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Claude Guéant trop « BBR »

Publié le 29 mai 2012 par Kamizole

Cela n’a rien de bien surprenant. Comme pour un certain nombre d’UMP, je me demande depuis déjà longtemps ce qui le sépare du Front national. Je me garderais bien de revenir sur la chronique de l’ensemble de son œuvre sur le sujet, ce qui me prendrait bien trop de temps. Toujours est-il que Marine le Pen l’accueillerait sans nul doute avec grand plaisir. Pour les personnes qui ne connaîtraient pas cette abréviation , « BBR » est la traduction lepéniste du drapeau tricolore.

Je précise afin que l’on ne me fît point une fois de plus un mauvais procès que je suis patriote - mais non nationaliste et moins encore xénophobe et raciste - je suis fière d’être française (sans renier pour autant ma part écossaise) et respecte aussi bien le drapeau français que la Marseillaise. Je pense depuis longtemps qu’il ne faut pas laisser au FN et fachos en général les emblèmes de la République française. Mes parents furent des résistants de la première heure et se sont battus contre ceux qui les voulaient interdire. Le Régime de Vichy aussi bien que l’occupant nazi.

Or donc, selon Le Monde la profession de foi de Claude Guéant pour les législatives a été retoquée (23 mai 2012) par la commission de propagande, siégeant la veille à la sous-préfecture d’Antony pour vérifier la validité des bulletins de vote et la légalité des professions de foi des candidats à ce scrutin dans les Hauts-de-Seine. Le Point précise que Claude Guéant est prié de changer de cravate sur une photo de sa profession de foi (22 mai 2012).

En effet, il arborait une cravate rouge dont les motifs étaient bleus et jaunes ce qui pouvait faire penser au bleu, blanc, rouge, en contradiction avec le Code électoral qui l’interdit afin que nul candidature ne puisse paraître « officielle ».

Je trouve quand même cela surprenant de la part de Claude Guéant qui fut non seulement préfet mais également ministre de l’Intérieur - après avoir été le principal collaborateur de Nicolas Sarkozy dans ce même ministère. Dans tous ces emplois il avait forcément connaissance des dispositions du Code électoral et en surveillait le strict respect de la validité et la légalité. Il est de surcroît licencié en droit (Wikipedia). Mais doit s’asseoir sur la loi à l’instar de Nicolas Sarkozy.

D’autant que sur Le Point Aziz Zemouri rappelle fort opportunément que Claude Guéant s’était illustré au début de l’année par une - prétendue - fausse lettre de Guéant aux habitants de Boulogne-Billancourt dans laquelle le ministre de l’Intérieur exposait longuement les motivations de sa candidature - et qui plus est sur un papier à l’en-tête du ministère ! - et adressée en même temps qu’un courrier de Pierre-Christophe Baquet, maire et député sortant informant ses administrés qu’il ne se représenterait pas et soutenait la candidature de Claude Guéant…

Ensuite de quoi les services de la place Beauvau ont prétendu qu’il s’agissait d’une bourde de Baquet… C’est ça, oui ! Il n’a pu inventer la lettre de Guéant qui lui a forcément été adressée par l’intéressé ou le ministère. Si cela n’avait pas provoqué un nouveau scandale, ce serait passé comme lettre à la poste, c’est bien le cas de le dire.

 D’autant qu’un article de 20 minutes précisait que cette fausse lettre de Claude Guéant créait un imbroglio à Boulogne (5 janv. 2012) dans la mesure où « cela pourrait apparaître comme une utilisation des moyens de l’Etat pour faire campagne, ce qui est contraire aux règles électorales. Dans ce cas, n'importe lequel des candidats à Boulogne pourrait saisir le Conseil d'État et invalider l'élection » le code électoral - décidément Guéant est fâché avec ! - interdisant « toute propagande électorale appuyée d'une entête d'une personne morale, comme une collectivité ou un ministère, si celle-ci influence le résultat du scrutin ». D’où l’inquiétude du ministère, obligé de prétendre n’être pas à l’origine de l’envoi… démenti qui n’abusera personne.

Candidature victime d’un tir de missive selon le titre ironique de Gaétan Supertino (L’Express 6 janv. 2012) selon lequel il s’agirait d’un communiqué de Claude Guéant transmis à l’AFP - sur papier à entête du ministère ? Est-ce bien légal ? - dont Pierre-Christophe Baquet affirme que « M. Guéant était parfaitement au courant que j'allais envoyer ce courrier. J'avais son aval car il n'y avait aucun problème juridique »… Ce qui resterait à prouver au demeurant quand bien même arguerait-il « être blindé au niveau du droit électoral » ajoutant « Nous n’avons aucun problème juridique (…) je peux vous transmettre les résultats des consultations de nos avocats si vous le souhaitez »… Chiche ! S’ils sont aussi bons juristes que Sarkozy et Guéant, poilade garantie.

Je constate au demeurant qu'il nous enfume car selon ce que rappor-tait Roberto Cristofoli dans Le Parisien Législative. La vraie-fausse lettre de Guéant (6 janvier 2012) Pierre-Christophe Baquet affirmait « Ce n'est pas un courrier mais le fac-similé d'un document public ». Pour en dépouiller un certain nombre, il m'étonnerait que les agences de presse transmettent tel quel  l'original des communiqués qui leur sont adressés, donc l'en-tête du ministère de l'Intérieur n'avait rien de public...

Nous n’avons d’ailleurs sans doute pas fini d’entendre parler de l’élection législative à Boulogne-Billancourt puisque le « parachu-tage » de Claude Guéant est contesté par Thierry Solère, élu au conseil municipal de Boulogne-Billancourt et par ailleurs vice-président UMP du conseil général des Hauts-de-Seine, lequel entend bien maintenir sa candidature et dénonce « une pratique d'un autre âge » selon ce que je lus sur l’article de Jim Jarrassé Législatives : premier couac dans la campagne de Guéant (Le Figaro 5 janv. 2012). Titre qui laisserait supposer qu’il y en aurait d’autres…

:)

Dans un communiqué de l'AFP repris par L'Express Thierry Solère: "Le parachutage de Guéant à Boulogne est une erreur"  (2 janv. 2012) Jacques Demarthon ne manque pas de rappeler comment David Martinon - ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée que celui-ci voulut imposer en 2008 comme candidat à la mairie de Neuilly-sur-Seine - avait dû se retirer après un début de campagne particuliè-rement calamiteux, les militants et sympathisants de l’UMP ayant tellement apprécié ce parachutage qu’ils l’avaient accueilli par un « Martinon : Non ! Non ! Non ! ».

Pour la rime, ce pourrait-être « Guéant : Nan ! Nan ! Nan ! ». Pur nanan, quoi !


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