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l'impossibilité de la croissance

Publié le 25 mai 2012 par Despasperdus

Les dirigeants des grandes puissances, à commencer par ceux de l'Union européenne ont découvert la solution miracle à tous les problèmes : la croissance.

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Indubitablement, le mérite en revient à François Hollande, notre grand président socialiste de la République qui a déjà réussi son mandat!

L'axiome est le suivant (et répétez-le 50 fois après moi) : la croissance permet à la fois de résorber les dettes publiques et le chômage dans un contexte d'austérité.

Au-delà de cet enfumage, gardons à l'esprit que depuis une vingtaine d'années, l'application stricte des dogmes de l'idéologie néolibérale permet à l'oligarchie de s'approprier l'essentiel des richesses produites au détriment des populations, qui elles voient leur niveau de vie baisser.

Depuis la crise des subprimes, la régression sociale et la marchandisation de tous les secteurs d'activité se sont accélérées en Europe. La sacrosainte main invisible - qui devait être infaillible, selon les libéraux - produit des catastrophes sociale, économique et écologique.

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Appliquant la stratégie du choc, les dirigeants de l'UE arrivent au bout de la logique néolibérale, notamment en Grèce dont Alexis Tsipras, le leader de Syriza, estime qu'elle sert de laboratoire néolibéral. La régression sociale sans précédent et la vente à la découpe du pays ont détruit l'économie grecque. En Espagne, l'économie serait déjà en récession... Au Portugal aussi !

L'avancée électorale de Syriza est une réelle menace pour l'oligarchie. Pour la première fois sur le continent européen, une force politique majeure, à gauche de la social-démocratie, résolument opposée à l'idéologie néolibérale, est en mesure de prendre le pouvoir. Cela pourrait donner des idées aux autres peuples européens malgré le matraquage des médias dominants.

Aussi, il n'est pas fortuit que les déclarations finales du G8 et du "diner" européen aient évoqué longuement le maintien de la Grèce dans la zone euro [1] et la croissance. L'évocation d'une hypothétique croissance permet aux dirigeants de l'UE de faire diversion pour masquer leur impuissance, leur foi aveugle dans le capitalisme et leur orthodoxie néolibérale.

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Dans l'hypothèse où l'UE lancerait un plan Marshall - en injectant quelques millions ou milliards d'euros dans l'économie pour sauver la zone euro, enrayer la récession et, redonner de faux espoirs pour détourner les citoyen-ne-s des partis de la gauche européenne, - quelle serait la nature de cette croissance ?

Dans le cadre de l'économie néolibérale, il ne pourrait s'agir que d'une croissance non contrôlée économiquement, mal répartie socialement et aberrante écologiquement qui produirait davantage de biens et n'importe quels types de biens. L'hyperproduction créera probablement de l'emploi, mais où, au profit de qui, et pour quelle utilité sociale ?

A supposer que dans un 1er temps, la croissance de l'économie néolibérale atteigne ses objectifs, elle ne sera pas viable à long terme : "le produire toujours plus" dans un monde aux ressources naturelles limitées relève, ni plus ni moins, de la fuite en avant pour sauver TINA et les privilèges de quelques uns au détriment de tous ! C'est un suicide collectif !

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(source La Décroissance)

En évoquant (invoquant ?) la croissance, comme les anciens imploraient les dieux, les dirigeants de l'UE s'interdisent de libérer les peuples européens de la dictature des banques et des marchés financiers. La mutualisation et l'audit des dettes publiques européennes, la réforme du secteur financier, la fin des paradis fiscaux dans la zone euro, le financement des investissements publics des états membres directement auprès de la banque centrale européenne, l'interdiction des CDS et de la spéculation sur les dettes publiques sont autant de réformes a minima qui ne sont pas inscrites à l'ordre du jour... Et tant qu'elles ne seront pas appliquées, l'austérité et son cortège d'injustices perdureront.

Notes

[1] aucune disposition légale ou réglementaire ne prévoit le renvoi d'un pays de la zone euro sur décision des autres États membres


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