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Regards croisés: Cindy Sherman (by Cécile, Stefania, Christelle)

Publié le 29 mai 2012 par Lifeproof @CcilLifeproof

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Entrée de l'exposition Cindy Sherman, MoMA, mai 2012. Photo : C.R.

Cécile

Quand j'étais en maîtrise (oui, oui, je sais, ça n'existe plus !), j'ai travaillé sur la question du masque et comment on peut se montrer tel que l'on est ou tel qu'on le souhaite, bref sur les idées de paraître et de se mettre en scène. Et c'est à ce moment-là que je me suis un peu plus intéressée au travail de Cindy Sherman. En effet, les mises en scène de soi en autant d'autres, voilà comment on peut qualifier son travail photographique. Elle se grime, se farde, devient quelqu'un d'autre, tout est minutieusement travaillé de telle façon à créer une ambiance, un tout cohérent afin que la mise en scène ne semble plus vraiment cela : elle joue avec nos sens nous présentant un monde où la vérité est altérée. Bienvenue au pays du simulacre où l'on ne sait jamais où est l'artiste ou si elle se montre un moment sous son vrai jour !

Récemment, j'ai vu une rétrospective que lui consacre le MoMA à New York, Ô joie ! Je ne sais pas ce que j'ai préféré dans cette expo, ses "revisitations" des icônes de l'histoire de l'art, ses clowns (drôles et pathétiques en même temps) ou encore ses premières photographies, les Untitled Film Stills dans lesquelles elle rejoue des scènes de films de série B. Dans la plupart de ses œuvres, j'ai trouvé quelque chose qui m'a interpellé et intéressé : on s'y perd, on a l'impression de ne pas la voir mais peut-être qu'en fait c'est dans la multitude des apparences qu'elle a choisi qu'on peut alors la saisir...

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Untitled Film Still #3 (1977). Photograph: Courtesy Sprüth Magers Berlin London and Metro Pictures. © Cindy Sherman

Stefania

Au centre de la démarche de Cindy Sherman il y a le thème de l’identité, qu’elle interprète et questionne à travers des mises en scène et des déguisements. Tout au long de son travail, structuré en séries de photographies, on remarque son attention pour les types humains, les attitudes des gens, leurs apparences et les stéréotypes, ces derniers liés notamment à la représentation de la femme.

C’est bien sûr plus particulièrement vrai dans la série d’autoportraits en noir et blanc de ses débuts (“Untitled Film Stills”, 1977-1980) distillant l’image de la femme, fermée dans les limites que la société lui impose. A tel point que les critiques ont attribué à Cindy Sherman une position féministe. Toutefois, le regard fuyant et hésitant de la protagoniste transmet un sentiment d’insécurité et de fragilité, loin des images classiques des stars du cinéma des années 1960.

Dans la série “Centerfolds”, commandée par le magazine d’art contemporain Artforum en 1981, il est encore question d’image de la femme renvoyée par les médias, cette fois il s’agit des magazines en papier glacé. Les prises de vue très rapprochées et les positions allongées des femmes portraiturées, sur un format horizontal de deux pages, nous font penser aux publicités glamours des revues de mode, où la femme n’est qu’un “outil” pour vendre des marchandises, et elle devient, par ce processus, une marchandise elle-même.

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Cindy Sherman,Sans titre nº 153, 1985


Christelle

C’est donc à la fin des années 1970 que Cindy Sherman commence à se faire connaitre. Au même moment le nouveau medium utilisé par les artistes contemporains qu’est la performance bat son plein. Corps et photographie deviennent alors indissociables, la seconde étant la preuve du premier. En effet, les seules traces que nous ayons des performances, ce sont ces images. La photographie est utilisée dans un but documentaire. Il est intéressant de noter que Cindy Sherman va adopter la démarche inverse. Elle va bien sûr continuellement se mettre en scène, et en cela, sont travail est proche de la performance mais contrairement aux performers Cindy Sherman est avant tout une photographe et ses images ne sont pas des preuves mais de véritables photographies artistiques. Le lien entre son travail et celui des artistes pratiquant la performance se trouve sans doute aussi dans la préparation et la mise en scène que nécessitent les photos de cette photographe et de nombreuses performances. Ce point de vue historique nous permet, je l’espère, d’éclairer d’une autre manière le travail de cette éminente artiste de l’art contemporain.


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