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Interview #4 : Dj Oil | Black Notes (Discograph)

Publié le 30 mai 2012 par Splash My Sound @splashmysound

Interview #4 : Dj Oil | Black Notes (Discograph)

A l’occasion de la sortie officielle et complète de « Black Notes » ce Mercredi 30 Mai, nous avons rencontré DJ Oil chez son label, Discograph, à Paris. Couleurs au pluriel, l’ex DJ marseillais des Troublemakers sort son premier et nouvel album solo. Aux épices et parfums multiples, DJ Oil c’est un doux mélange d’électro, de house, de jazz, de groove, de slam, de funk, limite inclassable tellement les influences sont variées.


Cet opus pourrait se targuer d’être un diamant brut puisque premier. Lionel Corsini se balade un peu partout depuis plusieurs années, que ce soit investit dans des projets collaboratifs ou via l’ancienne formation des Troublemakers, et cela s’entend. L’oreille nue se découvre ethnique et moderne, entre saveurs d’antan et énergies du groove. Des basses enchanteresses, une flûte merveilleuse, des voix au langage tellement universel qu’aucune traduction n’est nécessaire, le voyage débute dès les premières notes du titre éponyme et atteint directement le cœur de ta fibre émotionnelle. Construit comme une trame cinématographique avec une ribambelle d’images explosant dans tes synapses, l’art du mix est inspiré et méthodique.

Les déambulations m’ont permis de découvrir pas mal de musiques différentes et d’instruments aussi.

Interview #4 : Dj Oil | Black Notes (Discograph)Avantage de notre casquette Splashifiée, nous avons pu écouter ce très bel album avant la rencontre avec Lionel. C’est donc le casque sur les oreilles et de bon train que je me rendis à ce rendez-vous fixé en milieu d’après-midi au cœur de Paris, dans les bureaux du label Discograph. Transports urbains, visages fermés, pollution, « Black Notes » a fonctionné tel un catalyseur de bonnes vibes, hermétique au monde plastique environnant, l’onirisme et l’évasion ont fait basculer les repères basiques du quotidien. Les belles signatures du passé de DJ Oil trouvent une continuité certaine dans cette édition solitaire. Solitaire mais pas tant que ça, nombres de featurings et de musiciens apposent leurs pattes artistiques et soutiennent la créativité de Lionel. 11 titres avec Magic Malik, Nasser Soltani, Bernard Menu, Kwela de Johannesbourg, Blackalicious, Sam Karpiena, Franck Mangogwa, et plus encore, l’écriture et la réalisation de DJ Oil se sont exprimées via des rencontres et des amitiés. La prise de mic de Dj Oil pendant cet entretien fut chaleureuse et ouverte, au rythme d’une discussion relatant expériences, rencontres et créations.

Signé chez le label Discograph, « Black Notes » est d’ors-et-déjà disponible et à l’écoute sur Black Notes - DJ Oil.

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** RENCONTRE AVEC DJ OIL – Interview #4 pour Splash My Sound **

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Aurore – SMS – Branchement microphone - ET C’EST PARTI , SALUT DJ OIL ! ALORS, POUR COMMENCER, SI TU DEVAIS TE PRÉSENTER POUR LES GENS QUI NE TE CONNAISSENT PAS. QUI ES-TU DJ OIL ? PETITE FICHE SIGNALÉTIQUE ?

DJ Oil - Alors, bonjour ! Je suis DJ Oil, je m’appelle Lionel Corsini, je vis à Marseille. Je suis Dj depuis l’âge de 15 ans et fais de la musique depuis une quinzaine d’années. En Dj, je joue du jazz des années 60 à la musique Techno des années 90, House aussi, mais techno, jungle etc. - Interruption, arrivée des sushis, proposition d’un café – Je vais manger un petit bout, mon train est dans ¾ d’heure, ça va pour toi ?

OUI, OUI, PAS DE PROBLÈME - arrivée du café !

Donc… Mon premier album date de 1999, sorti avec les Troublemakers, le 2ème ensemble c’était en 2004 sur Blue Note (label jazz, NDLR). Là c’est mon premier album solo.

A 17 ans j’intégrais un club appelé le Trolley Bus à Marseille où j’ai été résident pendant 6 ans (…)

QUAND TU DIS QUE TU AS DÉBUTÉ A 15 ANS, COMMENT AS-TU VRAIMENT COMMENCE ? TES PREMIÈRES PLATINES C’ETAIENT QUAND ?

Premières platines, premières soirées… Depuis l’âge de 13 ans j’organisais déjà des petits trucs et puis après à partir de 15 ans j’ai commencé à faire des soirées un peu plus grosses. A 17 ans j’intégrais un club appelé le Trolley Bus à Marseille où j’ai été résident pendant 6 ans dans une partie du club, La Cave à Jazz ou Les Terminus. Donc voilà, c’est comme ça que j’ai commencé à faire mes gammes. Après, j’ai eu naturellement envie de faire de la musique, j’ai eu envie de jouer des trucs que je faisais moi-même.

ET TON PÈRE, IL ÉTAIT DJ ALORS, OU PAS DU TOUT ?

Mon père mettait des disques tous les dimanches dans un club. Oui, il aimait passer des disques pour ses potes le dimanche mais c’est surtout un gros collectionneur de disques, comme moi quoi !

PLUTÔT JAZZ LE PAPA ?

Oui jazz, mais non non très rythmé aussi, Disco, Rythm n’Blues, Funk, etc. Une culture de la musique black. Et ma mère plutôt musiques françaises, Gainsbourg, Brassens, tout ça quoi, Brel… J’ai été à bonne école !

AH, OUI BON PROGRAMME. MOI J’AI BAIGNE DANS LES BEATLES, ROLLING STONES, PINK FLOYD…

Mes parents n’étaient pas trop rock. Plutôt musiques black, clairement. Mais j’ai découvert tout ça tout seul, après, en fait.

OK, ET DONC FRED BERTHET ET ARNAUD TAILLEFER, TU PEUX NOUS EN DIRE QUOI ?

C’est les 2 Troublemakers avec qui j’ai fait le premier album, et le 2ème était juste avec Arnaud Taillefer. Voilà on s’est séparé avec Fred, après on a eu pas mal de problèmes juridiques avec Blue Note, label etc.

C’EST POUR ÇA QUE TON ALBUM SE NOMME BLACK NOTES ? EN RÉFÉRENCE A CES SOUCIS JURIDIQUES ?

Euh ouais c’est pour ça aussi. Il y a un côté pas mal autobiographique également. J’ai pas mal galéré ces dernières années, mais entre-temps je suis parti 4 années en Afrique faire des résidences avec des musiciens, donc du coup, ça se rejoint un petit peu. Les carnets noirs, les notes noires d’un piano, qui sont les plus graves en fait.

ET DU COUP, DEPUIS, FRED A QUITTE LA FORMATION TROUBLEMAKERS. VOUS VOUS VOYEZ ENCORE ?

Depuis, depuis… Fred n’a pas quitté, il s’est fait virer, tout simplement. Enfin, non pas viré, mais on lui a dit qu’on ne pouvait plus travailler avec lui. Il était contractuellement engagé avec nous sur l’album de Blue Note, et il n’est pas du tout venu travailler. Donc on ne voyait pas l’intérêt de continuer à travailler ensemble. Comme toute séparation, ça s’est passé difficilement et en même temps c’était inévitable puisqu’on partait en tournée. On ne pouvait pas partir en live avec quelqu’un qui n’avait pas travaillé sur le disque. Et qui avait encaissé autant d’argent que nous, qui avait signé les titres comme nous, et puis on est des gens assez honnêtes et plutôt respectueux, donc bon, voilà. Et entre nous 3 aussi, forcément.

J’ai passé une année sur le mixage du disque parce que c’est autant important pour moi la composition que le son. J’ai eu la chance de pouvoir passer beaucoup de temps sur cette étape.

TU SORS TON NOUVEL ALBUM « BLACK NOTES » AU 30 MAI PROCHAIN (MERCREDI), COMMENT T’ES VENU L’ÉLABORATION DE CE PROJET ? TU L’AS CRÉÉ PETIT-A-PETIT EN FONCTION DE TES DÉAMBULATIONS ?

Non, pas du tout en faite. Les déambulations m’ont permis de découvrir pas mal de musiques différentes et d’instruments aussi, après je n’ai rien enregistré en Afrique, il n’y a pas véritablement de musiciens africains dans l’album, à part le emcee de Johannesburg, PO Box, sinon c’est que des musiciens d’ici. Les chants sont en occitan, la langue méditerranéenne. Du coup, j’ai fait des maquettes avec des samples et des enregistrements faits à droite, à gauche, puis je fais écouter à des musiciens, j’enregistre, etc. En faite, c’est sans cesse des couches et des couches ajoutées, pour arriver à une structure complète. J’essaie de marier les pistes entres elles et de trouver aussi des points de rupture à l’intérieur des morceaux. J’ai passé une année sur le mixage du disque parce que c’est autant important pour moi la composition que le son. J’ai eu la chance de pouvoir passer beaucoup de temps sur cette étape.

MAIS DU COUP T’AS TON PROPRE STUDIO ?

Chez moi ! Un vrai home studio, petit home studio. Tout est fait à la maison. Beaucoup de prises de sons ont été faites chez moi. Les musiciens viennent et on enregistre. Sauf pour les américains où ils m’ont envoyé les fichiers, on s’est rencontré avant physiquement une fois ou 2, mais pas pour enregistrer le boulot.

MAGIC MALIK NOUS ENCHANTE AVEC SA MAGNIFIQUE FLUTE A L’ÉCOUTE DE L’ALBUM, IL A ÉGALEMENT POSÉ SA VOIX, DIS-NOUS EN PLUS.

Ouais, ouais, sur 2 morceaux Charlie C. et Ingrid Tapes. C’est le meilleur flûtiste du monde mais aussi une des plus belles voix en France. Et personne ne l’exploite ! Lui, il aimerait bien chanter plus souvent, du coup on en a profité pour le faire.

EN RECHERCHE DE COLLABORATIONS ?

Oui ! Enfin, non, non, je ne suis pas « à la recherche », en faite toujours à la recherche de gens qui m’intéressent et qui peuvent apporter quelque chose à des prods que je peux faire. Je sors beaucoup, je vais voir beaucoup de concerts, j’essaie aussi d’écouter pas mal de nouveautés, je me tiens au courant. Après, c’est toujours une histoire de business et de relationnel. Avec Malik ce qui est bien c’est qu’on est vraiment des amis avant d’être des partenaires en musique. 10 ans qu’on travaille ensemble, on a commencé à faire des scènes ensemble, moi aux platines, lui à la flûte, et pour les prods quand je l’appelais, il était super content qu’on avance ensemble quoi. Je jouais avec lui encore hier soir sur France Inter !

LA BASSE EST AUSSI MERVEILLEUSEMENT MENÉE, LE GROOVE DE L’ALBUM EN EST ENCORE PLUS DÉCUPLÉ. C’EST QUI LES BASSISTES ?

Il y a Bernard Menu, un bassiste de chez moi, de Marseille. Après, il y en a beaucoup qui sont faites par moi aussi, et une ou 2 pistes faites par un bassiste sud-africain que j’avais enregistré en Angola quand on était en résidence ensemble. C’est important la basse, c’est pour moi un des fondements de la musique. C’est pour moi l’instrument le plus important dans la musique pour de vrai.

PARLONS UN PEU DES AUTRES FEATURINGS, ON A GIFT OF GAB DE BLACKALICIOUS, REGGIE GIBSON, MAGIC MALIK, SAM KARPIENIA, PO BOX, TU PEUX NOUS LES PRÉSENTER UN PEU ?

Reggie Gibson est un slammer de Chicago, qui a notamment écrit des paroles pour Mos Def. Je travaille avec lui également depuis pas mal de temps, et il sera aussi sur le prochain disque. Je bosserai avec lui encore plus étroitement à l’avenir.

UN PROCHAIN DISQUE ? C’EST PRÉVU POUR QUAND ??

Je ne sais pas hehe. Celui-là, il a mis 2 ans à sortir. Je ne sais pas mais pas du tout ! Je vais essayer de le terminer pour décembre et après, on verra. J’ai déjà celui-là qui sort chez Discograph, après pour le prochain je n’ai encore rien de prévu quoi.

ET COMMENT ON SE RETROUVE A FAIRE DES COLLAB AVEC LE PAROLIER DE MOS DEF ?

Par Internet et parce que j’écoute aussi beaucoup de trucs. J’avais découvert un cd avec une sorte de compétition de slam aux Etats-Unis. J’avais repéré par chance que c’était Reggie Gibson derrière, j’ai fait des recherches sur Internet et on s’est contacté. Tout simplement. Il y a quand même des bons côtés au web, et pas que des mauvais !

PAS QUE, OUI ! EN PARLANT DU WEB, J’AI JUSTEMENT VU TON AUTRE PROJET « ASHES TO MACHINES ».

Ça c’est mon projet africain ! Avec Jeff Sharell, le coordinateur. On travaille avec 10 musiciens par pays, où on se retrouve en résidence. On construit avec eux un répertoire de morceaux et on les joue en live à la fin de la semaine concernée dans une salle de concert, en plein air ou dans un festival. Le principe est celui-là. Des trucs de vagabonds quoi ! Mais en même temps, il n’y a pas de pilier discographique, c’est vraiment juste pour la rencontre et faire de la musique avec des gens que je ne connais pas, en Afrique mais aussi en Amérique Centrale, Honduras, Guatemala, Nicaragua, et là je pars en Équateur en Octobre. On a fait 40 pays comme ça, c’est un super projet.

Dès qu’on me demande de jouer avec d’autres gens, faire des rencontres atypiques et humaines, ça me branche quoi.

OK, DONC ÇA CONTINUE ENCORE ALORS « ASHES TO MACHINES » ?!

Bah là j’avais un peu arrêté car j’ai une petite fille. Elle est grande maintenant, elle va avoir 3 ans, donc je peux repartir. Dès qu’on me demande de jouer avec d’autres gens, faire des rencontres atypiques et humaines, ça me branche quoi. Les musiciens sont à chaque fois des locaux. Par exemple, en Équateur, il y a 7 musiciens du coin, 1 musicien pour 7 provinces représentées, on va jouer dans chaque ville de chaque musicien avec ce projet-là. C’est vraiment super de pouvoir montrer son travail dans sa région, et nous on rencontre des gens vraiment différents avec des musiques différentes. Le vrai challenge étant de les faire jouer ensemble.

LA SCENOGRAPHIE DU LIVE BLACK NOTES EXPÉRIENCE, C’EST TON FRÈRE BRUNO DERRIÈRE?

Oui, tout à fait. Il a un site Internet qui s’appelle leclairageur.com. Faut aller y faire un tour, il y a tout son travail graphique. Il travaille autant avec Catherine Ringer, I Am, Justice, etc. Là la tournée Justice, c’est lui, il fait aussi des vidéo clips pour moi et d’autres.

AU NIVEAU DE LA CONCEPTION DE LA SCENO, TU AS ORIENTE CERTAINES CHOSES ?

C’est tout lui ! Il a fait participer 8 graphistes. Pour chaque morceau, 1 graphiste différent. Le résultat est une interaction constante entre la musique et les images, tout est calé avant, les sons déclenchent les images, ça rend super bien.

APRÈS LA SORTIE DE « BLACK NOTES », C’EST QUOI LES PROJETS IMMÉDIATS ?

Faire un maximum de dates, tourner en live le plus possible. Par pur plaisir et faire que les gens se rendent en magasin acheter hein.

S’IL Y AVAIT UNE DATE QUI TE TIENT PARTICULIÈREMENT A CŒUR ?

Non, pas forcément… Bah par exemple, je vais jouer début juillet à Calvi On The Rocks, sur la plage pendant 4h, ça c’est plutôt cool, dans un parc à Istanbul aussi dans une dizaine de jours, le genre de dates qui me tient à cœur car je sais que je vais passer un bon moment, vais pouvoir jouer 4/5h, c’est vraiment ce qui me plait le plus, faire de longs sets.

UN ALBUM INCONTOURNABLE, CULTE, ADORÉ ?

Je dirais, à cette interview en tout cas, « Innervisions » (1973) de Steevie Wonder.

RIEN DE NE SE PRÉPARE AVEC LE RESTE DES TROUBLEMAKERS ?

Non, j’en ai aucune envie ! Enfin, peut-être hein ! Avec Arnaud, on se voit un peu de temps en temps, on discute et tout et tout. Mais bon, je ne sais pas si j’en ai envie maintenant que j’ai gouté aux joies de faire de la musique tout seul, je ne sais pas si j’ai envie de me remettre à travailler en couple hein. C’est tellement différent.

BON, ET BIEN JE TE REMERCIE MONSIEUR DJ OIL !

De rien, de rien, tu vois je mange c’est pas très poli !

JE T’EN PRIE, IL N’EST QUE 16H !

J’ai une faim… Je n’ai pas mangé depuis ce matin 9h00 !!

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  • 31MAI/4 JUIN ISTANBUL
  • 8 JUIN PARIS NUITS PHOTOGRAPHIQUES
  • 22 JUIN BORDEAUX I BOAT
  • 28 JUIN MARSEILLE FESTIVAL ROCK ISLAND
  • 29 JUIN LAUSANNE FESTIVAL TRANSAT
  • 1ER JUILLET BORDERLINE EN BATEAU
  • 16/31 octobre avec Ashes to Machines en EQUATEUR

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