit à de grave débordements lors des manifestations. A chaque écart de conduite, la police est intervenue ne faisant pas distinction, selon les témoignages, entre les manifestants et les casseurs. Plus tard, le gouvernement Charest adopta une " loi spéciale ", la loi 78, restreignant le droit de manifester. Aucun rassemblement à moins de cinquante mètre d'un établissement scolaire n'est autorisé. Surnommée " la loi matraque ", cette loi s'affiche clairement comme une loi " anti liberté d'expression ".

Dès la fin du mois d'avril, des concessions ont été promises et les négociations entamées avec les trois fédérations étudiantes principales. L'accord proposé se repose sur trois axes " i) étaler sur sept ans et non cinq l'augmentation des frais d'inscription, ii) l'augmentation des bourses de scolarité, iii) la diminution des frais annexes (sans garantie) ". Cela représente une croissance de 87% de ces frais sur sept ans portant ainsi à 4000 dollars l'année d'étude à l'université. L'association radicale La Classe, dit non et poursuit le mouvement dans la rue.

Les enjeux politiques dépassent l'entendement. La rumeur d'élections anticipées parcourt la province sur fond de revendications indépendantistes. Plus M. Charest tient, plus la côte de popularité et celle de son parti (le Parti Libéral) augmente. A noter quand même que Dominique de Villepin, a proposé son expertise en matière de conflit étudiant, lui qui nous à fait vivre en 2007 le Printemps du CPE.

Nous sommes ici en plein cœur d'un mouvement fédérateur qui après 100 jours de désenfle pas. Cette lutte sociale sans appel provoque le sursaut d'une génération qui " [...] a perdu le contrôle de son destin ".

" Si vous pensez que l'éducation est chère, essayez l'ignorance ".

A. Lincoln

Pour aller plus loin :

Loi 78 - Extrait du journal officiel

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