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L’eurovision m’a tuer

Publié le 27 mai 2012 par Acrossthedays @AcrossTheDays

eurovision song baku 2012 wallpaper LEUROVISION MA TUER

L’Europe est en crise; l’Égypte a fait une révolution pour rien; la Grèce est à la ramasse et le Vatican est en alerte « Da Vinci leak ». Mais il arrive qu’une case horaire, sur France 3, permette de redonner espoir dans une humanité qui n’en a plus. Soit celle du 26 mai 2012, à 21h, en compagnie du concours de l’Eurovision. 

Pour faire court, cette émission représente le LOL musical en Europe et plus, géographiquement, si affinités financières (gaz, pétrole, etc.). Un peu comme si YouTube décidait d’organiser une soirée avec du lolcat, la différence étant qu’il s’agit ici de 43 chanteurs, chacun représentant sa petite maison.

Azerbaïdjan mon amour

Tout d’abord, un petit détour par le pays hôte des « festivités » s’impose : l’Azerbaïdjan. Une nation empreinte de démocratie, de justice sociale, pleinement intégrée dans l’Union-Européenne et connue pour combattre la corruption. Ou pas. Son triptyque ? Peur, prison et pétrole. Une belle dictature comme il n’en existe plus aujourd’hui en Europe. Ses copains de classes ? La Biélorussie, sous influence russe, et la sympathique Hongrie qui file, avec Viktor Orban, un mauvais coton.

Ainsi, le régime de Bakou (cf. la belle capitale de l’Azerbaïdjan, vendue hier soir sur toutes les chaînes retransmettant l’événement, y compris France Télévisions) illustre à lui tout seul le non-respect des libertés, une presse bâillonnée et un système politique sans aucune espèce d’opposition.

En somme : un pays chaleureux pour accueillir le concours de l’Eurovision, qui aura financé sa petite sauterie publicitaire pour la modique somme de 48 millions d’euros. Tout-va-bien.

La musique est morte

Beaucoup plus réjouissant, la musique, les artistes, les compositions et le génie des chanteurs présents sur place. Pour rendre hommage au dieu de la musique (on l’appellera « David Guetta » ou « Skrillex »), l’Eurovision option 2012 nous a concocté une fameuse programmation, loin du morne Reading Festival et du faiblard Coachella. Ici, place à la puissance, place à une production scénique époustouflante et des artistes de renommée mondiale.

Quelques noms, que vous reconnaîtrez sûrement :

  • Ott Lepland (Estonie)
  • Nina Zilli (Italie)
  • Compact Disco (Hongrie)
  • Kaliopi (Macédoine)

Ensuite, prenons en exemples trois performances.

La Roumanie

Tout d’abord la Roumanie et son « groupe de roms », expression utilisée par Mireille Dumas, commentatrice inutile le temps de la soirée. Après quelques secondes d’attention, on se rend compte que la musique roumaine (« Zaleilah ») est un brassage d’influences insoupçonnées : des cornemuses irlandaises alliées à une rythmique latino-américaine. Personne ne s’en doutait, Mandinga l’a fait.

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L’Albanie

Gros boulot musical. Car Rona Nishliu est une chanteuse à double tranchant : physiquement, on croirait se retrouver lors des heures les plus sombres de la filmographie de Luc Besson, soit « Le cinquième élément »; vocalement, c’est digne d’une Lara Fabian qui aurait couché avec un loup-garou. Ça crie, ça hurle, ça fait tout sauf chanter juste. Au final, ça a le mérite de mettre toutes les oreilles d’accord : en hibernation.

On vous laisse admirer cette chanteuse qui devrait être rapidement diffusée sur nos ondes. Avec des craies qui crissent sur un tableau, le clip de  « Suus » est une belle métaphore de l’effet que peut avoir sa voix sur le genre humain.

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La Russie

Comme si un Spielberg bas de gamme était aux manettes, les russes ont joué leur va-tout : placer, sur scène, une bande de grands-mères hystériques accompagnées d’un four. Rien de plus simple pour constituer le décors du plus gros « WTF » du système solaire. Évidemment, nous ne parlerons pas du génie de la production russe, coutumière du fait.

« What’s the point ? »

Au-delà des résultats du concours, qui sont la somme des « télé-votes » (couplés aux SMS) d’européens écervelés prêts a dépenser pour leur folklore musical qui vient de muter en une techno outrageusement vulgaire, le champ de bataille est déprimant.

La Suède a gagné, oui. La France se retrouve derrière l’Azerbaïdjan et la Grèce, oui. Mais aucun vainqueur. Seulement une compétition où la musique a pris un coup de hache (le couteau étant un euphémisme) dans le dos.

La faute à un pays hôte qui n’a rien à faire dans ce genre de show international, épaulé par des pays qui n’ont pas daigné boycotter le concours (excepté l’Arménie). La faute à une compétition internationale qui est la honte de la musique dans tout ce qu’elle a d’exécrable : du play-back, un mélange des genres qui pourrait faire aimer le black métal à un détenu de Guantánamo, et une émission qui se fait le miroir publicitaire d’un pays aux mains d’un dictateur.

Ce soir, tout sonnait faux.

Merde, j’en viens à regretter les NRJ Music Awards.


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