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Men In Black 3

Par Deuz
Men In Black 3
Ah, Men In Black premier du nom ! Je me revois en cet été 1997, exemple type de collégien boutonneux mal dans sa peau en train de demander à sa mère de monter le son de la radio dès qu'une voix sexy commençait à fredonner un groovy "Here come the men in black", rapidement suivi par un flot de mots incompréhensibles pour mes trop jeunes oreilles mais harmonieusement lancés en rythme par l'ultra-charismatique Will Smith, alors en pleine explosion et détrônant par là-même le grand Michael Jordan dans mon classement personnel des mecs les plus cools de l'univers. Je cherchais alors tout le temps un "petit bouton rouge" sur le tableau de bord de la Citroën de ma mère, et je murmurais "Edgar, t'as la peau qui flotte" dès que je croisais quelqu'un au physique disgracieux. Oui, j'étais un petit con qui avait vraiment aimé MIB.

Men In Black 3

"Edgar, t'as la peau qui flotte !"


Un jour, cédant à mes requêtes incessantes et on ne peut plus agaçantes dans les rayons du super-marché du coin, ma petit maman m'a alors gentiment offert l'album de l'ancien Prince de Bel-Air et un poster immense affichant fièrement les faciès figés des hommes en noir. Mais à l'époque, j'avais aussi le CD des Spice Girls (comme tout le monde, n'ayez pas honte) et la plantureuse Pamela Anderson s'exhibait dans un maillot de bain microscopique sur ce même mur de ma chambre où séjournait un Tommy Lee Jones imperturbable malgré son inopinée proximité avec la blonde incendiaire... Alors est-ce que quinze ans plus tard, mes goûts ayant inévitablement (et heureusement) changé, et après un deuxième épisode franchement mauvais, ce troisième volet saura-t-il donner un nécessaire coup de fer à repasser sur les costumes poussiéreux de nos bon vieux chasseurs d'aliens préférés ?

Men In Black 3

"Coucou, Papy Tommy !"     "Rien à foutre"  


Dès les premières minutes du film, la mise en place de l'intrigue et la réalisation de Barry Sonnenfeld, déjà à l’œuvre sur les précédents épisodes, répondent alors clairement à cette question : Men In Black 3 n'essaie pas une seule seconde de réajuster les costards de ses célèbres personnages. Il ne change pas leurs boutons de manchettes, ne les repasse pas, ne les nettoie pas et ne leur passe même pas un petit coup de brosse... Il les sort juste du placard et les remets tels quels sur les épaules refroidies des fameux agents K et J. Bien sûr, avec une histoire reposant sur le principe de voyage temporel et remplaçant de surcroît le grabataire Tommy Lee Jones par le talentueux Josh Brolin pour interpréter un jeune K plus vigoureux et expressif qu'à l'accoutumée, on aurait pu croire à un certain renouveau de la série... Mais il n'en est rien !

Men In Black 3

"Tu connais la différence entre toi et moi ? Sur moi, c'est la classe !"


Si le déplacement de l'action à la fin des années 60 permet de nombreux clins d’œil aux séries Z de la même période (dont le look délicieusement rétro de certains extraterrestres) et sert de nouveau ressort à un humour plutôt efficace dans l'ensemble (entre un racisme ambiant de l'époque mis à mal et une relecture abracadabrante de la Factory d'Andy Warhol), le déroulement de la trame et la réalisation sont quant à eux très proches de ceux du métrage d'origine, encrant donc malheureusement ce tardif troisième chapitre dans les années 90 plutôt que dans les années 2010. "Malheureusement", car s'il est toujours agréable de retrouver le charme naïf des productions de son enfance (comme J.J. Abrams tenta de le montrer avec son récent Super 8), on peut néanmoins se demander quel est l'intérêt de ressusciter nos héros du passé si nous ne voulons en aucun cas les projeter dans notre nouvelle réalité (écueil par exemple évité, dans un autre registre, par l'excellent American Pie 4), les faire évoluer dans une mise en scène plus moderne ou au moins essayer d'offrir aux fans un ultime baroud d'honneur vraiment bigger and louder, à défaut d'innover, ce qui est loin d'être le cas de ce Men In Black 3.

Men In Black 3

"J'me sens vieux, mec..."                        "Et moi donc..."   


Vous vouliez découvrir un bestiaire encore plus fourni et original que celui d'autrefois, avec son chien qui parle, ses gros insectes buveurs de café et son type moche à la tête qui repousse ? Vous espériez voir beaucoup plus de scènes d'actions, à l'intensité multipliée par le nombre d'années qui nous séparent du premier volet ? Dommage : Barry Sonnenfeld ne vous a pas écouté. Même au niveau visuel, Men In Black 3 n'arrive pas à impressionner et semble parfois d'un autre âge. Si ses costumes et diverses tronches d'extraterrestres en latex sont généralement réussis, ses nombreux effets numériques n'égalent pas ceux que l'on peut aujourd'hui voir chez les cadors du genre (dur de passer après Avatar ou la dernière bombe visuelle qu'est Avengers), alors que le premier MIB était, en son temps, à la pointe de l'imagerie par infographie. Avons-nous alors ici affaire à ni plus ni moins qu'un échec cuisant ? Tout de même pas !

Men In Black 3

"C'est ça que t'appelles un alien ? Je t'avais dit bigger and louder, Barry ! BIGGER AND LOUDER, MERDE !!"


Bien que classique, l'histoire reste très bien construite et évite les principaux pièges inhérents aux intrigues temporelles, se laissant ainsi suivre agréablement jusqu'à son dénouement. L'humour est aussi, comme nous l'évoquions, toujours de la partie et les personnages principaux, au caractères assez bien écrits, sont soutenus par des acteurs globalement convaincants (à part un Tommy Lee Jones pas mal fatigué, voire à deux doigts de casser sa pipe, malgré sa faible présence à l'écran). Je tiens d'ailleurs à souligner l'énergique prestation de Will Smith qui, même si la plupart des critiques pensent pour le coup qu'il en fait des caisses, porte réellement le film à bout de bras et assure presque à lui seul les différentes scènes comiques, permettant ainsi de maintenir notre attention lors des passages les moins rythmés. Mention spéciale pour Josh Brolin également, dont le travail de mimétisme sur Papy Tommy enterre six pieds sous terre les horribles masques rajeunissants numériques de Tron L'Héritage

Men In Black 3

"Ma belle gueule est 100% naturelle, mon coco !"


Au final, avec Men In Black 3, ce n'est pas seulement l'agent J qui remonte dans le passé, mais bien Barry Sonnenfeld et tous les spectateurs qui voudront bien se laisser embarquer par sa réalisation d'un autre temps. Et si l'on était en droit d'espérer bien plus de ce troisième opus (ou pas) et que celui-ci n'est définitivement pas le film de l'année (ni de la semaine), il reste néanmoins, notamment grâce à un script bien maîtrisé, un sympathique moment à passer et, pourquoi pas, une alternative légère à l'ambiance trop sérieuse et grave dont le cinéma s'auréole chaque été, lors d'un festival de Cannes souvent trop hype et guindé. Le costume noir sent peut-être la naphtaline et semble bien trop petit maintenant que nous avons tant grandi, mais nous pouvons cependant l'enfilé sans peine une dernière, pour quelques instants, juste histoire de se rappeler le bon vieux temps.

Men In Black 3

"GéronimooooooooOOOOOOOOH !"


Titre original : Men In Black 3
Réalisé par : Barry Sonnenfeld
Date de sortie française : 23 mai 2012
Men In Black 3
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